Publicité
Suren Dayal : «Certains bénéficiaires de l’aide de l’État ne jouent pas le jeu»
Par
Partager cet article
Suren Dayal : «Certains bénéficiaires de l’aide de l’État ne jouent pas le jeu»

S’il a récemment été critiqué par Xavier-Luc Duval, le ministre estime, lui, qu’il a un bilan flatteur. Il dit vouloir faire davantage pour les pauvres, mais se dit freiné par la lenteur administrative et des bénéficiaires récalcitrants.
Quelle est votre définition de la pauvreté ?
Tout dépend. On parle souvent de pauvreté relative, c’est-à-dire qu’on compare son niveau de vie à celui d’autres personnes. Même si vous avez des moyens, vous vous comparez à quelqu’un qui roule dans une grosse voiture et vous pensez être pauvre. Et il y a ce qu’on appelle la pauvreté absolue. C’est de cela qu’on s’occupe à mon ministère. Pour qu’une personne soit éligible à une aide, elle ne doit pas toucher plus de Rs 6 200 par mois. Ce chiffre était de Rs 4 000 en 2010.
Ne pensez-vous pas que c’est parce qu’il y a appauvrissement de la population que ce ministère a été créé ?
Écoutez, l’État-providence existe depuis des années et il a permis à de nombreux Mauriciens de mieux vivre…
…justement, ne pensez-vous pas que l’État- providence soit une faillite ?
Absolument pas ! Avec l’État- providence, vous avez la scolarité gratuite pour tous, des personnes du troisième âge touchent une prestation sociale, il y a la santé gratuite. Comme l’est aussi le transport pour les personnes âgées et les étudiants. Le gouvernement dirigé par Navin Ramgoolam veut aider davantage ceux au bas de l’échelle. Durant son premier mandat, Navin Ramgoolam avait créé le Trust Fund for Vulnerable Groups. À son deuxième mandat, il a institué la National Empowerment Foundation (NEF) et en 2010, il a créé un ministère dédié entièrement aux Mauriciens au bas de l’échelle. J’aime rappeler ce que Ramgoolam a réalisé pour les Mauriciens en 2005. Il y a eu l’éducation gratuite mais malgré cela, certaines familles ne pouvaient envoyer leurs enfants au collège faute d’argent pour le transport. C’est ce dont il a été témoin à Panchavati, en 2003. Et quand il a remporté les élections en 2005, il a rendu le transport gratuit pour les étudiants. Avec la création du ministère de l’Intégration sociale, on fait beaucoup pour les pauvres…
Pouvez-vous nous parler de vos réalisations ?
Il y en a beaucoup et je suis sûr que vous n’allez qu’en faire un résumé, peut-être par faute de place. Permettez-moi de dire d’abord que nous avons trois axes sur lesquels nous mettons l’accent. Ce sont les logements sociaux, le développement de l’enfant et la famille et le placement de jeunes sans-emploi au sein des compagnies privées.
Qu’en est-il des logements ?
À Maurice et à Rodrigues, le ministère y a investi plus de Rs 500 millions. Nous avons deux types de maisons : 2 743 sont en bois et tôle, et 1 189 autres en béton sous tôle.
Ces constructions ne sont pas sans reproches. Il y a des logements sans toilettes et d’autres avec des portes étroites par lesquelles on ne peut pas faire passer un sofa dans le salon. N’est-ce pas blesser la dignité humaine ?
Je reconnais qu’il y avait un problème avec ces maisonnettes aux portes étroites. Le défaut vient de l’entrepreneur, mais le ministère a vite corrigé cela. Au sujet des constructions sans toilettes, il s’agit de celles en bois et tôle. Je précise qu’on demande aux bénéficiaires de contribuer aussi. On veut qu’ils prennent conscience de leur contribution. On les empower, mais ils doivent aussi apporter leur bloc.
J’ouvre une parenthèse pour dire que malgré tout ce que nous faisons, nous subissons toutes ces critiques. Mais passons… Vous souvenez-vous de La Valette ? Nous avons créé un village intégré, mais certains trouvent à y redire…
Tout n’est pas au beau fixe là-bas.
Effectivement. Une poignée de gens se montrent récalcitrants et ne veulent pas coopérer. Mais la grande majorité apprécie ce projet.
Comptez-vous prendre des sanctions contre ces récalcitrants ?
