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Thierry Hugnin, Managing Partner, KIBO Capital Partners: «Le Kibo Fund II s’apprête à racheter 25 % du capital d’une banque kenyane»

9 novembre 2014, 12:29

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Thierry Hugnin, Managing Partner, KIBO Capital Partners: «Le Kibo Fund II s’apprête à racheter 25 % du capital d’une banque kenyane»
 
Thierry Hugnin, le fondateur et Managing Partner de Kibo Capital Partner, a toutes les raisons d’être heureux. À peine constitué, le Kibo Fund II, un fonds de Rs 3 milliards se prépare, dit-il, à conclure son premier deal d’ici la fin de l’année, alors que d’autres sont en attente d’être finalisés.
 
Vous avez lancé officiellement vendredi dernier le Kibo Fund II qui prend en quelque sorte le relais du Kibo Fund I. Quelle évaluation faites-vous de la performance du Kibo Fund I ?
Le Kibo Fund, lancé en 2008, est un Private Equity Fund de USD 40 millions destiné à des investissements privés dans les pays du sud et de l’est de l’Afrique et de l’océan Indien.
 
Initié par Ciel Group Investment, le Kibo Fund est un fonds à durée limitée de dix ans, géré par Ciel Group Capital (International) Limited, connu aujourd’hui comme Kibo Capital Partners. Celui-ci a eu une solide performance depuis son lancement.
 
À ce jour, nous avons investi dans une banque en Tanzanie, la I&M (T) Ltd en partenariat avec I&M Bank (Kenya) et Proparco. Cette banque, qui a une stratégie de développement bien précise pour être parmi les leaders du marché tanzanien, est très performante, nous confortant dans notre décision d’y investir.
 
Nous sommes aussi très satisfaits de notre partenariat avec Orange Madagascar qui représente environ 57 % du marché de la téléphonie de la Grande île.
 
Nous avons aussi investi dans le secteur de l’assurance à Maurice, nommément Swan Insurance, dans une centrale thermique de 90 MW en Ouganda ainsi que dans le principal groupe de santé privé d’Ouganda, l’IMG Group.
 
Après cinq ans, soit depuis l’année dernière, le Kibo Fund a enclenché les procédures pour engager sa stratégie de sortie en vendant sa participation dans des sociétés dans lesquelles il avait pris des positions minoritaires substantielles, dont Intendance Holding Limited, générant d’ailleurs un retour de deux à trois fois la valeur de notre investissement initial et un IRR (Internal Rate of Return) de plus de 20 %.
 
Notre évaluation de la performance du Kibo Fund est donc très positive, d’autant plus que nous faisions face à l’époque à des conditions économiques difficiles mondialement.
 
Dans quelle mesure le Kibo Fund II sera différent du premier fonds ?
Le Kibo Fund II sera une continuation du premier fonds qui avait déjà pris forme l’année dernière. Du reste, sa première levée de fonds a eu lieu en juin dernier pour un montant de USD 50 millions. Nous espérons recueillir le même montant lors du prochain exercice fixé à la même période l’année prochaine. Au total, nous espérons disposer d’un fonds d’une plus grande taille, près de Rs 3 milliards.
 
Comment comptez-vous les investir ?
La stratégie du Kibo Fund II sera la même que le premier fonds, soit de prendre des parts minoritaires substantielles dans des entreprises ou projets en situation d’expansion, afin de participer activement à leur développement. Par ailleurs, les choses sont bien engagées pour ce deuxième fonds. Outre Ciel Group qui participe à hauteur de USD 5 Millions dans ce fonds (près de 10 %), d’autres actionnaires participent à son capital. Dont International Finance Corporation, la Banque africaine de développement (BAD), DEG (une des principales banques allemandes), Anglo-Mauritius, des institutions locales et étrangères et des investisseurs privés, entre autres.
 
Comme un Private Equity Fund, ce fonds privilégie la région pour ses choix d’investissement. Pourquoi?
En plus des opportunités et de la proximité géographique, Maurice dispose de liens économiques étroits avec ces pays, notamment grâce à la Southern African Development Community et au Common Market for Eastern and Southern Africa, qui nous fournissent une longueur d’avance par rapport à d’autres pays investisseurs.
 
L’Afrique a une population croissante qui mène au développement économique de ces pays et regorge aussi de ressources naturelles.
 
Par ailleurs, l’amélioration de sa corporate governance lui donne aussi le potentiel de se développer. Ces trois raisons principales nous encouragent à poursuivre notre investissement dans la région.
 
