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Attentes 2015: L’art et la manière

5 janvier 2015, 07:51

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Attentes 2015: L’art et la manière

Ceux évoluant dans le monde artistique et culturel ne se contentent pas d’attendre le changement. Ils ont en fait une idée très précise de la direction que devraient prendre ces domaines, où des améliorations n’ont que trop tardé.

 

Bruno Raya

ARTISTE ET PRODUCTEUR

 

«J’espère que le nouveau ministre des Arts et de la Culture apportera des changements au système de subventions. Ce n’est pas logique que ce soit accordé en deux tranches. Si vous recevez une invitation en dehors des délais imposés par le ministère, qu’est-ce que vous faites ? Vous laissez tomber ? Pa kone kifer inn met li koumsa. Je souhaite aussi qu’on trouve une solution au piratage. Sa pe minn nou depi mari lontan. Je souhaite aussi que la nouvelle équipe ne mélange pas la religion et la culture. L’année dernière, le séga typique est devenu patrimoine mondial. Mari serye. Maintenant il faudrait des structures pour valoriser le séga typique, par exemple à l’aéroport.»

 

Rajesh Callicharan 

GÉRANT DE MCINÉ ET NOVELTY

«La priorité, c’est de supprimer les problèmes de copyright. Il faudrait avant tout simplifier les procédures. Lorsqu’un film sort sur le marché, il nous faut environ trois à quatre semaines avant d’obtenir les documents nécessaires pour pouvoir passer le film en salle. Cependant, c’est une semaine avant la sortie d’un film que je reçois le document attestant que j’ai le power of attorney. Je dois l’enregistrer auprès d’un notaire, ensuite aller à la cour suprême. Il faut aussi passer par l’ambassade. Letan sa pirat fini pass avan ou. Il y aussi des cas où l’hologramme du Film Classification Board est piraté. Nous proposons un film avec visa PG. Ailleurs, le film est vendu avec un visa 15. Pa gagn konpran. Il n’y a plus d’importateur de vidéos originales et ce n’est pas bon pour le pays. Enfin, s’il n’y a plus de TVA sur le prix des tickets de cinéma, il y a toujours 15 % de TVA sur les différents équipements. Nou pa kapav rekiper sa».

 

André Lam

PROPRIÉTAIRE DES LIBRAIRIES BOOKCOURT

«On ne sait pas si les autorités vont reconduire le salon du livre Confluences qui se tient normalement au mois de mars. Après deux éditions, cela a pris une certaine importance. Le nouveau ministre n’a peut-être pas encore eu le temps de s’occuper de ce dossier. Avec ce salon, pendant quelques jours, il y a un buzz autour des livres, même si cela dure le temps des roses. Je dirais qu’il y a des Mauriciens, entre guillemets certes, qui se cultivent. Mais cependant, la plupart préfèrent dépenser leur argent dans les restaurants et les vêtements, quant à la nourriture pour l’esprit, ils n’y pensent même pas. Par ailleurs, j’attends de découvrir quelques grosses pointures. Il y a deux ans, c’était Fifty Shades of Grey. Cette année-ci, il n’y en a pas vraiment. À Maurice, si on vend 100 copies, c’est déjà beaucoup. Je dis toujours aux auteurs mauriciens que s’ils tirent un livre à 500 exemplaires, cela va prendre peut-être trois ans pour tout écouler.»

 

Anna Patten

D’ART ACADEMY

«Nous avons un nouveau ministre des Arts et de la Culture qu’on ne connaît pas bien. Je pense qu’il fera de son mieux pour plaire aux artistes. Je suivrai de près tout ce qui se déroulera au niveau de l’art. Avant il y avait un laisser-aller. Il faut un suivi pour qu’on puisse avancer. Nous sommes un pays d’amateurs ou il y a très peu d’artistes professionnels. Je souhaite que ces derniers soient reconnus. Les professionnels sont appelés à faire des créations mais ne sont pas aidés. J’espère qu’il y aura du changement à ce niveau. Je pense que jusqu’ici, l’art n’a pas bien été présenté. Nous avons une riche culture à Maurice. Ainsi, nous devons exploiter cela à travers des spectacles de symbiose où toutes les cultures seront représentées et non les composite shows qu’on a l’habitude de faire. Je souhaite qu’on efface le passé et que nous allons vers quelque chose de nouveau avec beaucoup plus de transparence.»

 

Gérard Louis 

AUTEUR ET PRODUCTEUR

«Avec le changement au niveau du gouvernement, je m’attends à ce qu’il y ait une évolution positive dans le monde artistique. Ce que je souhaiterais particulièrement, c’est qu’un système soit mis en place pour définir ce qu’est un artiste professionnel confirmé. Il y a une grande différence entre un chanteur qui a fait un album et un autre qui a fait toute une carrière dans la chanson. Il est à mon avis important de mettre en place des paramètres permettant de les distinguer. Ce n’est qu’à ce moment qu’on pourra réellement avancer. Une fois sur pied, ce système va aider dans l’allocation des grants. On pourra ainsi mieux aider les jeunes à faire carrière dans l’art.»

