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Private Notice Question

Ajay Gunness : «Le secteur de la construction redeviendra un moteur de croissance»

21 juin 2025, 07:00

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Ajay Gunness : «Le secteur de la construction redeviendra un moteur de croissance»

La séance parlementaire d’hier a été marquée par la Private Notice Question (PNQ) du leader de l’opposition Joe Lesjongard, adressée au ministre des Infrastructures nationales, Ajay Gunness. Cette interpellation portait sur le secteur de la construction. Pour la première fois, une PNQ s’est déroulée sous la présidence du Deputy Speaker, Veda Balamoody, dans une ambiance tendue.

Joe Lesjongard a voulu obtenir des précisions sur trois aspects fondamentaux : le nombre d’entreprises de construction actuellement enregistrées auprès de la Construction Industry Authority (CIA), les prévisions de croissance du secteur pour les cinq prochaines années, ainsi que la stratégie envisagée pour accompagner et renforcer cette croissance.

Dans sa réponse, Ajay Gunness a d’abord rappelé que l’industrie de la construction est un secteur dynamique, qui englobe les bâtiments, les routes, les ponts, les drains et les barrages. Il a indiqué que le secteur comprend actuellement 36 grandes entreprises, 1 463 petites entreprises, ainsi que deux sous-catégories de contracteurs moyens : 31 de catégorie 1 et 362 de catégorie 2. Il a précisé que la CIA classe les contracteurs en quatre niveaux selon la valeur maximale de leurs projets, et qu’un réexamen du système de classification est en cours. Le ministre a noté que ce système, tel qu’il existe actuellement, présente plusieurs lacunes, notamment en raison d’un écart trop grand entre les plafonds, d’une inadéquation entre les critères financiers et techniques, et de la difficulté pour les petites entreprises à monter en grade ou à obtenir un enregistrement initial.

Ajay Gunness a affirmé que la CIA s’apprête à introduire plusieurs réformes pour moderniser le secteur. Parmi les mesures évoquées figurent un nouveau système de classement des contracteurs, une étude de faisabilité sur l’introduction du Building Information Modeling (BIM), la mise à jour du barème national des tarifs de 2021, l’élaboration d’un code national du bâtiment et la préparation d’une loi sur la sécurité des paiements. Il a exprimé son étonnement qu’en 2025, Maurice ne dispose toujours pas d’un système BIM opérationnel, un outil qui, selon lui, aurait pu rendre le secteur plus efficace.

«Manipulation des statistiques»

Concernant les prévisions de croissance, Gunness s’est montré prudent. Il a rappelé que le précédent gouvernement avait annoncé une croissance de 25 % en 2023, avant de revoir ce chiffre à 13,3 %. Il a critiqué ce qu’il qualifie de «manipulation des statistiques» et a préféré ne pas avancer de prévisions qui pourraient se révéler inexactes. Néanmoins, estime que, grâce au retour de la confiance dans les institutions et aux mesures prévues dans le Budget, le secteur de la construction retrouvera toute sa vigueur dans les cinq prochaines années. Le ministre a indiqué que Rs 180 milliards seront investies dans les infrastructures publiques au cours des prochaines années. Cet investissement, selon lui, aura un effet multiplicateur sur l’économie et favorisera la création d’emplois dans toutes les régions. Il a souligné que cette relance est pensée de manière équitable, avec une attention particulière aux petites et moyennes entreprises.

Abordant le soutien aux PME du secteur, le ministre a fait état de 199 entreprises ayant bénéficié de divers dispositifs cette année, ce qui porte à 590 le nombre de PME appuyées depuis 2021 par SME Mauritius. Les domaines d’accompagnement incluent les technologies, l’équipement, les logiciels de gestion (ERP) et la formation. Il a aussi indiqué qu’un programme de prêts allant jusqu’à Rs 25 millions est disponible via la DBM, bien qu’aucune entreprise n’en ait encore profité. Il a promis de revoir ces dispositifs.

Ajay Gunness a ensuite évoqué plusieurs projets structurants annoncés dans le Budget, notamment la Phase 2 du Ring Road et la M4, une route côtière de l’Est reliant Plaisance au Nord. Il a expliqué que ces projets sont encore au stade de l’étude de faisabilité, avec des fonds alloués pour des consultations géotechniques. En réponse aux inquiétudes sur les risques de glissements de terrain, il a précisé qu’aucune construction n’a commencé et que l’alignement final sera déterminé après consultation avec les populations concernées. Réfutant les rumeurs d’un péage routier pour ces nouvelles infrastructures, il a affirmé que cette idée n’a jamais été envisagée, accusant l’opposition de semer la peur.

Interrogé sur les retards de paiement aux contracteurs engagés sur des projets publics, Ajay Gunness a déclaré que ces retards sont la conséquence directe de la mauvaise gestion financière du précédent gouvernement. Il a indiqué que la dette publique atteint Rs 642 milliards, un fardeau que l’actuelle administration tente de maîtriser sans compromettre les projets d’infrastructure et que malgré les difficultés budgétaires, le gouvernement a maintenu ses engagements en matière d’investissement.

Le député Adrien Duval a également soulevé la question du Land Drainage Master Plan, soulignant que le gouvernement avait promis de le rendre public il y a huit mois. Le ministre lui a répondu que ce document est actuellement à l’étude par un comité technique, et qu’il sera rendu public une fois finalisé. Il a réaffirmé son engagement à plus de transparence dans la planification et la mise en œuvre des projets liés au changement climatique.

Sur la question spécifique de Rodrigues, Ajay Gunness a annoncé que trois projets de drainage sont prêts à être attribués. Il a aussi apporté des éclaircissements sur la gestion de la Drain Infrastructure Construction Ltd (DICL), une entité souvent critiquée pour son opacité. Il a révélé que l’ancien président de cette compagnie, Avinash Gopee, avait bénéficié de contrats de Rs 3,4 milliards sous l’ancien régime. Désormais, un nouveau conseil d’administration a été mis en place, présidé par Nitish Nalam Nastili. Le ministre a assuré que toutes les procédures sont désormais encadrées par des règles strictes, avec l’aval du ministère des Finances.

Enfin, le leader de l’opposition lui a demandé combien de projets initiés par l’ancien gouvernement il avait inaugurés depuis sa prise de fonctions, Ajay Gunness a répondu que son ministère a dû reprendre plusieurs de ces projets, souvent inachevés ou défectueux. Il a critiqué la prolifération de pistes cyclables mal conçues et inutilisées, qui selon lui, ont été mises en place à la hâte pour générer des profits.

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