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Richard Duval: au nom du père !

20 août 2014, 11:25

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Richard Duval: au nom du père !

Richard Duval, fils de Gaëtan Duval, a souvent fait la Une de l’actualité. La dernière  fois, c’était malgré lui, le dossier d’instruction relatif à son accident de juillet 2013 s’étant égaré avant d’être retrouvé en début de semaine. Portrait d’un fils qui a tenté de calquer sa vie sur celle de son père. Mais pas avec la même réussite.

 

Fils de sang, fils adoptif, filleul de sir Gaëtan Duval. On a tout entendu à propos de Richard Duval, 46 ans. Pourtant à ses yeux, tout est limpide. «Oui je suis le fils de sir Gaëtan Duval. C’est écrit sur mon acte de naissance. Il serait fastidieux d’entrer dans les détails familiaux mais Gaëtan était aussi mon parrain.» Il passe la première partie de sa vie dans le sud de l’île avec sa mère, Jacqueline Dalais, à ne pas confondre avec la restauratrice du même nom. C’est à l’âge de 11 ans qu’il a commencé «à fréquenter Grand-Gaube» où se trouve la maison de son père. À l’époque, Xavier-Luc Duval, l’aîné des fils de sir Gaëtan, n’est pas présent car il est en Grande-Bretagne. C’est cinq ans plus tard qu’il regagne le pays.

 

Richard Duval fréquente le collège St Joseph et brille surtout par ses prouesses sportives. Il est en effet champion intercollèges de saut en longueur mais aussi de Maurice. Statut qui l’entraîne jusqu’aux championnats du monde junior en Grèce et au Japon. Au contact de ce père avocat de renom, flamboyant ministre du Tourisme et vice-Premier ministre, il mène un grand train de vie, «rencontrant de grandes personnalités», voyageant beaucoup, faisant «presque le tour du monde» et apprenant le savoir-vivre.

 

Richard Duval reconnaît avoir «probablement été trop gâté» par ce père qu’il a vraiment commencé à connaître au sortir de la petite enfance, avec qui il partage une complicité hors du commun. Celui-ci voit en lui un héritier politique au point de lui répéter notamment qu’il fera «un bon politicien» parce qu’il aime les gens et sait leur parler et qu’il a un «visage passe-partout». Un aîné qui sait tout de même lui administrer des claques quand il l’estime nécessaire.

 

À un moment, Richard Duval part retrouver sa mère en Australie dans l’optique d’y faire sa vie mais regagne Maurice un an et demi plus tard. Pour repartir étudier deux ans et demi en France en vue de devenir entraîneur professionnel de chevaux. C’est chez le célèbre entraîneur français Robert Collet à Paris Chantilly qu’il apprend le métier. Lorsqu’il regagne le pays en 1993, ce membre du Mauritius Turf Club fait une demande en vue d’avoir une écurie. Autorisation qu’il obtient en juillet 1994.

 

Les choses vont bien pour lui jusqu’à ce qu’il soit accusé par le chef des palefreniers de son écurie d’avoir reçu des directives pour injecter un produit qui s’avère dopant au cheval Hale n’ Hearty. Accusation qu’il qualifie de «coup monté» destiné à le nuire. En attendant les conclusions de l’enquête, il ferme son écurie et mise sur la politique. Il commence d’ailleurs à descendre sur le terrain à Mahébourg, village qu’il connaît bien car il y a passé une partie de son enfance et dans lequel le Parti mauricien social démocrate (PMSD) a une bonne assise. Bien qu’il soit innocenté, cette allégation de dopage le prive d’un ticket électoral car le jugement tombe au lendemain du Nomination Day pour les générales de l’an 2000. Il est persuadé qu’il aurait fait la différence à Mahébourg/Plaine-Magnien car le résultat était serré entre Bunwaree et Collendavelloo.

 

À l’époque, il vit des revenus d’une société de nettoyage qu’il a montée et comme consultant pour une compagnie de construction. Il obtient son premier ticket à Mahébourg en 2005 et est élu en deuxième position après Yatin Varma. L’écart entre eux deux est de 66 voix. Richard Duval avoue que s’il s’est fait battre par Varma, c’est en partie de sa faute. «Un ami de la National Investigation Unit m’avait dit que selon leurs prévisions, j’allais devancer Varma par 300 voix dans une zone spécifique. Comme nous étions en alliance, je le lui ai dit et c’est ce qui lui a permis de rattraper son retard.»

