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Miselaine DUVAL-VURDEN, directrice des Komiko: «Je dis merci à tous ceux qui nous ont traités de tous les noms»

2 mars 2015, 07:19

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Miselaine DUVAL-VURDEN, directrice des Komiko: «Je dis merci à tous ceux qui nous ont traités de tous les noms»
Les directeurs de troupes se regroupent. Qu’est-ce que cela donne ?
 
Lindsay Mootien m’a appelée pour me parler d’un regroupement avec Raj Gokhool, Rowin Naraidoo et un représentant de la Trup Sapsiway. Nous avons parlé de ce dont nous avons besoin pour avancer, soit une salle de théâtre pour répéter et pour certains, des aides à la création et à la formation.
 
 
Vous avez essuyé beaucoup de critiques de vos confrères. Vous êtes partante pour travailler avec eux ?
 
Je me sers des critiques constructives pour avancer et je ris de celles qui ne le sont pas. Il y a des gens qui nous ont traités de tous les noms. Ils ont même dit que nous ne savons pas faire du théâtre. Ces gens-là, je les remercie. Je peux comprendre que quelqu’un ne m’aime pas. Peut-être qu’il ne sait pas comment Molière a commencé. Je peux comprendre. Il n’était pas là.
 
 
Komiko va fêter ses 20 ans, quel est le secret pour durer ?
 
Il n’y a pas de secret. Certains attendaient qu’on ferme. Ils se demandaient ziska kan nou pou kapav tini ? Komié nou lokasion ? (NdlR : les Komikos louent l’ancien cinéma ABC à Rose-Hill). Des questions assez comiques parce que, moi, je sais comment je me démerde.
 
 
Justement, comment vous démerdez-vous ?
 
Je dois saluer deux sponsors (elle cite les noms) avec qui nous avons un partenariat financier depuis cinq ans. Les entreprises du privé nous donnent entre les Rs 30 000 et Rs 50 000 par mois. Cette somme, elle nous aide.
 
Mais si demain le ministère des Arts et de la culture accepte de subventionner ceux qui méritent d’être récompensés, ce ne sera pas de refus. Par exemple, je trouve qu’il serait juste si l’Atelier Mo’zar et Henry Favori, qui sont dans ce domaine bien avant moi, reçoivent des subventions.
 
 
Vous vivez de votre art ?
 
Cela fait cinq ans qu’on en vit, «tonbe-leve». Il y a eu des moments difficiles. Il a fallu contracter des emprunts et chercher de l’aide auprès de plusieurs personnes. Pour rester en vie, nous avons dû faire toutes sortes de choses. C’est ce qui nous a aidés à devenir forts. Jusqu’à maintenant, personn pa finn mor san manzé. Labank pa finn sezi zot lakaz.
 
 
Vous employez combien de personnes ?
 
Nous avons un staff de neuf personnes, avec des freelances dépendant des projets. Ce staff est avec moi depuis plus de 15 ans. Jamais aucun de mes Komiko ne m’a dit : Miselaine eski nou pou kapav ? Ils m’ont toujours fait confiance. Tous les membres de cette troupe sont titulaires du Higher School Certificate. Il y en a qui ont étudié à l’étranger, dont un qui a fait des études en communication à Nice. Leur famille n’était pas d’accord qu’ils me suivent mais aujourd’hui, Komiko fait plein de choses.
 
 
Un salaire d’artiste chez vous tourne autour de combien ?
 
Cela dépend. Chez Komiko, on est réceptionniste le matin, couturière pendant la journée, artiste le soir. Ce n’est pas comme en Europe. On fait avec les moyens du bord.
 
 
Un artiste qui fait tout comme vous le dites, il gagne combien ?
 
Les artistes qui ont du talent, qui sont là depuis très longtemps et qui font plusieurs jobs touchent entre Rs 15 000 et Rs 20 000. Toutefois, il faut noter qu’il n’y a pas d’heures supplémentaires. Quant aux freelance, ils touchent Rs 1,200 chacun par jour.
 
 
C’est difficile pour nous. Il faut trouver de l’argent pour permettre aux gens de vivre décemment mais le piratage nous tue. En décembre dernier, Komiko a lancé un DVD. Deux semaines plus tard, il était sur YouTube. En une semaine, 9 800 personnes l’ont vu. Vous imaginez si j’avais vendu 9 800 DVD en une semaine ? Lorsque j’en vends un à Rs 200, une heure plus tard il est disponible à Port-Louis à Rs 50. Dans un si petit pays, on ne sait pas comment faire pour arrêter cela !
 
 
Que prévoit Komiko pour ses 20 ans ?
 
Le 6 août, ce sera quelque chose de spécial. On souhaite fêter les 20 ans de Komiko en grande pompe dans une grande salle. Qui sait, peutêtre au J&J Auditorium.
 
Au calendrier, il y a la 6e édition du Festival du rire, du 30 juillet au 9 août. J’annoncerais l’identité du parrain bientôt. Il y aura la deuxième saison de la télénovela Lavi ki dir. Nous présenterons une pièce intitulée Les immigrés à Paris aux Théâtrales, qui se tiendront prochainement. La première sera jouée à Maurice, puis nous irons à La Réunion et à Paris. Je prépare aussi un one-woman-show. Il est en phase d’écriture avec un metteur en scène français (Elle ne souhaite pas dévoiler son nom maintenant). On travaille sur ‘qui est Miselaine’.
 
 
La cellule Culture et Avenir a souvent été présent à vos côtés. Regrettez-vous sa dissolution ?
 
Je n’ai rien à dire par rapport à ça. Je ne me pose pas de questions parce que c’est trop… euh... je n’aime pas entrer dans ces détails-là. Je ne veux pas épiloguer dessus.
 
Propos recueillis par Christine TURENNE

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