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Sheila Bunwaree : À l’écoute des citoyens

20 juin 2014, 21:40

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Sheila Bunwaree : À l’écoute des citoyens
Son but : montrer aux citoyens qu’il y a une autre manière de faire de la politique. Et malgré ce que cela implique comme perte d’acquis pour elle, la professeure Sheila Bunwaree a démissionné de l’université de Maurice pour s’engager.
 
 
Cette femme, qui a choisi de ne pas avoir d’enfant pour ne pas être centrée sur eux et qui est végétarienne par conviction, est issue d’une famille travailliste. Boursière de l’État, elle prend les siens à contre-pied quand, après ses études supérieures en Grande-Bretagne, elle vote pour le MMM en 1982.
 
Année après année, son dégoût pour les partis traditionnels, dont celui qu’elle suivait, s’accroît et atteint son apogée il y a une dizaine d’années. Elle n’en peut plus des mensonges, de l’opacité, des tractations, du désir de contracter une alliance par intérêt, de la politique dynastique et de l’impossibilité pour les jeunes d’entrer en politique «tant le système est vicié et verrouillé».
 
Et même les universitaires, qui pourraient pourtant susciter un débat profond, se taisent. À tel point qu’elle et sa collègue Roukaya Kasenally fondent l’organisation non gouvernementale Institute of Social Development and Peace qui milite notamment pour la réforme électorale et la nécessité de faire de la politique autrement. Mais elles sont peu suivies.
 
Dans un désir de montrer qu’il est possible de faire de la politique avec éthique, dans la transparence et qu’un capitalisme humanisé n’est pas une utopie, cette sociologue, qui a écrit quatre livres et collaboré avec d’autres auteurs, décide de créer un parti politique.
 
Approchée par cinq groupuscules, variant de 15 à 40 personnes, qui disent vouloir proposer une alternance, elle note que leur engagement est du bout des lèvres. Ils résistent à sa volonté de les regrouper. Sheila Bunwaree décide alors de faire cavalier seul. Lorsque la presse publie un de ses écrits, elle est contactée par Ivan Collendavelloo, président dissident du MMM. Ils se rencontrent et discutent dans un contexte «d’essai de faire de la politique autrement».
 
C’est ainsi que naît le Muvman Liberater officiellement lancé il y a une semaine. Si la présidence du parti lui est confiée, elle insiste qu’il n’y a pas un leader mais un leadership collégial autour d’un programme commun dont les grandes lignes ont été élaborées par elle.
 
Elle prévoit d’autres changements en profondeur dans le fonctionnement des partis politiques, anciens comme nouveaux, «car les citoyens demandent quelque chose de différent. Si j’ai fait tout ce que j’ai fait, c’est pour être à l’écoute des citoyens». Se qualifiant de la gauche modérée, elle est confiante de prendre le pouvoir avec les jeunes. «Je veux leur montrer que l’on peut fonctionner sans la mentalité de roder bout.»

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