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Deux affaires, deux procédés
Arrestations de Navin Ramgoolam et de Pravind Jugnauth : un contraste saisissant
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Deux affaires, deux procédés
Arrestations de Navin Ramgoolam et de Pravind Jugnauth : un contraste saisissant
L’arrestation de l’ancien Premier ministre, le Dr Navin Ramgoolam, après sa défaite électorale en 2015, reste gravée dans les mémoires comme un épisode brutal et spectaculaire. Embarqué, la main au collet, il a été conduit de force aux Casernes centrales par le Central Crime Investigation Department (CCID). Ses avocats avaient eu énormément de mal à le rencontrer lors de son interpellation.
À l’inverse, l’interpellation de Pravind Jugnauth et de son épouse, Kobita, par la Financial Crimes Commission (FCC), le samedi 15 février, s’est déroulée dans un tout autre contexte. Dans le respect des procédures légales et dans une atmosphère beaucoup plus sereine, ils ont été escortés, sans heurts, vers le Réduit Triangle, bénéficiant d’un traitement nettement moins agressif. Leur fille aînée les a accompagnés. La présence de Mᵉ Shamila Sonah-Ori, avouée du couple Jugnauth et cousine de Kobita Jugnauth, n’est pas passée inaperçue et a été diversement commentée. Après interrogatoire, Kobita Jugnauth a été autorisée à rentrer chez elle mais elle doit se tenir à la disposition des enquêteurs.
■ Pravind Jugnauth sous le choc de son arrestation le dimanche 16 février 2025. © Beekash Roopun
Ce contraste soulève des interrogations sur l’égalité de traitement devant la loi, et la manière dont les institutions appliquent la justice selon les circonstances et les protagonistes impliqués. Sollicité, l’avocat Prakash Bheeroo rappelle que lors de l’arrestation du Dr Ramgoolam en 2014, la FCC n’existait pas. Il y avait l’Independent Commission Against Corruption, sous la responsabilité de Navin Beekarry, et l’élément de vengeance politique était assez évident. «Il faut se rappeler que l’arrestation du Dr Ramgoolam a eu lieu alors que sir Anerood Jugnauth (SAJ) était au pouvoir. Son arrestation n’avait pas tardé après l’arrivée de SAJ au gouvernement. Il faut aussi se rappeler que lors de ses discours de campagne électorale, SAJ avait menacé d’aret Navin. Si pa mett li dan prizon li pou tir so non», a souligné Mᵉ Bheeroo. Ce dernier poursuit en précisant que l’arrestation du Dr Ramgoolam avait été effectuée par le CCID, dirigé à l’époque par Heman Jangi, alors assistant commissaire de police.
■ Navin Ramgoolam sous forte escorte policière lors de son arrestation musclée le 6 février 2015. © Beekash Roopun
Selon Mᵉ Bheeroo, dans le cas de l’exPremier ministre Pravind Jugnauth, c’est la FCC qui a procédé à son interpellation. Les pouvoirs du Directeur des poursuites publiques (DPP) ont été restaurés après les amendements à la Financial Crimes Commission Act. Selon l’avocat, la FCC n’est pas encline à faire usage de la force lors de ses interpellations. «La charge de la preuve incombe au DPP et non à la FCC, comme Pravind Jugnauth le souhaitait lorsqu’il était au pouvoir. La roue a tourné et le nouveau gouvernement a déjà annulé les pouvoirs excessifs accordés à la FCC sous l’administration de Pravind Jugnauth. Il a eu de la chance qu’aucune preuve incriminante n’ait été trouvée à Angus Road et que l’accusation provisoire ait été réduite à de simples allégations», souligne l’avocat.
Concernant la présence de Mᵉ Shamila Sonah-Ori, il explique qu’elle peut être présente en tant que membre du panel d’avocats de la famille, son rôle étant de prendre des notes en cas d’éventuel appel.
De son côté, Ranjit Jokhoo, inspecteur de police à la retraite, souligne que le changement est flagrant dans les deux cas. Il explique que, selon les Judges’ Rules, une personne interrogée a le droit d’être assistée par l’avocat de son choix. Elle peut également être accompagnée d’un parent ou d’un ami, qui devra patienter dans une salle d’attente. Il précise que les powers of arrest sont du ressort de la police. Cependant, lorsque le précédent régime a introduit la FCC Act, les pouvoirs du DPP et de la police ont été usurpés.
Selon Ranjit Jokhoo, d’après les Judges’ Rules, une personne a aussi droit à des facilités téléphoniques lors de son arrestation afin d’informer sa famille, si cette dernière n’est pas au courant qu’elle a été arrêtée ou sera détenue.
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