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Madagascar : Réconciliation nationale – Le Président met fin aux surenchères

12 août 2014, 05:14

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Madagascar : Réconciliation nationale – Le Président met fin aux surenchères

Le président de la République a affirmé qu’il tenait les rênes de la réconciliation nationale et a son idée sur le sujet. Reste à convaincre les entités qui s’engouffrent dans le créneau.

 

Thème de prédilection. Souvent évoquée et mise en avant par Hery Rajaonarimampianina, président de la République, la réconciliation nationale est pourtant en mal de leadership. La profusion d’entités qui souhaitent s’arroger le titre de « réconciliateur », concourant à coups d’atelier de réflexion, pour visiblement s’assurer une certaine légitimité, n’arrange pas la situation.


« C’est moi qui mène la réconciliation nationale », a déclaré à la presse, le président de la République, à l’aéroport d’Ivato samedi. « Je suis en première ligne dans la réconciliation nationale et je l’ai toujours dit. Plusieurs personnes et entités sont prêtes à y prendre part, il n’y a rien de mal à cela. (…) Je leur ai déjà demandé de me faire une synthèse de leurs idées sur la réconciliation et ce qu’elles souhaitent faire, car moi aussi, j’ai mon idée sur le sujet », a-t-il ajouté.


Dans son discours d’investiture, le 25 janvier, le chef de l’État a fait de la réconciliation l’une de ses priorités. Pour l’heure, son implication sur le sujet laisse certains perplexes. Une situation qui favorise les prétentions et les surenchères des entités qui se disent réconciliatrices et souhaitent être parmi les meneurs du processus, le Comité pour la réconciliation nationale (CRN) et le « Vondrona Antanimena », en tête. Ces derniers temps, ces deux entités ont été particulièrement actives sur la vague de la réconciliation. Un créneau qu’elles ne semblent pas prêtes à céder.


« Lors de notre réunion au ministère de la Communication et des relations avec les institutions, jeudi, nous avons voulu que le Président fasse une déclaration solennelle quant à sa position sur la réconciliation, et il l’a fait », s’est réjoui Tabera Randriamanantsoa, membre du Comité pour la réconciliation nationale (CRN). L’ancien ministre de la Tran­sition a cependant indiqué : « Pour nous, ce n’est pas le Président qui doit mener la réconciliation, il doit juste en être le facilitateur. Ce rôle doit revenir au FFKM (Conseil des églises chrétiennes de Madagascar) et aux leaders traditionnels. »


Priorité


Rambeloson’Mino, res­ponsable de la mobilisation du « Vondrona Antanimena », est quant à lui plus direct dans ses propos. « Nous ne nous fions pas au discours du Président. Comme preuve de sa bonne foi, il devrait adopter une loi organique sur la réconciliation nationale. De plus, ce n’est pas à lui de la diriger (…) », a-t-il soutenu, ajoutant que le chef de l’État ne devrait n’être qu’un « facilitateur à la concertation du FFKM, des leaders traditionnels et du FSM (Association des islamistes Malgaches) pour la mise en place du CRN ».


Devant la presse, samedi, Hery Rajaonarimampianina a esquissé ses priorités quant à la réconciliation. « Le plus important dans la réconciliation est la répartition équitable des richesses et des biens », a-t-il souligné. Une manière probablement de reléguer les questions d’ordre politique au second plan et que les priorités sont ailleurs.


Pourtant, les hypothèses de méthode de réconciliation avancées jusqu’ici, insistent sur le fait que les quatre anciens chefs d’État, notamment Marc Ravalo­manana, y prennent part et que cela se fasse à Madagas­car. Le retour au pays de l’ancien Président exilé en Afrique du Sud reste pour l’instant un débat sans fin. Devant la presse, samedi, Hery Rajaonarimampianina a souligné que « le cas d’une personne en particulier, surtout d’ordre politique, est un sujet qui doit être débattu dans le cadre de la réconciliation nationale. »


La prise de position du président de la République devrait mettre fin aux surenchères. Toutefois, dans son initiative de mener la réconciliation nationale, le chef de l’État devrait d’abord s’employer à convaincre les entités qui se disent réconciliatrices à le suivre dans son cheminement. Comme le fait remarquer Nary Ravonjy, membre du Grand pardon, « Avant de penser à une réconciliation nationale, il faudrait d’abord réconcilier les réconciliateurs. »

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