 

Il fait son entrée au Parlement comme député et est aussi nommé secrétaire parlementaire privé. En sus d’apprendre le fonctionnement de l’Assemblée nationale, il sillonne sa circonscription et découvre l’étendue de la pauvreté et décide de donner 25 % de son salaire aux nécessiteux. Il découvre aussi la «vraie mentalité» des politiciens. «Un jour, c’est oui, le lendemain, c’est non.» Fait-il allusion au Premier ministre ? «Pourquoi lui ? L’allusion aurait pu être pour Bérenger aussi. Je parle des politiciens en général et j’en fais aussi partie. Disons que j’ai appris qu’il ne faut pas leurrer les gens et surtout ne pas les prendre pour des imbéciles.» Comme feu son père, il reçoit les gens à son bureau. «Comme Gaëtan, je disais que mon bureau restait ouvert 24h sur 24 et c’était vrai. Cela faisait ma force. J’ai essayé d’apprendre des défauts de Gaëtan mais  finalement, je me suis retrouvé comme lui», dit-il, faisant allusion à l’affaire Cindy Legallant, nutritionniste arrêtée avec une importante cargaison de Subutex. Pour la nutritionniste, il avait signé une demande d’accès VIP à l’aéroport. Richard Duval reconnaît l’avoir reçue avec son mari à son bureau de Sterling House.

 

«Ils paraissaient bien sous tous rapports et nous avons socialisé. J’ai déjà dîné chez elle une fois et ma famille et moi l’avons invitée à dîner une ou deux fois. Je crois qu’elle socialisait avec d’autres politiciens aussi. Elle avait un hidden agenda mais je l’ignorais. Elle m’a demandé mon aide et je l’ai aidée comme je l’aurais fait pour n’importe qui me l’aurait demandé. Si j’avais su qu’elle trafiquait, je l’aurais bouté hors de mon bureau», dit-il en exhibant un affidavit juré par Cindy Legallant le 7 avril 2010 à la prison de Beau-Bassin dans lequel elle déclare que Richard Duval n’a jamais été au courant de ses relations personnelles, ni de la nature de ses transactions d’affaires et qu’il n’en a jamais bénéficié.

 

Richard Duval concède que le fait d’avoir vu son nom associé à celui de Cindy Legallant l’a cassé personnellement. Politiquement aussi car l’affaire lui coûte un ticket électoral en 2010. «J’étais extrêmement déçu mais les politiciens ont tendance à rebondir. Dans le passé, ils ont aussi essayé d’associer mon papa à la drogue. Gaëtan et moi avons fait l’erreur de nous entourer de flatteurs et de yes-men. At the end of the day, vous vous retrouvez poignardé dans le dos. Et en ne refusant pas d’aider quelqu’un, cela m’a joué des tours.»

 

Il pense à poser en indépendant mais après une conversation avec son frère, il s’en abstient. En surface leurs rapports sont corrects. Richard Duval ne peut s’empêcher de noter qu’on ne lui confie aucune responsabilité dans l’exécutif du parti mais qu’on s’attend à ce qu’il remplisse les autobus du parti le 1er mai.

 

En 2012 toutefois, Richard Duval revient sur la scène politique en tant que président de la State Property Development Company (SPDC) Ltd. En juillet 2013, il fait à nouveau parler de lui à la suite d’un accident sur l’autoroute et pour lequel il refuse un alcootest sous prétexte qu’il a consommé un sirop pour la toux. Il est poursuivi par le Directeur des poursuites publiques et son affaire a été renvoyée à novembre. Il maintient être asthmatique. «J’étais stressé et j’avais pris du sirop pour la toux.» Franchement, au point d’influer sur un alcootest ? «Il faut le voir autrement. J’aurais pu avoir dit que quelqu’un d’autre conduisait ma voiture et s’est enfui après l’accident. J’ai pris mes responsabilités et après cet accident bête, j’ai été au poste de police pour donner ma déposition. Je risque une perte de points ou même un retrait de licence et je n’y pourrai rien.»

 

Richard Duval démissionne de la SPDC Ltd le matin du 7 juin en solidarité avec son frère, qui lui, claque la porte du ministère des Finances dans l’après-midi. Un mois plus tard, le benjamin des Duval crée la surprise en démissionnant de toutes les instances du PMSD. «Lorsque je fais mon bilan, je réalise que j’ai toujours tout donné à Xavier et que je l’ai respecté en tant qu’aîné mais que lui ne m’a jamais accepté, ni aimé. Je n’ai jamais été dans ses good books et je crois qu’il y avait beaucoup d’hypocrisie de son côté. C’est malheureux mais il faut dire les choses comme elles sont.»

 

Il déclare que lui et Rama Valayden voulaient essaimer des cellules  du PMSD dans Maurice et qu’après avoir reçu le feu vert de Xavier-Luc Duval, ce dernier s’est rétracté. Autre chose qui lui est resté en travers de la gorge, c’est que la semaine précédant sa démission du PMSD, il a rendu visite à son frère dans son bureau à Astor Court. Là, il s’est entendu dire qu’il aurait dû avoir pris rendez-vous. «C’était too much. Jamais plus je ne pourrai retravailler avec Xavier.»

 

Il se voit bien créant son propre parti. Mais se voit mal intégrant un autre parti. «Je me vois mal mettre un pavillon autre que bleu sur ma voiture. Je vois devant moi un grand boulevard et je me dis qu’après les Ramgoolam, Bérenger, Jugnauth, le paysage politique va s’ouvrir pour moi.» Et si le leader du PTr lui offre un ticket ? «Je réfl échirai en regardant l’horizon politique…»

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