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Vient de paraître: Shenaz Patel, l’envers du paradis
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Vient de paraître: Shenaz Patel, l’envers du paradis

Rien ne va plus au paradis. Voilà que le petit monde sous cloche, couleur bleu paon, vire en Paradis blues. Titre du dernier ouvrage de Shenaz Patel, publié chez Vents d’ailleurs, dans la collection Pulsations.
Dans la forme, ce texte, qui se lit d’une traite, en très peu de temps, joue sur des phrases hachées, répétées. C’est un monologue, celui de Mylène, engluée par les choix des autres. D’abord ceux de son père. «Papa ne voulait pas qu’on aille à l’école. Lui-même ne l’avait quasiment pas fréquentée, alors à quoi bon ?» Le décor est planté.
Un petit quelque chose d’inquiétant est introduit subtilement dans le monologue. Interférence de la mémoire, qui fait tout, dès les premières lignes, pour se souvenir de Paradis blues, pièce portée à la scène par Miselaine Duval, en 2009. Une mise en scène d’Ahmed Madani, qui avait transformé, à l’époque, la salle polyvalente du Centre culturel Charles Baudelaire en salle d’hôpital. Transportant le spectateur local au chevet d’une mariée échevelée. Avant que la pièce ne s’envole pour une tournée européenne.
Mais revenons à l’essentiel. Au texte enfin publié. Dans le format d’une nouvelle. Où cette fois, Mylène est enfermée dans la routine de l’usine. «Ne pas faire d’accroc, non, surtout pas. Rester à sa place. Assise, dos rond (…) Ne pas se faire remarquer. Surtout pas.» Et s’entendre seriner par tout son entourage que la seule issue est de chercher un correspondant. Un «machin», «chose», «parfois gros et bedonnant, parfois maigres et secs. Mais toujours âgés. Et rouges. En short et chaussettes. Et souvent de mauvais poil. Mais ça ne semblait pas poser problème.»
Cela n’empêchait pas celles qui étaient parties, qui étaient alors considérées comme ayant réussi, de revenir se pavaner au pays. Image qui croque des réalités locales d’il y a quelques décennies. Mais est-ce que ces mentalités ont beaucoup évolué ? Surtout, quand on se balade dans des localités touristiques, où des expatriés se sont installés. Attirant dans la région une faune de commerçants, au commerce plus ou moins avouables.
Toujours question mentalité, Mylène étouffe à une époque où on croit qu’on risque de tomber enceinte en s’embrassant. Cela prête à sourire. Sauf que les faits divers sordides illustrent parfois le manque d’information sur la vie sexuelle d’une jeunesse livrée à elle-.même, au 21e siècle.
Être femme, c’est, selon la norme, devoir se marier. Devoir ensuite fabriquer un enfant. Quand l’enfant ne vient pas, le mari se détourne, l’entourage devient froid. Ah, le sort des femmes. Oui, il a évolué, mais combien encore reste à faire ?
De quoi devenir folle, quand on y pense. De quoi vous donner des envies de ça-va pas-la-tête. «Arracher la langue de sa mère. Sur son canapé mortuaire.»
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