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100 jours bientôt...

14 février 2025, 05:08

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Trois mois ont passé. Cent jours de pouvoir. Et déjà, l’ivresse de la victoire laisse place à la réalité terrible du pays. L’héritage est lourd, l’économie vacille, et la démocratie peine à reprendre son souffle. On promettait un retour aux principes. Il ne faut pas se retrouver face aux mêmes habitudes d’hier qui nous ont menés là, précisément, où nous sommes.

D’abord, l’économie. Le gouverneur de la Banque de Maurice (BoM) a brisé le silence. La politique monétaire du précédent régime était dictée «par des intérêts politiques, non économiques». L’excès de liquidités – Rs 150 milliards injectées sans retenue – a nourri l’inflation, affaibli la roupie, creusé le déficit commercial. En trois mois, la BoM a tenté de rétablir l’ordre : hausse du taux directeur, réduction des liquidités, stabilisation relative de la roupie. Mais le mal est profond. L’endettement public est colossal. L’inflation, bien que contenue, reste un fardeau pour les ménages.

Un redressement s’impose. Mais le gouvernement, après avoir dénoncé la gabegie, semble hésiter à prendre des mesures impopulaires. Un budget d’austérité paraît pourtant inévitable. Cependant, on temporise. On parle d’efficacité, mais le cabinet reste pléthorique. On évoque la rigueur, mais certaines vieilles pratiques persistent. Combien de temps encore avant d’admettre que le pays ne peut plus se payer le luxe des postes inutiles et des dépenses somptuaires?

Ensuite, la démocratie. On nous assure que l’ère de l’espionnage téléphonique est révolue. Que les municipales, trois fois en dix ans repoussées, auront enfin lieu dans quatre mois. Mais dans le même souffle, on nomme quelques proches, sans l’appel à candidatures tant promis. Un népotisme feutré, habillé de bonnes intentions. Et que dire des promesses de réforme ? La loi sur le financement politique, après la bourde relative aux dépenses électorales de trois ministres et d’autres députés tant de l’opposition que de la majorité, dont le sort réside entre les mains d’un DPP aux pouvoirs revigorés. Le scandale des dépenses électorales illustre cette hypocrisie. Une bourde ? Non, une vérité que tout le monde connaît mais feint d’ignorer. À chaque élection, les chiffres déclarés sont une mascarade. L’argent sale circule, alimente les campagnes, achète le silence. Qui osera s’y attaquer ?

La démocratie ne se limite pas à organiser des élections. Elle exige des institutions solides, un État de droit respecté, une indépendance réelle des contre-pouvoirs. Or, les nominations partisanes gangrènent les structures publiques. La Commission électorale, censée veiller à l’intégrité des scrutins, ferme les yeux. La justice, prudente, évite les confrontations. La presse, pourtant vigie essentielle, fait face à des pressions constantes.

La vérité, c’est que Maurice n’a jamais retrouvé pleinement sa démocratie. Les classements internationaux l’ont confirmé : déclin des libertés, affaiblissement des contre-pouvoirs, montée de l’autoritarisme déguisé. Certes, le gouvernement actuel n’est pas responsable de cette dérive. Mais il doit œuvrer pour l’arrêter.

Le pays attendait une vision. Il a eu un sursis. Il attendait une refonte. Il a eu des ajustements. Les choses vont-elles évoluer après les 100 jours, dans le sillage du budget d’austérité qui doit être concocté surtout si Donald Trump prolonge ses coupes budgétaires jusqu’au deal Chagos...

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La Banque mondiale l’affirme : la croissance mondiale se stabilise à 2,7 % en 2025 et 2026. Un équilibre fragile, suspendu entre prudence et incertitude. Dans les pays à faible revenu, l’économie reprend son souffle après une année de maigre croissance. De 3,6 % en 2024, elle bondit à 5,8 % en moyenne sur les deux années suivantes. Un réveil attendu, mais précaire.

Les grandes puissances, elles, avancent à pas mesurés. Une progression modeste, 1,8 % seulement, reflet d’un monde où la prudence l’emporte sur l’audace. Maurice, petite île ballottée par les vents de l’économie mondiale, suit sa propre trajectoire. La Banque mondiale voit l’île croître de 5,6 % en 2024, défiant les prévisions plus prudentes de Statistics Mauritius. Mais derrière cette embellie, une décélération s’annonce. En 2025 et 2026, la croissance ralentira, se rapprochant de son rythme naturel, autour de 4 %. Un retour à la normale qui rappelle que l’économie mauricienne, malgré ses soubresauts, n’échappe pas aux lois du temps.

Les moteurs de la croissance se précisent. La BoM, au sortir de sa dernière réunion du Comité de politique monétaire, observe une reprise à plusieurs visages. La construction d’abord, pierre angulaire du paysage économique, façonne de nouveaux horizons. Le tourisme ensuite, toujours aussi vital, où les hôtels refont leurs comptes après des saisons agitées. Le commerce et les services financiers ferment la marche, tissant une économie où chacun se cherche.

Mais si l’offre s’organise, c’est surtout la demande qui donne le tempo. Les Mauriciens consomment, investissent. L’appétit est là, et avec lui, la promesse d’une croissance encore soutenue en 2025. Entre 3,5 % et 4 %, projette la BoM.

Le monde entier observe un même phénomène. L’inflation, qui a rongé tant d’économies ces dernières années, reflue lentement. Moins de tensions sur l’énergie, une chaîne d’approvisionnement qui respire enfin, et l’effet tardif des politiques monétaires sévères. En 2025-2026, la Banque mondiale prévoit une inflation moyenne de 2,7 %, ramenée aux objectifs des grandes puissances économiques.

Dans ce décor apaisé, le commerce mondial reprend des couleurs. Après une progression timide en 2023, l’année 2024 affiche un rebond à 2,7 %. La tendance devrait se confirmer, avec une hausse prévue de 3,1 % en 2025 et 3,2 % en 2026. Une respiration nécessaire dans un monde encore marqué par les turbulences des années passées.

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