C’est un touriste sous le coup de l’émotion et tenant absolument à garder l’anonymat qui nous parle du calvaire qu’il a enduré à la plage de Tamarin. Il tient néanmoins à se faire le témoin d’un phénomène qui prend de l’ampleur et qui risque de porter un rude coup au tourisme dans cette région.

«On nous a menacé de mort, ma femme et moi, si jamais on remettait les pieds sur la plage de Tamarin», dit-il. La voix nouée, il ne se remet pas encore du choc. La violence gratuite et les menaces sont  encore vivaces dans sa mémoire.

«On surfait sur de petites vagues au bord de la plage, et non près des bons surfeurs au large car nous sommes encore des amateurs», raconte le touriste. Agenouillé sur sa planche pour aller à terre, il en voit alors une autre se diriger vers lui.«Le surfeur me regarde droit dans les yeux, me fonce dessus et ne fait aucune manoeuvre pour m’éviter. Je saute dans l’eau et il me percute à la tête», raconte notre interlocuteur.

Agression et injures

Sentant l’animosité, il retourne à terre et commence à ramasser son équipement pour rentrer. Mais à ce moment, le surfeur qui l’avait percuté, accompagné de deux autres personnes, l’accoste.

«Ils me demandent de rembourser la planche du surfeur car elle s’est abîmée en me percutant. J’ai refusé parce que j’estimais que c’était  sa faute, et c’est là que les choses se sont gâtées», dit-il. Ces trois personnes se sont mises à l’injurier,avant que l’une d’elles ne lui donne des coups, lui interdisant de revenir sur cette plage.

Son épouse a également été menacée. «J’ai consigné une déposition à la police, mais on m’a fait comprendre qu’on ne pourrait rien faire contre eux», déplore-t-il.

En racontant sa mésaventure, le touriste a compris qu’il n’est pas la seule victime de ce genre de comportement. Il semblerait qu’un groupe particulier fasse la loi sur la plage. «Ils sont en bande et empêchent les gens de surfer sur ce spot de Tamarin ou d’utiliser certaines aires de parking qu’ils considèrent comme  les leurs», explique un opérateur de pêche et de «dolphin watching».

Il travaille avec des touristes depuis plus de six ans, et il dit avoir eu des échos de ce type de problèmes depuis deux ans environ. «Même les enfants ont peur, car ce sont des personnages grossiers envers les touristes», dit-il.

Sur la plage du Morne, où se trouve un autre spot, on évoque aussi ce problème d’appropriation et de contrôle par certains surfeurs. «Il y a quelquefois de l’intimidation. Mais c’est moindre qu’à Tamarin», concède un opérateur.

Le moniteur de surf et de kitesurf, Fredo Labonne, est quant à lui catégorique: plusieurs touristes fuient Tamarin pour aller surfer au Morne après avoir été intimidés. «Cependant, le site de Tamarin est meilleur, et la mer n’est la propriété de personne. Donc, on ne peut empêcher les gens d’y surfer», martèle-t-il.

Il insiste sur l’impact négatif de ce comportement sur le tourisme, qui fait vivre plusieurs familles de la région. «Si ceux qui agissent ainsi n’ont pas besoin des touristes et pensent que la mer leur appartient, nous, les opérateurs, avons besoin d’eux», dit Fredo Labonne.

Le touriste italien, qui vient à Maurice depuis 11 ans, jure qu’on ne l’y reprendra plus à Tamarin. «Mais c’est un des meilleurs spots, et je pense me trouver un autre pays où faire du surf.» Pour la sécurité des visiteurs et des touristes, un meilleur contrôle sur la plage est suggéré, de même que des patrouilles pour éviter tout dérapage.