Quels sont les risques qu’un fonds d’investissement comme Le Kibo Fund est appelé à prendre pour investir hors de son territoire ?
Investir en Afrique comporte toujours des risques, qu’ils soient politiques ou liés au niveau du taux de change par exemple, ou encore liés au manque de ressources qualifiées et à la nature des projets dans lequel nous investissons. Notre tâche est cependant de nous assurer que ces risques sont gérés de façon optimale pour assurer un retour minimal de 20 % comme requis pas nos actionnaires.
 
Cependant, notre expérience du terrain et notre réseau nous permettent d’envisager sereinement ces investissements hors du territoire. Le Groupe Ciel est présent en Afrique et dans la région depuis de nombreuses années. Nous pouvons donc également nous appuyer sur les compétences locales que d’autres n’ont pas forcément.
 
Quels sont les pays qui représentent les meilleures opportunités d’investissements ?
Comme dans le premier fonds, il ciblera des investissements dans les mêmes régions géographiques que le premier. Je pense notamment au Kenya, à la Tanzanie, à l’Ouganda, au Mozambique et à la Zambie et dans une certaine mesure à Madagascar qui souffre encore d’une instabilité économique. Des pays où le potentiel de croissance est énorme, plus de 5 % à 6 % dans certains cas. Il faut dire que nous prévoyons d’investir près de 75 % du portefeuille du Kibo Fund II dans ces régions d’Afrique subsaharienne.
 
Existe–il des secteurs économiques que Kibo Fund compte privilégier dans sa stratégie d’investissements?
Bien sûr que oui. Ce sont des secteurs liés aux services financiers, plus particulièrement les banques, les assurances, les institutions de microcrédit ou encore des opérateurs engagés dans l’intermédiation financière. Notre démarche est d’intervenir dans des compagnies de ce secteur, de préférence de taille moyenne et de les accompagner dans leur expansion en Afrique.
 
C’est le même raisonnement qui guide le Kibo Fund II pour les autres secteurs ciblés, dont les services de santé, l’éducation, plus spécifiquement l’enseignement secondaire et tertiaire, et l’hospitalité.
 
Parallèlement, nous sommes intéressés à répondre aux attentes d’une classe moyenne grandissante qui a les moyens financiers d’acquérir des produits de consommation courante en prenant des positions significatives dans le capital des entreprises engagées dans ce secteur d’activité.
 
D’une manière générale, nous constatons que l’Afrique est à une étape de son développement où des investissements étrangers sont nécessaires pour soutenir certains secteurs économiques, plus particulièrement ceux tournés vers les services. Que ce soit les services de santé, l’hospitalité ou encore l’éducation, il y a forcément une demande dans des pays d’Afrique orientale et australe pour que le privé y apporte sa contribution et son savoir-faire pour répondre notamment aux attentes d’une population ayant un certain pouvoir d’achat.
 
Kibo Capital Partners est actuellement impliqué dans le marketing de ce deuxième fonds. Quelle est la réaction auprès des pays cibles ?
Nous venons tout juste de commencer et nous avons de bonnes raisons de croire que comme le premier, ce deuxième fonds trouvera des sociétés prêtes à nous faire confiance.
 
Nous avons un bilan satisfaisant couplé avec l’expertise de notre équipe en interne et celle de notre bureau à Nairobi qui nous conforte dans notre mission. Par ailleurs, nous projetons d’ouvrir un autre bureau à Johannesburg au début de l’année prochaine pour nous encadrer dans nos opérations.
 
Peut-on s’attendre à de gros deals prochainement?
D’ores et déjà, nous travaillons à conclure nos premières transactions, la première portant sur une participation minoritaire de 25 % dans le capital d’une banque moyenne au Kenya, soit autour d’un investissement de USD 7 millions à USD 10 millions. Nous pensons pouvoir conclure le deal d’ici à la fin de l’année.
 
L’autre transaction a trait au secteur de l’éducation, plus spécifiquement à un vaste projet d’enseignement secondaire et tertiaire ainsi qu’à la formation professionnelle à travers le continent.
 
Nous avons bien évidemment d’autres projets dans le collimateur, dont un dans l’agro-industrie en Zambie.
 
Peut-on peut dire que le Kibo Fund II est bien parti en Afrique ?
On peut. Mais il faut comprendre qu’en Afrique les choses ne bougent pas aussi vite qu’on aurait souhaité. Il faut être patient. Le continent a ses propres réalités et spécificités.
 
Certes, il existe d’excellentes perspectives avec des opportunités d’affaires pour les petites et moyennes entreprises. Nous intervenons pour en prendre avantage et assurer un retour appréciable sur nos investissements.

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