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Questions à… Alain Wong, ministre de la Fonction publique : «Depuis 2005, Rs 200 M dépensées en salaires pour des fonctionnaires suspendus»

10 janvier 2015, 04:07

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Questions à… Alain Wong, ministre de la Fonction publique : «Depuis 2005, Rs 200 M dépensées en salaires pour des fonctionnaires suspendus»
Êtes-vous à l’aise dans votre nouveau costume de ministre ?
Très à l’aise. Les lieux s’y prêtent. Si j’étais à la plage, j’aurais été en maillot. Il y a un habit pour chaque lieu. Lorsqu’on est à Rome, on vit comme les Romains.
 
 
Une de vos premières actions a été de rétablir la fête de fin d’année. Pourquoi l’a-t-on suspendue ?
Quand je présidais la Tourism Authority, il y avait une bonne synergie entre les employés et moi. J’ai donc voulu organiser une fête de fin d’année comme cela se fait dans tous les bureaux. Le directeur m’a arrêté en me racontant qu’un décideur l’a fait abolir à la suite d’un incident. Une employée s’amusait à la fête et comme elle ne répondait pas à ses appels incessants, il a décidé d’abolir cette fête. C’était une décision arbitraire étendue à toute la fonction publique et aux corps parapublics. J’ai décidé de la rétablir avec l’accord du Premier ministre et j’ai ainsin entraîné 250 fonctionnaires au Domaine de Lagrave.
 
 
Comment ont-ils réagi ?
Extrêmement bien. Ils étaient contents, même si beaucoup pataugeaient dans la boue.
 
 
Quel état des lieux avez-vous fait à votre arrivée au ministère ?
J’ai eu la chance d’être accueilli par le Senior Chief Executive Sateeaved Seebaluck, qui est quelqu’un de bien. D’où sa nomination subséquente en tant que chef de la Fonction publique et chef du cabinet. Il a compris ma vision que chaque employé mérite de travailler dans des conditions optimales pour donner le meilleur de lui. Ici (NdlR : 7e étage de l’hôtel du gouvernement), les tables de travail croulent sous les documents. Il faut donner des moyens modernes aux agents publics pour travailler. D’ici février, nous déménagerons pour occuper 12 étages du SICOM Building à Port-Louis. J’y ai effectué deux visites pour m’assurer que les fonctionnaires aient de l’espace. Un nouveau système informatique sera introduit pour éliminer progressivement l’utilisation du papier.
 
 
Quelles sont vos priorités ?
Jeudi lors d’un management meeting, chaque chef de département s’est présenté avec des décisions en attente. J’ai donné mon accord, tout en ordonnant que le travail soit effectué dans des délais fixes; il faut de l’accountability. Je crois beaucoup en la formation. Un terrain a déjà été identifié pour le collège de la Fonction publique et nous réfléchissons au statut qu’il aura – corps parapublic ou organisme privé appartenant à l’État – et aux moyens de faire aboutir ce projet abandonné depuis longtemps. On ne peut pénaliser des fonctionnaires en raison des ego des uns et des autres. Mon ministère travaillera dans la transparence tant au niveau du recrutement que des promotions et même des transferts. Les mutations seront faites pour améliorer le système et non sur une base punitive. Je serai un rempart contre les mauvaises pratiques et la mauvaise gouvernance.
 
 
Par quoi d’autre avez-vous été interpellé?
Par le montant des dépenses en salaires versés aux fonctionnaires suspendus. Plusieurs continuent à percevoir leur salaire et prennent même un autre emploi. Il y a 322 fonctionnaires suspendus – 207 policiers, 22 employés de prisons, 18 de l’Assemblée régionale de Rodrigues, 15 du ministère de l’Éducation et 15 autres de la Santé. Quelques-uns depuis neuf ans mais pour la plupart, ils perçoivent leurs salaires depuis environ trois ans. Cela fait Rs 6 millions dépensées par l’État chaque mois. C’est de l’argent public jeté par les fenêtres en attendant que la Public Service Commission tranche. Depuis 2005, l’État a dépensé Rs 200 millions ainsi !
 
 
Que faut-il faire ?
Il faut un examen au cas par cas. J’estime qu’un fonctionnaire suspendu pourrait être transféré dans un autre département à faire un travail différent. Je vais voir avec l’Attorney General et le Directeur des poursuites publiques s’il y a moyen d’avoir un fast track pour que les jugements soient prononcés plus rapidement. Sans empiéter sur les prérogatives de mes collègues, je vais aussi voir s’il y a moyen d’étoffer la formation des fonctionnaires. S’il est bon qu’un administrateur d’hôpital ait de solides connaissances en médecine, il faudrait aussi qu’il soit formé en hospitalité et en customer care car il traite avec le public. Le bien-être est important lorsqu’on attend le meilleur des gens.
 

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