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Verena Tandrayen Ragoobur : À fond la recherche !

28 juin 2014, 09:11

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Verena Tandrayen Ragoobur : À fond la recherche !

Ce qui frappe de prime abord avec Verena Tandrayen Ragoobur, 38 ans, c’est son timbre de voix apaisant. Et lorsqu’elle parle de recherches économiques, on y sent de la passion à l’état brut ! Senior Lecturer en économie à l’université de Maurice (UoM), elle a été désignée chef du département d’économie et des statistiques. Fonction qu’elle occupera pendant deux ans. Entre la gestion du département, l’enseignement et la recherche, il n’y a pas photo, cette dernière l’emporte sans conteste.

 

Le plus étonnant lorsque l’on prend connaissance de son parcours est que cette cadette d’un père enseignant, qui a terminé sa carrière comme adjoint au recteur, et sa mère comme secrétaire confidentielle au ministère des Affaires étrangères, est que son amour pour l’économie lui est venu sur le tard. Si elle opte pour cette matière lors de sa scolarité au Queen Elizabeth College, c’est parce qu’elle n’a aucune envie de suivre la filière scientifique, ni celle des langues et qu’elle n’a pas beaucoup d’autres options. «Les enseignants ne rendent pas l’économie intéressante et les élèves ne font qu’apprendre mécaniquement rien que pour réussir aux examens. Cela a aussi été mon cas.»

 

Ses parents n’ayant pas les moyens de l’envoyer à l’étranger après l’obtention de son Higher School Certificate, c’est à l’UoM qu’elle entame une licence en économie. Elle réalise alors qu’elle est faite pour l’économie. «Je crois que c’est grâce au professeur Dabee que je me suis découvert une passion pour l’économie. Il avait une façon d’appliquer les concepts qui paraissait si simple et compréhensible.»

 

Elle réussit son examen avec un First Class Honours. Ce qui lui vaut de décrocherune bourse partielle pour faire sa maîtrise enéconomie auprès de l’université de Nottinghamen Grande-Bretagne. Elle y passe unan et étudie assidûment car il s’agit d’uncours intensif. Sa maîtrise obtenue, elle auraitpu faire une demande pour l’obtention d’unebourse destinée à financer son doctorat maissa famille lui manque tant qu’elle décide deregagner l’île.

 

Une vingtaine de ses études publiées

 

Elle trouve un emploi au sein de l’International Financial Services où il est surtout questionde comptabilité. Mais elle n’y passe qu’unan car elle veut faire de la recherche en économie.Elle fait aussi une incursion au ministèredes Finances mais n’y reste pas longtempscar elle prépare sa thèse de doctorat. Celle-cia trait aux Investissements directs étrangersen Afrique subsaharienne dont Maurice. Elleest financée par la Tertiary Education Commission jusqu’à ce qu’elle obtienne une boursedu Commonwealth qui lui permet de retrouverl’université de Nottingham où elle étoffesa thèse de doctorat sous la supervision duprofesseur Chris Milner. Son superviseur dethèse à Maurice est le professeur Nath. À sonretour à Maurice, elle peaufine ladite thèseet est employée comme chargée de cours àtemps partiel à l’UoM. «Plus qu’enseigner, je voulais surtout faire de la recherche et comme l’enseignement vient avec, je l’ai fait. Mais, je prends plaisir à voir les étudiants s’intéresser à l’économie et à mes cours.»

 

Elle obtient son doctorat en 2006 et intègre l’UoM à plein-temps. Et là, elle a toute la latitude pour se consacrer à la recherche. Elle a à son actif une vingtaine d’études publiées dans des journaux internationaux, y compris des chapitres de livres. Étant féministe, plusieurs de ces recherches publiées ont des femmes comme point central. «Le problème des universitaires est qu’ils font des recherches qui ne sont pas disséminées au public et c’est malheureux. Une de mes recherches a porté sur la pauvreté chez les femmes. Mon constat a été que celle-ci prévaut davantage chez les familles monoparentales dirigées par une veuve ou une divorcée avec enfants. Il y a certes des aides sociales et des programmes pour lutter contre la pauvreté mais ils ne ciblent pas spécifiquement ces femmes.»

 

Une autre de ses recherches a traité de la participation des femmes au marché du travail. «C’est vrai que la progression des femmes sur le marché du travail est souvent ralentie en raison de leur statut marital et leur responsabilité familiale. D’autre part, le taux de chômage des femmes reste plus élevé que celui des hommes. Beaucoup de femmes qui ont perdu leur emploi dans la zone franche n’ont pas les compétences requises pour accéder à un emploi dans d’autres secteurs. Il faudrait les cibler et les former, tout en les encourageant à ouvrir leur petite entreprise.» Une autre étude qu’elle a menée est celle des femmes au chômage qui ont monté leur petite entreprise. Celle-ci est venue faire le constat d’une situation difficile pour ces femmes entrepreneurs par manque de compétence de gestion et surtout d’encadrement institutionnel.

 

Depuis sa désignation à la tête du département qui compte 17 personnes, elle consacre la majeure partie de son temps à l’administration. «À la rentrée universitaire, je devrais cumuler l’administration, l’enseignement et mes recherches.» Elle doit aussi se consacrer à sa famille surtout à sa petite Kashina, six ans. Il n’est pas étonnant que le multitasking se conjugue surtout au féminin.

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