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Jean-Claude Gaspard: les émouvants adieux d’un roi du séga à la scène

14 juillet 2014, 06:19

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Jean-Claude Gaspard: les émouvants adieux d’un roi du séga à la scène

«Triste, bien triste.» Beaucoup avaient cette expression sur les lèvres dans la soirée du samedi 12 juillet, à la sortie du concert de la famille Gaspard au J&J auditorium à Phoenix. Le «roi du séga»avait en effet choisi cet événement pour faire ses adieux à la scène. «Depi lontan mo tann zot lavwa, mo ti anvi zweinn zot enn dernie fwa. Zot tous mwa boukou.» C’est en ces termes que Jean-Claude Gaspard a accueilli son public venu en grand nombre l’applaudir une dernière fois. Si le séga a déferlé sur le J&J auditorium, incitant bon nombre de spectateurs à délaisser leur siège pour se déhancher au son des ravannes, l’instant était surtout à l’émotion.

 

Emotion de voir ce monstre sacré du séga incapable de lutter contre le poids des années. Hésitant quelque fois dans ses paroles, plus lourd dans ses mouvements, la vivacité quasi absente, le temps ne lui a pas fait de cadeau. Et on comprend, à le voir sur scène, son souhait de la quitter. L’homme a été sage dans sa décision, et ce même si son timbre de voix reste clair et que son public l’acclame toujours.

 

Emotion également de voir l’artiste entouré de ses proches, de sa femme, de ses enfants, de son frère Robert Augustin, de Serge Lebrasse, ainsi que des invités de la soirée, à savoir Linzy Bacbotte, Ino Nakeed, Marie-Josée Couronne, System Ret Mara, venus lui faire leurs adieux. Un des moments fort de la soirée a eu lieu durant la chanson «Fer lamour pa fer laguer», le morceau préféré du ségatier. Le public et tous les invités l’ont interprété en chœur et en se tenant par la main,  où le public a entamé en choeur et en se tenant par la main la chanson favorite de Jean-Claude Gaspard «Fer lamour pa fer laguer», interprétée par tous les invités.

 

L’émotion à son apogée

 

L’émotion était à son apogée quand Jean-Claude Gaspard a quitté cette scène qu’il a côtoyée pendant plus de 50 ans, sous une arche de ravannes levées en son honneur. Il l’a quitté non par les coulisses, mais en traversant la salle en guise de remerciement à son public. Il était difficile pour beaucoup à ce moment-là de ne pas mêler leurs larmes à celles du chanteur. «Ala nou ale, au revoir.»

 

Mais si Jean-Claude Gaspard ne donnera plus de prestations publiques, ses chansons, elles, demeureront toujours. Dhobi de classe, Pis pot, Problem cari … Ces titres font partie de notre patrimoine musical, à nous de savoir les préserver. Avec le départ de la scène de Jce roi du séga, c’est une page de notre musique locale qui se tourne. L’Histoire se referme sur ce séga à mi-chemin entre le «tipik» et le contemporain, agrémenté, pour le plaisir de beaucoup, de notes frôlant la grivoiserie.

 

Toutefois, les artistes ayant participé au concert ont démontré que la relève est assurée, mais dans un tout autre registre. Découlant du séga de Jean-Claude Gaspard, d’autres styles ont vu le jour tel que Touss Sali des System R,chanson à laquelle le public n’a pas manqué de faire honneur, ou encore le séga rythmé de Denis Claude Gaspard et celui de Mary Jane Gaspard, qui est beaucoup plus sensuel. Si les artistes passent, le séga, lui, demeure. On ne peut, au final, que souhaiter une longue vie à notre musique locale…

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