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Journée mondiale du patrimoine: les sites qui sombrent dans l’oubli
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Journée mondiale du patrimoine: les sites qui sombrent dans l’oubli

Les musées, l’Aapravasi Ghat et le Morne ne composent pas, à eux seuls, notre patrimoine. Bien des sites historiques méritent attention. Mais les Mauriciens doivent s’y intéresser, pour qu’ils ne tombent pas dans l’oubli.
Spontanément, Cader Kalla, ancien président du Mauritius Museums Council, pense à «tous les sites de la côte Est, de Pointe-aux-Feuilles à l’île aux Aigrettes, qui sont associés à la Seconde Guerre mondiale. On pensait que des sous-marins japonais allaient entrer dans la baie». Si Pointe-du-Diable, avec ses fortifications et ses canons pointés vers la mer, compte des vestiges et est à ce titre signalé aux visiteurs, Cader Kalla est d’avis que d’autres sites de la région méritent la même attention.
Pour Nelly Ardill, présidente de l’association SOS Patrimoine en péril, c’est le Moulin à Poudre, à Pamplemousses, qui mérite l’attention. En boutade, elle lance, «il a une partie française, une partie anglaise et même une partie mauricienne avec les seringues et les pansements».
Elle signale aussi le bâtiment Surcouf, situé en face de la mairie de Port-Louis. Il s’agit d’un patrimoine à double titre, indique Nelly Ardill. D’une part parce que, à la période française, les lieux servaient de dépôt à «l’activité sociale du port et de la ville».
Ensuite, plus près de nous, l’entretien du bâtiment a été confié par sa propriétaire à la mairie, pour que «médecins, avocats et notaires y travaillent gratuitement pour les pauvres. Ce sont des tribuns qui ont travaillé là, ce qui fait que ce bâtiment symbolise lui aussi l’indépendance de Maurice», affirme Nelly Ardill.
Accès gratuits à des sites historiques ce week-end
Pas besoin d’aller loin ou haut pour se frotter à l’Histoire. C’est en tout cas le point de vue de Philippe La Hausse de Lalouvière, de Friends of the Environment et la Société de l’Histoire. Le défenseur du patrimoine salue d’abord avec enthousiasme les sites qui seront ouverts et gratuits pour le grand public ce week-end.
«C’est une excellente initiative que le National HeritageFund (NHF) montre les sites qu’il gère.» Et plus encore.Comme la State House quin’est ouverte au grand publicque deux fois l’an – en avril eten octobre. Ou encore l’hôtel du gouvernement, où le publicpourra fouler le tapis rouge etadmirer les ors et portraits enpied ce week-end.
Sauf que, fait remarquer Philippe La Hausse de Lalouvière, les musées ouverts au public ce week-end sont déjà gratuits et accessibles à tous, en temps normal. Ce qui est valable pour le musée d’histoire national à Mahébourg, celui d’histoire naturelle à Port-Louis, celui dédié à Robert-Edward Hart à Souillac, celui qui perpétue la mémoire de Sookdeo Bissoondoyal à Tyack, la maison de sir Seewoosagur Ramgoolam transformée en musée à Plaine-Verte, ou encore le musée Frederik Hendrik à Vieux-Grand-Port. Musées qui représentent six des dix lieux que le NHF propose au public de visiter aujourd’hui et demain.
«Il aurait fallu aller un peu plus loin», estime Philippe LaHausse de Lalouvière. Enrendant cette Journée du patrimoinevéritablement spéciale,notamment grâce à desvisites guidées.
PARCOURS DE DÉCOUVERTES
Le patrimoine ne se limite pas aux musées ou encore à l’Aapravasi Ghat et au Morne, il est beaucoup plus près de nous. «Prenez le cimetière de l’Ouest, 20 % des monuments de Port-Louis sont concentrés là-bas, mais combien de gens vont aller voir ?»
Situé au coeur de Port-Louis, le Jardin de la Compagnie est pour notre interlocuteur un autre haut lieu d’histoire. «Mais qui le regarde comme cela en le traversant chaque jour ?» Il propose qu’un guide rappelle aux visiteurs qui étaient Brown Séquard ou Léoville L’Homme, qui occupent les lieux au même titre que Ti Frer, Rémy Ollier ou Adrien d’Epinay. «Il y a tout un parcours de personnalités, du front de mer en passant par la Place d’Armes jusqu’au Jardin de la Compagnie. D’ailleurs, pourquoi le Jardin de la Compagnie? Qui rappelle aux gens que l’île était gérée par une société, la Compagnie des Indes ?»
Une proximité qui peut se prolonger, propose notre interlocuteur, jusque dans les quartiers. Exemple : la plage de Poudre-d’Or avec le monument en mémoire du naufrage du Saint Géran. «On peut intéresser les gens de la localité à cet épisode de l’histoire, faire le lien avec le roman de Bernardin de Saint Pierre. Cela peut être confié aux responsables du village ou du district.»
Des découvertes comme cela, il pourrait y en avoir dans le Ward IV à Port-Louis, ou encore à Canal Dayot. «Ce n’est que depuis les inondations de l’année dernière que l’on a beaucoup reparlé de cet endroit. On aurait pu proposer un parcours pour voir l’aqueduc, le cimetière breton, le donjon de Saint Louis et puis traverser le pont de Grande-Rivière pour voir les ruines d’un moulin à blé.»
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