Pas question de vous saturer avec les chiffres affolants sur l’état de notre économie. Nous avons été bernés par de faux PIB et de faux taux de croissance. Certains ont croqué des millions avec la bénédiction de la Banque de Maurice (BoM). Avant les élections nous avions des doutes. Maintenant les vrais chiffres s’étalent devant nos yeux écarquillés.

La première des causes est le népotisme, soit la famille dans le sens le plus large du terme, et les amis proches. Sans considération de mérite. Il s’agit aussi de capter l’argent public au détriment d’institutions publiques. Le tout facilité par des nominations politiques à la tête des conseils d’administration.

Dettes massives

L’argent a été mal géré ou gaspillé. Metro Express Ltd emprunte Rs 17,2 milliards et souffre d’un déficit annuel de Rs 2,1 milliards pour les dix prochaines années. À coups de milliards, il en va de même pour la State Trading Corporation, la Wastewater Management Authority, les Casinos de Maurice, la Mauritius Post Ltd, le National Property Fund et le fleuron de notre île, Air Mauritius, déclaré carrément «insolvable». Ce n’est pas un crash mais un… krach.

Le cas le plus flagrant saute aux yeux de Rama Sithanen, chargé d’établir un audit de nos finances, notamment de la Mauritius Investment Corporation (MIC). Selon ses propres termes, un «clear case of defrauding public funds». C’est l’affaire de la Silver Bank avec la complicité de la BoM. Faillite de 67 % due à des prêts de Rs 8,3 milliards de fonds à Prateek Gupta. Le tout, par l’entremise de Pulse Analytics (bras armé du MSM) où œuvre son épouse. Un détournement de Rs 47 millions provenant de la MIC la veille des élections. Sauve qui peut. C’est Titanesque. Le lien familial entre Padayachy et Gupta aurait permis à ce dernier de siphonner Rs 8,3 milliards sans contrepartie. Un «lost case» pour Sithanen, une grande partie de cet argent ayant déjà quitté le pays. «Tou inn pas vit vit.» Bye bye !

Le CEO de la MIC a été interpellé par la police. Un ordre d’arrest on arrival a été émis à l’encontre de l’ex-gouverneur de la BoM, Harvesh Seegolam. Ce type de transaction, insiste Sithanen, ne relève pas de la BoM.

Les hauts fonctionnaires

Nous voulons tout simplement poser quelques questions naïves, qui doivent traverser l’esprit de tout citoyen. Comment tout ce jeu d’écriture et ces détournements ont pu être effectués au nez et à la barbe de tout le monde. C’est Ocean’s Eleven, avec George Clooney et Brad Pitt à la manœuvre.

Un ministre n’agit pas tout seul. Il est entouré de hauts fonctionnaires qualifiés et compétents, qui doivent l’épauler, lui prodiguer des conseils et le mettre en garde s’il dépasse des lignes rouges. Ces hauts fonctionnaires ne pouvaient pas tout ignorer de ce tripatouillage des fonds publics. La BoM n’a pas hésité à décaisser ces sommes colossales (et sales aux… cols). Le gouverneur de la BoM est lui aussi entouré de hauts conseillers, voire d’économistes chevronnés. Eux aussi n’ont pas vu qu’il brûlait le feu rouge.

Quand et qui ?

Le nouveau gouvernement a déclaré qu’il ne pratiquerait pas de chasse aux sorcières. Soit. Mais il a aussitôt rajouté que certains devront rendre des comptes. Jusqu’où le pouvoir actuel élu par un 60-0 compte-t-il remonter dans la hiérarchie ? La majorité des électeurs, qui lui a confié les clés du pouvoir, attend qu’il agisse promptement en retour, au sujet de ces fraudes. Qui sera poursuivi quand ces «affaires» seront prises sur le fond ? Personne ne devrait être épargné en raison de liens familiaux ou d’appartenance à telle ou telle loge de la franc-maçonnerie. La loi doit s’appliquer à tous sans distinction.

Certains hauts fonctionnaires auraient-ils subi des pressions ? Ou alors conclure qu’accun d’entre eux, absolument personne, n’était au courant de ces «étranges affaires», aurait dit un certain Gaëtan Duval. Alors tout ce prêchi prêcha sur la bonne gouvernance n’était que de la fumisterie ? Le bon peuple n’attendra pas trop longtemps le bon vouloir de ceux qu’il a élus. Il attend qu’on soumette dans des délais respectables toutes ces infractions à la justice.

Punaise…

Prenons deux autres cas relevant de la Santé. Un ministre a voulu rendre une visite à l’hôpital Candos. Il a été accueilli par des rats près du dépotoir et par quelques chiens errants. Accueil très… hospitalier. Mais ce fut le bouquet quand il visita l’une des salles. La qualité du matelas l’attire. Il en soulève deux ou trois pour découvrir un élevage de punaises de lit, des petits vampires agglutinés. Thriller ! Il demande alors à faire brûler ces matelas qu’il promet de faire remplacer.

Mais il y a mieux dans le domaine de la technologie de pointe. Tout le monde a applaudi quand on a annoncé qu’on aurait sous peu un établissement spécialisé en oncologie (recherche et traitement du cancer). Le nouveau ministre se fait une joie de rendre une visite à ce bijou. Or, les équipements rutilants n’ont jamais été utilisés. Ce matériel haut de gamme traîne dans les couloirs. Des millions qui… dorment.

Des escrocs, nous pouvons passer aux faussaires. Toutes les données de Statistics Mauritius, organisme pourtant indépendant, sont fausses. Chiffres de croissance gonflés, recettes surestimées, taux d’inflation manipulés… Des chiffres truqués sur lesquels les directeurs devront s’expliquer. In fine, la dette publique qui s’élevait à 60 % en 2014 dépasse maintenant les 80 %. Chouette non ?

Pour renflouer notre économie, le gouvernement va devoir tendre la sébile (dimann sarite) à des institutions internationales telles le FMI, la Banque mondiale et des pays amis. Comment leur présenter les chiffres falsifiés de Statistics Mauritius ? On va passer pour des rigolos qui n’inspirent pas confiance et, sans confiance, l’avenir s’assombrit.

Marday pa kit zot!