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La Réunion: des moustiques stériles contre les épidémies
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La Réunion: des moustiques stériles contre les épidémies

La dengue, le paludisme, le chikungunya, le typhus ou la fièvre jaune sont autant de maladies transmissibles à l’homme par les insectes. En milieu tropical, comme à La Réunion, les moustiques prolifèrent et peuvent entraîner des épidémies comme celle du chikungunya en 2005-2006, qui a fait 270 000 malades. Le principal coupable est l’Aedes albopictus, ou moustique tigre.
C’est ce contre quoi se battent les scientifiques depuis des années, notamment avec la technique de l’insecte stérile (TIS) portée par l’Institut de recherche pour le développement depuis cinq ans. Après une première phase d’essai en laboratoire, il est aujourd’hui temps d’entamer la deuxième, sur le territoire réunionnais. Celle-ci a été présentée lundi à Saint-Denis par les responsables du projet.
Il s’agit d’élever des moustiques de sexe masculin en masse et de les stériliser grâce à une irradiation aux rayons gamma. Ceux-ci sont ensuite lâchés dans la nature en quantité cinq à dix fois supérieure à celle des mâles sauvages. Ils s’accouplent par la suite avec les femelles, qui sont les seules à piquer l’homme. La femelle stocke le sperme dès son premier accouplement et le conserve toute sa vie.
Le but est donc de réduire le nombre de moustiques femelles dans la nature. «C’est un projet très ambitieux dont les perspectives sont encourageantes», affirme Pascale Chabanet, représentante de l’IRD Réunion.
90% DES GÎTES FACILES À ÉLIMINER
«Le chikungunya a été une prise de conscience douloureuse, explique Koussay Dellagi,directeur du Centre de recherche et de veille sur les maladies infectieuses émergentes.Nous en avons tiré trois leçons: il faut développer la lutte anti-vectorielle, organiser une veille pour repérer les premiers signaux et maintenir une pression sur la recherche».
Les scientifiques gardent un oeil sur les habitudes des Réunionnais, à travers 900 zones de surveillance sur toute l’île. Leur travail est parfois «frustrant» car, selon eux, les gîtes où les moustiques demeurent et se protègent, sont souvent créés par les êtres humains. Environ 90 % des gîtes seraient faciles à éliminer et les Réunionnais en seraient conscients, mais n’agissent pas pour autant. «Nous avons un volet «acceptabilité sociale» qui tient compte de la population, précise Laurence Pourchez, anthropologue à l’Université de La Réunion. Les gens ont accepté les opérations comme Kass Moustik mais il est important qu’ils acceptent ce nouveau projet également.»
La TIS coûtera environ 2 millions d’euros, dont 30% ont déjà été sécurisés. Koussay Dellagi précise que le ministère de la Santé s’est engagé et que le dossier doit être déposé auprès du Fonds européen de développement régional (Feder). Selon Didier Fontenille, directeur de recherche à l’IRD, le but de la TIS est de «diminuer le nombre de moustiques, leur longévité et leur contact avec l’homme, tout à la fois».
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