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Sateeaved Seebaluck, secrétaire du cabinet: «Compléter la réforme de la Fonction publique»

10 janvier 2015, 08:22

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Sateeaved Seebaluck, secrétaire du cabinet: «Compléter la réforme de la Fonction publique»

Le nouveau chef de la Fonction publique et secrétaire du cabinet, Sateeaved Seebaluck est déterminé à boucler la réforme du secteur. Cela, par le biais de la formation continue et de l’introduction de technologies nouvelles.

 

Logé au bâtiment du Trésor, le nouveau chef de la Fonction publique et secrétaire du cabinet, Sateeaved Seebaluck occupe le même bureau que son prédécesseur, Suresh Seeballuck, avec qui il n’a toutefois aucun lien de parenté. Lorsque nous le rencontrons en début de semaine, ce galant homme non dénué d’humour, se définissant comme un «ti bonhomme de 63 ans», est occupé à finaliser l’exercice de couplage des hauts cadres aux ministères et à user de tout son pouvoir de persuasion par téléphone pour régler certains problèmes administratifs et renverser quelques rares poches de résistance. Le tout, accompagné de soupirs et d’interjections comiques du genre «Baprebap !»(ouf!).

 

Bien que sa nomination se situe dans le cours normal des choses du fait qu’il était le Senior Most parmi les Senior Chief Executives, Sateeaved Seebaluck se dit «très honoré» que le Premier ministre l’ait trouvé digne d’occuper de si hautes fonctions. «Lorsqu’on est arrivé à ce niveau-là, on n’a pas droit à l’erreur.» Le plus étrange dans son parcours, c’est que l’avant dernier des cinq enfants nés d’un père instituteur et d’une mère femme au foyer, boursier au primaire et qui a complété des études dans la filière scientifique au Collège Royal de Port-Louis, voulait être ingénieur maritime.

 

Mais étant très rationnel, il comprend très tôt qu’il vaut mieux être avant tout employable et tâte le pouls du marché. Et réalise que le secteur porteur du futur est l’économie. C’est donc dans ce domaine qu’il se spécialise à New-Delhi en Inde. Sa licence d’économie en poche, il regagne Maurice et postule auprès de plusieurs banques et institutions financières et même auprès d’écoles dans le but d’enseigner. Neuf mois s’écoulent, «le temps d’un bébé» précise notre interlocuteur, sans qu’il n’obtienne de réponse favorable. «Le chômage battait son plein et la période n’était pas propice à l’emploi. C’était déprimant car les parents ne roulaient pas sur l’or. Ils avaient cinq bouches à nourrir en sus des leurs et ça pesait sur ma conscience, croyez-moi.» Lorsque la Public Service Commission recherche un économiste pour le ministère du Plan, il fait acte de candidature. Et fait de même lorsqu’il tombe sur un avis de recrutement émanant de l’administration publique.

 

Au début de l’année 1976, le ministère du Plan le recrute comme Economist. Il n’y fait pas long feu car cinq mois plus tard, c’est le ministère des Finances qui le sollicite pour un poste d’Administrative Officer. Entre les deux, il n’y a pas photo et c’est le ministère des Finances qu’il choisit pour commencer sa carrière dans l’administration publique. Appelé à justifier ce choix, Sateeaved Seebaluck explique que l’administration jouissait à l’époque d’une réputation  d’excellence. «Elle était considérée comme le cadre pour l’élite de la Fonction publique et les chances de promotion y étaient plus grandes». On ne peut pas vraiment dire qu’il en ait bénéficié car pendant 14 ans, il stagne au même niveau, passant neuf ans et demi aux Finances, temps qui lui a donné «une très bonne base» au ministère de l’Agriculture où il travaille pendant un an et demi avant d’être muté au ministère du Logement, des Terres et de l’Environnement. Il aide à créer le premier département de l’environnement qui prendra au fil des années de l’importance au point de devenir un ministère à part entière.