Pensez-vous que nous pouvons les expulser ? Non, jamais ! Cela créera plus de problèmes. Mais nous faisons tout pour les ramener à la raison.
Combien d’écoliers ont bénéficié de l’aide de votre ministère cette année ?
Je suis heureux de vous annoncer qu’ils sont 22 000 au total, dont 6 400 à Rodrigues. Ils ont notamment bénéficié de matériel scolaire, d’uniformes et de chaussures avant le début des cours en janvier. Cela, au coût de Rs 38 millions. En outre, nous avons créé dix coins de lecture dotés d’ordinateurs avec accès Internet.
On organise régulièrement des «job fairs» à travers le pays. Pourtant, nombreux sont les jeunes au chômage.
Nous contribuons énormément à la formation des jeunes, ce qui permet de réduire le chômage. Plus de 5 000 jeunes sans-emploi ont reçu une formation l’année dernière et 612 ont trouvé un emploi. Cette année, nous pensons organiser six job fairs et former des jeunes à divers métiers. Je rappelle que la NEF accorde Rs 4 000 à un non diplômé et une somme équivalente lui est payée par la compagnie où il est en formation. La NEF accorde Rs 7 500 à un diplômé qui reçoit une somme similaire de la compagnie formatrice. Le ministère permet aussi à des Mauriciens de trouver un emploi à l’étranger, sous le régime de la migration circulaire.
En parlant de migration circulaire, il y a polémique étant donné que trois ministères s’occupent de l’envoi de travailleurs mauriciens à l’étranger: le vôtre, celui de l’Emploi et celui des Finances. Cela ne fait-il pas désordre si chacun d’entre vous veut s’en attribuer le crédit ?
Je suis au courant de cela. Mais je suis satisfait de la façon dont fonctionne le département de mon ministère. Il y a une certaine harmonisation avec les autres ministères.
Malgré votre bilan, Xavier-Luc Duval, qui a été le ministre qui s’occupait en premier de l’Intégration sociale, a émis de sévères critiques sur le combat contre la pauvreté. Que lui répondrez-vous ?
Je ne sais pas ce dont mon prédécesseur a fait état et ce n’est pas dans mes habitudes de répondre aux critiques. J’ai pour mission d’aider à éradiquer la pauvreté et j’estime qu’on est sur la bonne voie.
On vous reproche de réaliser trop de projets dans la circonscription n° 8, Moka-Quartier-Militaire.
Ce n’est pas vrai ! J’ai des chiffres que n’importe qui peut vérifier. D’ailleurs, le plus grand nombre de logements sociaux ont été construits au n° 14, Savanne-Rivière-Noire. De toute façon, ma circonscription fait partie de la République de Maurice, n’est-ce pas ?
Après trois années à ce ministère, pensez-vous avoir bien fait ou pouviez vous mieux faire ?
J’aurais pensé faire davantage pour les pauvres. Mais ce n’est pas évident. Quels sont les obstacles ? Les fonctionnaires? Non, je dirais les procédures. La lenteur administrative. Et parfois les bénéficiaires ne jouent pas le jeu. Ils prennent trop de temps pour apporter les documents appropriés. Cela retarde les projets.
Abordons le chapitre politique, puisque vous êtes politicien avant tout. Seriez-vous à l’aise pour travailler dans un gouvernement avec Paul Bérenger comme Premier ministre ?
Je serai à l’aise dans un gouvernement dirigé par mon leader Navin Ramgoolam.
S’il s’avère qu’il y a alliance entre le Parti travailliste et le Mouvement militant mauricien, êtes-vous sûr d’obtenir un ticket pour les prochaines législatives ?
Vous savez, je suis un travailliste. Je suis prêt à aider ce parti peu importe où je serai.
On dit que ce gouvernement fonctionne en pilotage automatique. D’ailleurs, ces trois dernières semaines, il y a eu un seul conseil des ministres…
On a expliqué pourquoi le conseil des ministres ne s’est pas réuni durant la semaine d’Eid. C’était un jour férié, mais le conseil des ministres s’est réuni la semaine dernière. Je regrette d’avoir à le dire, mais certains trouvent toutes sortes de prétextes pour critiquer le gouvernement. Qu’on nous juge sur notre bilan.
Publicité
Publicité
Les plus récents




