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Reza Uteem et Arvin Boolell, la montée en grade
23 août 2014, 12:52
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Reza Uteem et Arvin Boolell, la montée en grade

Si une alliance entre le Parti travailliste (PTr) et le Mouvement militant mauricien (MMM) se concrétise, deux politiciens devraient monter en grade : le rouge Arvin Boolell et le mauve Reza Uteem. Portraits.
Voir le verre à moitié rempli plutôt qu’à moitié vide, regarder devant plutôt que dans le rétroviseur. C’est ce qu’a toujours préféré Reza Uteem, 42 ans. Et c’est pourquoi il «aime penser que Paul Bérenger insiste pour que je sois n° 3 sur le Front Bench, d’abord à cause des qualités qu’il a trouvées en moi et ensuite pour envoyer un message fort aux jeunes électeurs». Et non pour des considérations ethno-politiques.
«On oublie qu’en 2010, j’étais déjà pressenti pour être n° 3 et que depuis, je suis n° 3 du Front Bench de l’opposition.» À écouter la verve de cet avocat spécialisé en finance, on a du mal à croire qu’il n’était pas du tout intéressé à faire de la politique active. C’est pourtant vrai. Des deux fils de Cassam et de Zohra Uteem, c’était Oomar, le médecin de la famille, qui entendait marcher dans les pas de son père et devenir une des têtes pensantes du MMM. En fait, Reza Uteem voulait, lui, être expert-comptable, après avoir complété sa scolarité au collège Royal de Port-Louis. Devant l’étonnement de sa mère en l’apprenant, il change de trajectoire. «Je remettais toujours tout en question, j’étais un peu effronté et j’étais bon en élocution à l’école et elle me voyait avocat.»
Il obtient une bourse de l’université de Buckingham, en Grande-Bretagne, où il étudie la loi et la politique, avant d'être reçu a barreau à MiddleTemple. Classé premier au niveau national à l’examen final, en 1993, il regagne le pays. Reza Uteem prend part à l’examen du Bar Vocational Course et se retouuve à la deuxième place. Il obtient la Chevening Scholarship du Foreign Office anglais et se spécialise en droit financier au King’s College.
Étant, à l’époque, le seul Mauricien à avoir l’expertise en droit financier et après un stage dans le plus grand cabinet d’avocats suisse, Lenz & Staehelin, il pensait que les portes s’ouvriraient facilement pour lui à Maurice. Il déchante. «À Maurice, il y a des facteurs autres que la compétence qui font la différence.» Il repart et après un stage dans un cabinet d’avocats américains basé à Hong Kong, Winthrop, Stimson, Putnam & Robert, un poste lui est offert. Son travail l’amène à passer énormément de temps à Singapour.
Au bout de quatre ans, Reza Uteem rentre au pays à la demande de ses parents et se marie avec Adila Osman. S’il croyait que la situation professionnelle à Maurice avait évolué, il est vite confronté aux mêmes réalités qu’auparavant. Mais cette fois, il est relancé par les avocats étrangers avec lesquels il a travaillé ou croisé le fer. Après avoir rejoint les Collendaveloo Chambers en 2002, Me Dev Erriah et lui fondent leur cabinet, avant de se séparer à l’amiable. Il ouvre alors les Uteem Chambers.
Jusqu’à 2007, l’idée de s’engager en politique ne l’avait jamais effleuré. Il était pris avec sa carrière et sa famille – il a cinq enfants – et sa femme y était résolument opposée. Le catalyseur sera la disparition de son frère Oomar, emporté par un infarctus. Ainsi que l’incident de l’Aazan, à Quatre-Bornes, et les sollicitations des mandants de feu son frère. «Avant de me jeter à l’eau, j’ai pris conseil auprès de feu le père Henri Souchon. Il m’avait encouragé en me disant que si les gens capables s’abstenaient de faire de la politique, ce serait des incapables qui s’engageraient pour de mauvaises raisons.»
Cela fait sept ans qu’il a rejoint les rangs du MMM ; en 2010, il a été élu député. Il avoue aimer les travaux parlementaires, qui lui donnent «l’occasion de participer à la formulation de lois, de poser des questions et de cuisiner le Premier ministre et les ministres sur la gestion du pays». Du moins, quand le Parlement se réunit. «Beaucoup de critiques envers le MMM et Bérenger sont exagérées. Le Premier ministre ajourne le Parlement et Bérenger s’élève contre cela. Au lieu de critiquer Ramgoolam, c’est Bérenger que l’on critique.»
Il serait plus juste de dire que le leader du MMM a protesté du bout des lèvres. «C’est une question d’appréciation de l’action de Bérenger, mais ayons l’honnêteté de reconnaître qu’il explique sa position et ses rapports avec le PTr aux militants et à la population.»
