Leckrani Soobagrah a fait de son agence de voyages, «Bonny Air Travel», une référence. C’est sans doute ce qui lui a valu de décrocher  le titre d’«Africa’s Most Influential  Woman in Business and Government» au niveau local et régional dans la catégorie Tourisme et Loisirs.

Pour Leckrani Soobagrah, la distinction que lui a attribuée le groupe de presse sud-africain CEO Communications n’est pas le couronnement de toute une vie. De toutes les façons, ce n’est pas la première fois que l’on parle publiquement d’elle. Elle était une des nominés du concours «Entrepreneur de l’année 2006». Tout comme elle a,pendant deux ans, pris les commandes de l’Association des femmes chefs d’entreprises. «Cela me fait simplement plaisir de voir que notre travail et tous nos efforts aient été appréciés. C’est important pour mes proches dont mon mari Jeenarain et ma fille Minakshi qui m’épaulent et pour toute l’équipe de Bonny Air Travel.»

Cela fait 26 ans qu’elle dirige sa propre agence de voyages située à Port-Louis et à Candos. L’esprit  d’entrepreneuriat chez cette sixième des neuf enfants Hanoomansing s’est développé au contact de ce père, Heeralall, qui était surintendant de police. À ses heures perdues, il se muait en petit propriétaire terrien à Bel-Air-Rivière-Sèche. Il y faisait planter des légumes. Chaque samedi, elle l’accompagnait lorsqu’il allait rétribuer les laboureurs qui s’activaient dans ses champs.

Après une scolarité au collège Lorette de Rose-Hill et à celui de Quatre-Bornes - scolarité qu’elle complète au collège Hindu Girls- elle devient enseignante. Un de ses frères ayant trouvé un emploi dans l’aviation, elle postule pour entrer à Rogers. Mais c’est un poste d’hôtesse d’accueil à Air Mauritius qui lui est proposé à la place. Basée à Plaisance, elle fait le tour des départements.

Un an après avoir pris de l’emploi à Air Mauritius, sa route croise celle de Jeenarain Soobagrah, de cinq ans son aîné, qui est à l’époque affecté au département de télex. Ils se marient et Minakshi voit le jour un an et demi plus tard. Leckrani Soobagrah fait une pause d’un an. Quand elle reprend le travail, elle est mutée au département de réservations à Rogers. Elle découvre les métiers du voyage. «Il fallait tout faire manuellement. J’ai beaucoup appris au comptoir.» «J’en avais assez appris pour me lancer»

Lorsqu’elle accouche d’une deuxième fille, Peeyusha, et par la suite d’une troisième, Chitra, elle fait une autre pause. Et lorsqu’elle se sent prête à se remettre au travail, elle veut se mettre à son compte. «J’en avais suffisamment appris pour pouvoir me lancer.» Elle commence par un partenariat avec des amis et ensemble, ils ouvrent une agence de voyages. L’expérience aidant, c’est seule qu’elle décide, peu après, de voguer en ouvrant Bonny Air Travel en 1987.

Comme elle connaît les procédures sur le bout de ses doigts, Leckrani Soobagrah ne met pas longtemps à obtenir l’accréditation auprès de l’Association internationale du transport aérien. «À l’époque, j’étais une des rares agences à l’avoir obtenue.»

Ayant identifié un marché niche, à savoir l’Inde, elle mise dessus. «Il y avait certes des vols sur l’Inde mais pas des tours organisés bien structurés. Les gens qui partaient pour la Grande péninsule allaient à l’aveuglette. J’avais aussi réalisé que peu d’Indiens venaient à Maurice. J’ai donc organisé des tours aussi bien en Inde qu’ici.»

Elle démarre avec des packages sur l’Inde en 1988. Le succès est instantané. Dès 1990, elle vend Maurice aux Indiens. Son agence fait un bon chiffre d'affaires sur l’Inde mais enrichit également ses offres.

Son business n’a pas été trop affecté par la crise économique car la majorité de sa clientèle est constituée d’hommes et de femmes d’affaires. «Les vacanciers constituent la partie la plus infime de la clientèle et c’est de ce côté-là qu’il y a eu diminution. Le voyage demeure un luxe, malheureusement.»

Elle planche actuellement sur de nouvelles destinations, notamment le Vietnam.