 

Nelly Ardill

PRÉSIDENTE DE SOS PATRIMOINE EN PÉRIL

«Il faut que les ministères du Tourisme et de la Culture marchent ensemble. Le touriste qui vient d’Asie ne s’intéresse pas à la plage. Il s’intéresse plutôt au luxe et veut en particulier connaître le pays. Si chaque village faisait une fête à partir de son patrimoine ou de sa spécificité, chaque week-end on pourrait avoir un événement quelque part qui réunirait jeunes et vieux, verts, jaunes et rouges. Il y a aussi deux ensembles à rénover d’urgence: l’Hôtel de ville de Curepipe et le Château de Mon Plaisir, sans oublier les deux jardins botaniques, celui de Curepipe et de Pamplemousses. Réparer le toit de l’Hôtel de ville est absolument urgent. Il faudrait aussi sauver la section mauriciana de la bibliothèque Carnegie. Au ministère des terres, il y a des cartes anciennes qu’il faudrait à la fois protéger et rendre accessible.»

 

Miselaine Duval-Vurden 

HUMORISTE

«Je suis très contente qu’il y ait un nouveau ministre des Arts et de la Culture. J’attends maintenant que les artistes et le ministre puissent travailler ensemble. Nous ne demandons pas à être assistés à 100 % mais à être accompagnés dans nos projets. Il y a de nombreux talents à Maurice mais nous avons besoin d’infrastructures et d’encadrement adéquats pour pouvoir avancer. Le CSR a ralenti le parrainage des projets artistiques. C’est quelque chose qu’il faut revoir. Les artistes ne sont pas reconnus comme des travailleurs. Nous n’avons pas de statut. Cette situation ne permet pas de prendre des emprunts, par exemple. Le piratage est un autre sujet qu’il faudra aborder avec le ministre. Plusieurs comédiens et metteurs en scène se sont rencontrés pour créer une fédération. Nous attendons de rencontrer le ministre. Nous avons fait une demande en ce sens. Nous attendons voir s’il y aura des changements. On ne peut plus jouer à l’aveugle et au sourd.»

 

Jean- Renat Anamah

DANSEUR ET CHORÉGRAPHE

«J’ai beaucoup d’attentes pour cette nouvelle année, surtout en ce qu’il s’agit du nouveau ministre des Arts et de la culture. Je n’étais pas à Maurice quand j’ai appris la nouvelle et j’ai jubilé, en particulier lorsque le ministre a avoué qu’il y avait beaucoup d’incompétence dans ce domaine. C’est d’ailleurs une réalité. J’espère que lui fera l’effort de la compétence. La danse contemporaine est mal lotie et incomprise. Il y a beaucoup à faire dans ce secteur. Je souhaiterais qu’il y ait plus de formation pour les aspirants danseurs et chorégraphes. Au lieu de ne faire que de l’animation, on devrait plus aller vers la création. Je souhaiterais également plus de soutien de la part du public. Pour ce faire, il faudrait qu’on redonne vie au théâtre et construire de nouveaux lieux où on pourrait accueillir le public et lui faire comprendre notre art.»

 

Dev Chooramun

PRÉSIDENT DE ACTION FOR ARTISTIC CREATIVITY

«Nous attendons que la National Art Gallery ait enfin ses locaux. La li ankor lor papie. Nous souhaitons une galerie digne de ce nom avec une exposition permanente qui dévoile l’art mauricien. L’emplacement que l’ancien régime avait choisi ( NdlR: à la route du quai à Port-Louis, en face de l’Aapravasi Ghat), n’est pas approprié. Li pre ar lamer. À moins que les mesures de protection des oeuvres ne soient mises en place. Il faudrait que le ministère des Arts et de la Culture embauche des conseillers qui soient concernés par des domaines artistiques autres que la musique. Mo dir kareman ki artis plastisien finn delese».

 

Stephen Bongarçon 

DANSEUR ET CHORÉGRAPHE

«Bizin netoy lotel. Je ne sais pas de quel ministère cela relève, si c’est du Travail, du Tourisme ou des Arts et de la Culture, mais il faudrait mettre de l’ordre dans la manière dont se font les cabarets dans les hôtels. Bizin dres sa sistem travay-la. Je vous parle en connaissance de cause. Les groupes artistiques n’ont pas de contrat avec les hôtels. Il y a même des groupes qui ont travaillé pendant huit ou neuf ans dans un établissement et du jour au lendemain – arrivé le 20 décembre – on leur dit de plier bagage. Enn lot pe vini. Pourtant, la plupart des artistes mauriciens en dépendent. Si pou atan enn spektak dan teat, pou bizin al fer mason ouswa ebenis. Il y a des hôtels qui savent ce qu’est la qualité alors que d’autres présentent de banals spectacles. Les vraies compagnies de danses auraient dû avoir une subvention pour faire des créations. Une subvention accordée selon des critères objectifs et sérieux. Ensuite, il faudrait organiser un grand spectacle autour de la ravanne. Depuis que le séga typique est devenu patrimoine mondial, qu’est-ce qui a été fait pour valoriser cette richesse ? Mais surtout aider les Mauriciens à prendre conscience. San kiltir, nou pa nannien.»

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