En cas d’alliance avec le PTr, Reza Uteem déclare n’avoir aucun problème à travailler avec les rouges. «L’important étant que tout soit fait dans la transparence, que tous les Mauriciens aient la même chance d’avoir du travail, un logement et des permis pour améliorer leur niveau de vie.»
Il ne craint pas que l’Histoire se répète et que l’alliance accouche d’une énième cassure. «Ramgoolam et Bérenger sont deux leaders mûrs et aguerris qui feront tout pour que le gouvernement tienne bon. En 1993 et en 1997, le MMM était minoritaire dans le gouvernement. Cette fois, il sera à parité.» Le temps nous le dira…
Arvin Boolell : la reconnaissance enfin !
La reconnaissance enfin pour un politicien de proximité et vice-président du PTr, est-on tenté de dire lorsqu’on examine le parcours d’Arvin Boolell, ministre des Affaires étrangères, actuellement en mission à l’étranger. Si au récent départ de Xavier-Luc Duval comme ministre des Finances, il a accédé au Front Bench en tant que n° 4, la concrétisation de l’alliance PTr-MMM et son éventuelle victoire aux élections générales devraient le sacrer leader du parti.
Invité à commenter ces informations au téléphone lundi, Arvin Boolell a préféré ne pas se mouiller. «Il n’est pas approprié que je commente l’actualité politique puisque je ne suis pas au pays», a-t-il déclaré.
Ce médecin de 60 ans n’a jamais voulu faire partie d’une dynastie politique, bien que feu son père, sir Satcam Boolell (SSB), était un des dirigeants du PTr. Dans une interview de presse, il confiait avoir fait ses preuves en politique. «J’ai ma propre personnalité, mon individualité,même si j’ai beaucoup de choses en commun avec mon père car j’ai été à son école et été nourri de sa culture politique que je pratique et perpétue d’ailleurs aujourd’hui.»
Or, comme Reza Uteem, c’était plutôt son frère Satyajit, l’actuel Directeur des poursuites publiques, que l’on aurait vu en politique active. «Il était la grande gueule et très dynamique alors que moi, je restais dans l’ombre», reconnaît-il dans cette même interview. Comme il a la voix rauque de son père, à l’adolescence, il répond au téléphone et se fait passer pour SSB. C’est ainsi qu’il commence à s’intéresser au sort des plus démunis. «J’étais très peiné de voir des gens se déplacer en nombre pour demander de l’aide aux politiciens. J’ai voulu apporter ma contribution et soulager leur peine.»
C’est ce qui l’incite à se lancer en politique active. S’il y a trois conseils que son père lui donne et qu’il applique à la lettre, c’est «de ne jamais se montrer impulsif, de ne pas se presser et de toujours rester en contact avec son électorat et être proche du peuple». C’est en 1987 qu’il se présente pour la première fois devant l’électorat de Vieux-Grand-Port-Rose-Belle sous la bannière rouge et est élu député.
Depuis, il est inamovible. Sa grande force, c’est justement de descendre chaque semaine dans sa circonscription et d’être à l’écoute de ses mandants. Cette proximité qu’il cultive avec les gens s’est accrue lorsqu’il a été nommé ministre de l’Agriculture en 1996, poste qu’il a occupé jusqu’en 2008, année du remaniement ministériel. Il est alors muté au ministère des Affaires étrangères et du Commerce international.
Si pour certains observateurs, c’est une promotion dans la hiérarchie gouvernementale car il passe de la neuvième à la sixième place et que ce maroquin correspond à ses capacités, d’autres, plus critiques, estiment que c’est une façon de lui couper les ailes et de l’éloigner de son électorat car il pourrait faire de l’ombre à son leader. Les sondages d’opinion sont d’ailleurs régulièrement favorables à Arvin Boolell. Et il est rarement critiqué par l’opposition, contrairement à ses colistiers.
Sans compter que lorsqu’il y a du grabuge dans une circonscription autre que la sienne, Arvin Boolell va tout de même aux nouvelles. Par exemple, en février 2013, lorsque les habitants de Souillac manifestent leur colère à l’issue des pluies diluviennes qui ont inondé une centaine de maisons et que les députés de la circonscription jouent aux abonnés absents, il se rend sur place et réussit à calmer les esprits. Trois mois plus tard, le hasard fait qu’il figure parmi les secouristes des accidentés de l’autobus de Sorèze. Ce qui renforce son capital de sympathie.
Ce qui explique aussi que le deuxième sondage Politis de DCDM Research et l’express dimanche rendu public en juillet 2013, le propulse au classement des Premier ministrables avec 57 % des voix, soit le même pourcentage recueilli par son leader, Navin Ramgoolam.
Se pourrait-il que sa nomination ainsi que celle de Reza Uteem ne soient pas entérinées ? Sait-on jamais, car comme le disait SSB, «tout est possible en politique»
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