 

En 1990, il est transféré au ministère de la Santé et c’est là qu’il obtient sa première promotion, devenant Principal Assistant Secretary. Renvoyé au ministère de l’Environnement institué en 1989, il attendra dix ans avant d’être nommé secrétaire permanent. Cela ne l’empêchera pas d’aider à jeter les bases du développement durable et à participer pleinement aux sommets internationaux tels que celui de Rio, de Johannesburg et il aidera à organiser à Maurice la Conférence des petits États insulaires en développement. C’est après dix ans, soit en 2010, que le poste de Senior Chief Executive lui est offert. Promotion qui s’accompagne simultanément d’un transfert au ministère de la Fonction publique. «Au départ, je n’étais pas content», avoue-t-il. «Et puis, j’ai commencé à aimer car il y avait un gros défi à relever : celui de démarrer la réforme de la Fonction publique qui est vitale pour un pays. Car sans elle, l’État n’existe pas. Elle assure la continuité de l’État. Son rôle est de mettre en oeuvre la politique du gouvernement du jour et pour cela, il faut définir les cadres institutionnels et légaux.»

 

Aux yeux des étrangers pourtant, la Fonction publique ne semble pas avoir subi de mutations majeures. À cela, Sateeaved Seebaluck réplique qu’il s’agit d’une fausse perception. «Le plus gros problème de la Fonction publique est qu’elle est mal perçue. Les gens pensent à tort que les fonctionnaires gobent l’air jusqu’à 16 heures et n’attendent que le moment de rentrer chez eux. S’il est vrai qu’il y a des brebis galeuses, elles sont dans tous les secteurs. Ce n’est pas la majorité. Et la presse parfois vient alimenter cette fausse perception.»

 

Il reconnaît toutefois que la réforme est loin d’être terminée. «Il y a encore à faire. La professionnalisation de la Fonction publique va de pair avec les moyens logistiques. Et ça vient. C’est dans notre stratégie de réforme. J’ai donné beaucoup de montants pour la réforme et il y a pas mal de choses que l’on met en place. De toutes les façons, la professionnalisation est ma priorité. Je crois dans la formation continue et c’est pour cela que je fais du collège de la Fonction publique une de mes priorités. Je crois aussi dans l’introduction de nouvelles technologies qui entraîneront forcément un changement dans les procédures qui sont parfois lourdes, bien que la bureaucratie ait grandement diminué.»

 

Certes mais comment changer les mentalités ? «Je ne crois pas que l’on change les mentalités d’un coup. Je crois que si l’on donne les moyens techniques aux fonctionnaires, ils seront obligés de les appliquer et gagneront en rapidité et en efficacité. La mentalité sera obligée de s’adapter à la technique.» De toutes les façons, ajoute-t-il, la bonne gouvernance se trouve davantage dans le secteur public que privé. «Il y a tellement de points de contrôle dans le secteur public maintenant que la bonne gouvernance est presque automatique. Vous n’avez qu’à voir les scandales de ces derniers temps. Ils n’étaient pas dans la Fonction publique.»

 

Sateeaved Seebaluck entend réorganiser les procédures pour que «le service soit plus rapide, efficace et effectué dans la transparence. Je crois que tout se résume à servir de la même façon que l’on voudrait être servi. C’est mon objectif.»

 

Avec son épouse Nirala, éducatrice dans le secteur public qui a pris une retraite prématurée, ils ont un fils de 35 ans, Avnish, qui est ingénieur aérospatial. Ce dernier a travaillé de longues années au Centre spatial de Toulouse, en France, avant de tout plaquer pour rentrer car il avait le mal du pays et de ses proches. Il a pris un emploi dans un secteur très différent de sa spécialisation, à savoir la téléphonie comme Project Manager dans une compagnie internationale basée à Maurice. Il tarde à Sateeaved Seebaluck d’être grand-père. «Mon fils est marié mais n’est pas encore décidé à fonder une famille. J’aurais vraiment souhaité avoir un petit-enfant. Le fils de mon voisin qui est âgé de quatre ans passe son temps à la maison. Ma femme et moi sommes très attachés à lui. Lorsque je rentre et que je suis fatigué, je téléphone à ses parents en lui demandant de m’envoyer leur fils. Jouer avec lui me détend. C’est un peu comme regarder des poissons dans un aquarium. J’ai dit à mon fils de ne pas attendre au dernier moment lorsque je n’aurais plus de force dans mes bras pour tenir un bébé», raconte-t-il en riant, avant de reprendre son sérieux en pensant à toutes les responsabilités qui l’attendent. «Je sais que j’ai de lourdes responsabilités sur mes épaules. Je n’ai vraiment pas droit à l’erreur…»

 

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