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Michel Jérôme : pêcheur le matin, artiste l’après-midi
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Michel Jérôme : pêcheur le matin, artiste l’après-midi

Cela faisait un moment déjà que cette tente plantée sur la plage du Morne nous intriguait… Pensant qu’un touriste s’y était installé pour de longues vacances, nous n’y avons pas prêté plus attention. Mais la réalité est tout autre… C’est Michel Jérôme, 59 ans, qui a choisi ce qui, selon lui, est le plus beau coin de l’île pour y vivre. Et cela fait déjà huit mois qu’il vit de son art et de la pêche.
C’est par hasard que nous avons croisé cet homme qui arbore des dreadlocks sur la plage du Morne. À partir d’un morceau de tronc d’arbre sec, il était en train de travailler sur une sculpture. Il nous explique qu’un de ses amis a commandé cette sculpture. «Li mem inn dir mwa ena sa bout dibwa la laba, pran li mo travay li», dit Michel Jerome. C’est ce qui meuble ses après-midi solitaires depuis presque deux ans, nous dit-il. «Depi tipti sa dan mwa, monn apran par momem. Avan ti dessin et apre linn vinn sculpture.» Il fait également de la peinture et du dessin.
Le matin, Michel Jérôme se livre à une tout autre activité : la pêche. D’ailleurs, il se rend souvent dans la capitale pour y écouler sa marchandise lorsqu’il n’arrive pas à tout vendre dans le village. «Dan gramatin mo ale lapes crab et dan tanto mo sculpte», dit notre interlocuteur.
Mais cette vie de SDF n’a pas toujours été celle de Michel Jérôme. C’est avec une émotion difficilement contenue qu’il nous raconte qu’il est né à Quatre-Bornes et qu’il a grandi à Port-Louis. «Monn al l’Europe ousi me pann resi adapte laba, pa ti pe gagn travay. Monn prefer revini», raconte Michel Jérôme. S’il en garde un bon souvenir, il ne souhaite pas y vivre, même s’il dit que presque toute sa famille se trouve en France.
Découvrir
Il avoue toutefois qu’il y a des moments où la dureté de la vie de SDF et la solitude l’atteignent. «Lavi la simp me ou bizin fer atensyon pou li pa tro afecte ou e ou fer kitsoz ki pa bizin», dit-il.
Mais Michel Jérôme ne s’apitoie pas sur son sort, loin de là. Il profite de son style de vie pour apprendre car selon lui, on ne finit jamais d’apprendre et de découvrir. Au Morne, il a des amis qui viennent lui rendre visite de temps à autre et qui l’encouragent à persévérer dans son art. De plus, pour lui, «le Morne se enn de bann pli zoli vu et pli zoli peisaz dans Moris», confie-t-il. C’est aussi sa source d’inspiration.
Si Michel Jérôme doit se contenter de l’essentiel, il espère toujours réaliser ses rêves… Même s’il préfère garder le mystère,car selon lui, tout peut encore arriver.
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