Steve Obeegadoo se livre à coeur ouvert sur les sujets qui font l'actualité politique du moment. Il évoque notamment le leadership du MMM, l'avenir du parti, mais aussi les élections des nouveaux dirigeants.

■ Comment expliquezvous votre performance à l’élection du comité central où vous faites presque jeu égal avec Paul Bérenger ?
Je n’en fais pas une affaire personnelle et je n’aurais jamais la prétention de faire jeu égal avec Paul Bérenger, le leader du MMM. Évidemment, je suis très touché par la confiance et le soutien que m’ont manifesté les militants.

Je l’attribue au fait que depuis les dernières élections, je dis tout haut ce que pensent les militants : tout en restant loyal à Paul Bérenger, il faut pouvoir relancer le MMM. Pour cela, il faut écouter les militants et les gens qui nous veulent du bien, même ceux qui ont tourné le dos au MMM. Il faut aussi reconnaître nos erreurs et faire une réforme en profondeur du parti.

■ À votre avis, l’élection du comité central constitue-t-elle un tournant pour le parti ?
Cela peut être le cas, mais à condition de saisir l’occasion de tourner la page sur le MMM du 20e siècle, certes au passé glorieux, et inventer le MMM du 21e siècle. Pour ce faire, il faut redéfinir l’identité du MMM et dire ce qui fait notre différence.

Il faut également élaborer un projet politique ancré dans nos valeurs de toujours, mais capable d’inventer les solutions de demain. Il faut revoir l’organisation, nos structures et notre fonctionnement en nous ouvrant à la société civile et à la jeunesse. Il faut aussi établir une nouvelle stratégie politique pour la conquête du pouvoir et définir une ligne de conduite en cohérence avec cette stratégie.

Revoir toute la communication du MMM est important en se plaçant au 21e siècle et en prenant appui sur les technologies nouvelles. Finalement, il nous faut nous doter d’une équipe d’animateurs crédibles à la tête du parti pour porter en avant notre projet pour une autre île Maurice.

■ Le MMM est à la veille de constituer son état-major. Quelle serait la composition idéale, selon vous ?
En fin de compte, je me dis que ce n’est pas une question de personnalité à la tête du parti. Pourquoi changer des têtes si c’est pour faire la même chose ? La politique comme avant ? Cependant si je m’exprime aussi ouvertement, c’est parce que je suis convaincu que le plus grand risque, ce n’est pas l’audace, mais l’immobilisme. Depuis le début de l’année, je prône le rassemblement pour le changement, c’est-à-dire au lieu de chercher un bouc émissaire, il faut rassembler nos énergies, l’intelligence et les ressources au sein du parti avec les vétérans et les nouveaux, les jeunes et les moins jeunes, les femmes et les hommes.