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Caroline Jeanne Williams: pour une utilisation durable de l’eau
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Caroline Jeanne Williams: pour une utilisation durable de l’eau

La Mauricienne Caroline Jeanne Williams n’a pas choisi la voie facile. Cette jeune femme s’est spécialisée en génie civil et en hydrologie, après avoir pris conscience que l’eau est devenue une question fondamentale à l’échelle mondiale.
Une femme de passion comme sa mère Ambal Jeanne, directrice de SOS Femmes et feu sa tante, l’avocate Rada Gungaloo, c’est l’impression que Caroline Jeanne Williams laisse. Si ces deux aînées ont toujours réagi au quart de tour face à la violence envers les femmes, la jeune femme réagit tout aussi vite quand il s’agit de risques d’inondations, recommandant des mesures de protection, d’atténuation et/ou de résilience pour contrer cette résultante du changement climatique. Elle le fait professionnellement pour le compte de SLR Consulting Ltd, société de consulting environnementale internationale dont le quartier général se trouve en Grande-Bretagne.
Si elle y vit désormais, elle est tout de même née et a grandi à Port-Louis. Caroline Jeanne Williams a fait sa scolarité primaire à l’École du Nord, avant de compléter son cycle secondaire au Bocage International School. Intéressée par le génie hydraulique et sachant qu’une éducation internationale en la matière l’exposerait à un plus grand nombre de cas d’études, elle a fait des demandes d’admission auprès d’universités anglaises et australiennes. Ce qui a été déterminant dans son choix de l’Université de Brighton en Grande-Bretagne, c’est le fait qu’elle a obtenu une bourse partielle.
Ayant facilement décroché son diplôme en génie civil, elle a complété sa maîtrise en hydrologie pour la gestion environnementale à l’Imperial College de Londres. «J’ai réalisé que l’eau, qu’elle soit sous forme d’inondation ou qu’elle vienne à manquer, est devenue une question essentielle à l’échelle mondiale. Et bien que ces phénomènes soient naturels, il est impératif que les humains gèrent cette ressource pour leurs besoins en eau potable, pour l’agriculture et le développement.»
Elle s’est spécialisée dans le drainage des eaux et en évaluation des risques d’inondations, qui font partie des applications de planification en Grande-Bretagne. «Le but de cette évaluation est de s’assurer que le développement proposé est sûr et qu’il n’augmente pas les risques d’inondations ailleurs. Cette évaluation peut aller d’une simple révision des données existantes à la réalisation informatique de modèles en une ou deux dimensions.»
Jusqu’ici, elle a travaillé sur de nombreux projets, le plus notable étant un projet de réaménagement à Croydon, au sud de Londres, où il fallait concevoir et évaluer une diversion partielle d’un flux à partir d’un caniveau jusqu’à un chenal avant qu’il ne se déverse dans la rivière Wandle. Pour cela, elle a dû construire un modèle hydraulique afin d’établir les conditions de base et évaluer les risques d’inondations de cette diversion
sur le site et ses alentours.
Caroline Jeanne Williams a aussi fait la conception préliminaire d’un barrage de terre faisant partie d’un plan d’allégement des inondations pour un village. «J’ai été directement impliquée dans la conception préliminaire du déversoir au niveau hydraulique.»
Elle précise qu’il faut différencier les mesures de protection contre les inondations de celles de résilience contre ce phénomène. «La protection contre les inondations se réfère à une série de mesures conçues pour s’assurer qu’un développement futur demeure au sec en cas d’inondation. Ces mesures comprennent une élévation du plancher ou la construction d’un mur de défense contre l’inondation. Par contre, les mesures de résilience n’empêcheront pas l’inondation mais s’assureront que les matériaux de construction et l’intérieur du bâtiment ne sont pas endommagés par l’inondation. Ces mesures de résilience comprennent des drainages rétrospectifs pour les développements industriels et commerciaux ainsi que le contrôle de ces décharges.»
Un exemple de mesure de protection contre les inondations pour, mettons, un bloc d’appartements situé dans une région sujette aux inondations, est de relever le plancher au-dessus du niveau probable de l’inondation. «Le plancher peut être utilisé comme aire de stationnement pour voitures, avec la mise en place d’un plan d’évacuation permettant aux résidents d’avoir le temps de transférer leurs véhicules ailleurs en cas d’annonce d’inondation. On aurait aussi pu créer une zone de remblai avec l’aménagement d’une zone pour le stockage des eaux.»
Elle ne recommanderait pas d’élever le plancher comme mesure de protection, par rapport à des bureaux existants. «Cela exigerait trop de travaux de construction. Comme ce développement comporte moins de vulnérabilité du fait que les gens n’y sont présents qu’aux heures de bureau, je recommanderai seulement des mesures de résilience, c’est-à-dire un plan d’évacuation sûr et l’élévation de toutes les prises électriques au-dessus du niveau probable de l’inondation.»
Et pour les maisons de particuliers à risques d’inondations soudaines (flash floods), Caroline Jeanne Williams estime que des mesures rétrospectives de résilience peuvent être appliquées, de même que des mesures de protection temporaires comme l’aménagement d’écluses, un bon système d’évacuation en cas d’alerte et la sensibilisation à toutes sources ou causes possibles d’inondations.
Elle est persuadée que toutes les catastrophes naturelles de ces dix dernières années sont la résultante du changement climatique. Mais elle n’est pas sûre jusqu’à quel point l’activité humaine en est la cause. «Par contre, je suis persuadée que nous impactons de façon adverse sur l’environnement. Tout comme nous avons longtemps occulté le développement durable, bien que la tendance commence à s’inverser. Mais beaucoup reste à faire en la matière.»
À ses yeux, établir un lien entre l’intervention humaine et le changement climatique n’est pas pertinent. «Ce qui l’est, c’est que nous sommes en train de détruire l’environnement et que nous devons arrêter cela. Tout cela dit, nous devons être préparés à nous protéger contre les effets adverses du changement climatique qui vont crescendo et ce, par des mesures de protection et de résilience contre les inondations. En parallèle, il faut aussi améliorer les prévisions météorologiques, les systèmes d’alerte et de récupération dans les régions où les inondations sont considérées inévitables et ont des effets dévastateurs.»
Le maître mot est une bonne planification, tenant compte des inondations possibles et s’assurant que tout nouveau développement a des systèmes de drainage durables. «Cela inclut l’encouragement à l’épuration de l’eau et à sa réutilisation, de même que la collecte d’eau de pluie et des règles plus strictes avant l’approbation et la délivrance de permis de développement dans des zones inondables.»
Caroline Jeanne Williams prépare actuellement sa demande en vue d’obtenir son statut de Chartered Hydrologist. Elle voudrait soutenir une organisation non gouvernementale s’intéressant à l’utilisation durable de l’eau. C’est ça une femme de passion…
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