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Gian Dasoo : pêcheur d’huîtres malgré son handicap
12 septembre 2014, 07:00
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Gian Dasoo : pêcheur d’huîtres malgré son handicap

Gian Dasoo, 68 ans, vit à l’étage de la maison familiale à Ville-Noire, Mahébourg. Qui dit étage, dit escalier à grimper et à descendre. Mais bien que la poliomyélite l' ait privé de l’usage de ses jambes depuis qu’il a six ans, il se déplace sur ses mains, descendant les perrons en béton et se hissant sur son fauteuil roulant avec agilité. «Mo santi moi normal», raconte-t-il.
Cela fait maintenant plus de 50 ans qu’il pêche professionnellement dans le lagon et hors lagon à bord de son bateau et qu’il va tirer les huîtres sauvages durant la saison qui va de mai à début septembre. «Je n’ai jamais trouvé cela difficile», confie Gian Dasoo, 68 ans. Lui, vit à l’étage de la maison familiale à Ville-Noire, Mahébourg. Qui dit étage, dit escalier à grimper et à descendre. Mais bien que la poliomyélite l' ait privé de l’usage de ses jambes depuis qu’il a six ans, il se déplace sur ses mains, descendant les perrons en béton et se hissant sur son fauteuil roulant avec agilité. «Mo santi moi normal», raconte-t-il.
S’il en est ainsi, c’est que lorsque l’épidémie de poliomyélite se déclare à Maurice et paralyse beaucoup d’enfants, dont lui, au lieu d’en avoir honte et de le cacher comme le faisaient bon nombre de parents autrefois, sa mère se démène pour qu’il puisse continuer à fréquenter l’école primaire.
«Mo mama inn al plor ar met-dekol ek misie la inn aksepte. Mo mama inn sarye mwa lor so zepol toulezour pou amenn mwa lekol ek ramenn mwa lakaz lapremidi.» Pour la remercier, Gian Dasoo s'applique à être studieux et obtient un résultat de fin de cycle primaire honorable, soit trois A et un B.
C’est le manque de moyens financiers – huit bouches à nourrir pour un père vendeur saisonnier de fruits au marché de Curepipe – qui l’empêche de poursuivre des études secondaires. Pour le distraire, ses frères, qui vont pêcher, l’emmènent avec eux en mer avant de lui apprendre à nager et à plonger. Il applique leurs conseils, si bien qu’il se met à pêcher des huîtres sauvages à Vieux-Grand-Port et Vallée-Rouge. Ensuite, il apprend à taquiner le poisson.
En ce moment, la saison des huîtres tire à sa fin et il met toute son énergie à aller les déloger lorsqu’elles sont agrippées aux rochers en eau peu profonde ou en plongeant lorsqu’il tombe sur un parc d’huîtres. Ce faisant il est devenu un expert en la matière.
«Ou gayn bann zwit dan mwa ki pena r. Li komanse en me ek fini ver fin out, mem ziska mi-septam. Apre sa, nou pa tire parski bizin les zot reprodwir. Sinon nou pou detrwir zot ek nou mem», explique-t-il avec philosophie.

© Beekash Roopun
Ces huîtres se trouvent surtout à l’embouchure des rivières, là où les eaux sont saumâtres. «Kouma ena mikrob dan dilo dou, mo tir zot ek mo met zot enn nwit dan dilo sale pou les zot purge. Parfwa, mo bizin al tir zot ar mask ek pipet parski zot kol lor ros dan fon.» Il suit généralement le cycle des marées pour aller les pêcher.
Une fois qu’elles ont purgé et qu’il a des commandes, il les tire de l’eau salée, les met dans son filet et les emmène à la maison où il les débarrasse des algues qui les recouvrent en les brossant et les ouvrant à l’aide d’un tournevis et d’un marteau. Réputé pour la qualité des huîtres sauvages qu’il a pêchées, Gian Dasoo reçoit des gens venus de loin pour les acheter. Les huîtres sauvages se vendent actuellement à Rs 200 la livre.
La mer s’est tellement appauvrie, dit-il, que les huîtres d’argent ont quasiment disparu. «On n’en trouve que deux types d’huîtres sauvages, les grosses et les moyennes ». Parfois, il se fait accompagner de sa femme Kemawtee et de leurs deux filles pour les pêcher.
Le poisson est aussi plus rare dans nos eaux. «Il en est ainsi depuis une dizaine d’années. Nous sortons en mer et nous couvrons nos frais d’essence mais nou pa gayn nou la zourne touletan. Zordi si dimounn pa konpran la mer, zot pa pou kapav gayn zot lavi. Ena tro fertilizan dan kann ki al dan la mer e ki farouss poisson e touy bann zwit.»
Gian Dasoo est tout aussi à l’aise en mer que sur terre. Élu vice-président de son village, il est aussi président du Fraternité mauricienne Rehabilitation Centre, qui regroupe une soixantaine de personnes handicapées, pratiquant comme lui le basket-ball et jouant à la pétanque en fauteuil roulant. «Monn dir mo bann kamarad, si zot le respekte zot, zame tal lamin. Zot bizin travay ek depann lor zot mem. Saken bizin fer so zefor ek debriye.» Bel exemple de persévérance et de courage…
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