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President’s Fund: Anita Aujayeb, le poids de la plume

19 août 2014, 12:00

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President’s Fund: Anita Aujayeb, le poids de la plume

Donner envie de lire mauricien. Donner envie de lire tout court. Non, Anita Aujayeb n’a pas l’intention de se battre contre des moulins à vent. Nommée à la tête du President’s Fund for Creative Writing en mai dernier, celle qui se décrit comme un prof «à la main dure et à la parole facile», a d’abord pris le temps de se familiariser avec l’institution avant de livrer sa pensée.

 

Clairement, Anita Aujayeb voit dans le President’s Fund beaucoup plus qu’un tiroir-caisse. Selon elle, la subvention de Rs 30 000 accordée aux auteurs en mal de publication n’existe plus. «Dorénavant, quand nous acceptons un manuscrit, le fonds assume l’entière responsabilité de la publication. Nous donnons alors la moitié des exemplaires publiés à l’auteur et nous distribuons gratuitement l’autre moitié à diverses institutions

 

C’est surtout sur le terrain de la qualité littéraire que de grandes batailles sont à mener. «À la lecture des manuscrits qui nous sont envoyés, on se rend vite compte que la qualité n’est pas celle à laquelle on aurait pu s’attendre, et cela, peu importe la langue d’expression. C’est avec diplomatie que nous utilisons les mots cruels, ‘textes rejetés’. C’est difficile de faire accepter cela. Normalement, les gens ne reviennent pas vers nous après cela.»

 

Qualité littéraire en berne par déficit de lecture. Anita Aujayeb estime qu’«il y a très peu de gens qui lisent». Que l’anglais par exemple, à l’école, «c’est pas joli joli». Qu’il y a «deux façons d’enseigner la littérature. Soit on explique deux-trois chapitres et les examens arrivent, soit on en fait sa culture. Il y a des profs qu’on ne voit jamais dans la bibliothèque de l’école. Ils sont dans leur coin à papoter, à raconter des histoires sur la vie des autres».

 

La responsable du President’s Fund estime qu’il est du ressort du ministère de l’Éducation d’encourager les collèges à inscrire des auteurs mauriciens au programme. «Les livres sont tellement mal connus que les profs n’y pensent pas.» Alors que, dans certaines bibliothèques publiques, «la section Mauriciana est un petit coin noir assez peu fréquenté».

 

Autant de thèmes qui préoccupent celle qui va lancer dix livres d’un coup le mois prochain. «Avant, c’était le President’s Fund for Creative Writing in English. Aujourd’hui le fonds est ouvert à toutes les langues et toutes les Speaking Unions ont leur mot à dire.» À charge pour le fonds de trouver l’équilibre «parce que si on aide une Speaking Union, elle ne travaille que pour sa langue».

 

Pour cette présidence de deux ans renouvelables, Anita Aujayeb s’appuie aussi sur ses trois décennies dans l’enseignement. Elle est actuellement enseignante d’anglais et de littérature anglaise au Belle Rose State Secondary School. Mais aussi chargée de cours à mi-temps en anglais et en littérature à l’Open University. Une carrière qui la rend «totalement comblée. On reste jeune en étant parmi les jeunes».

 

Auteur avec une prédilection pour la spiritualité, elle a déjà publié neuf ouvrages en anglais et en français. Le premier, un recueil de poèmes intitulé The struggle goes on, est paru en 1999. Elle est également l’auteur de deux romans – The last breakfast (2007) et Waves of life (2012). Elle a publié une histoire de Maurice en vers, Mauritius in rythms (2007).

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