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Pazany Thandarayan, avoué de Nandanee Soornack: «Certains croient que je suis de la mafia»
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Pazany Thandarayan, avoué de Nandanee Soornack: «Certains croient que je suis de la mafia»

La poignée de main ferme, la démarche assurée, Pazany Thandarayan respire l’assurance. Mais parfois, dans son petit bureau à Chancery House, à Port-Louis, la carapace laisse apparaître quelques fissures. Et l’homme se révèle derrière l’image. Parfois, au milieu de ses étagères où sont rangés les dossiers en piles bien ordonnées, Pazany Thandarayan se laisse aller à souffler un peu. Un soupir de soulagement, des épaules qui s’affaissent parfois sous le coup de la fatigue… Des signes qui ne trompent pas : s’il donne l’air de ne pas s’en laisser conter, l’avoué d’Airway Coffee est très affecté par les événements des derniers jours.
Ce vendredi 20 mars, la justice lui a donné raison, en l’autorisant à récupérer ses téléphones portables, son ordinateur et des documents saisis par la police quand il a été interpellé samedi dernier à sa descente d’avion. Malgré tout, il affirme qu’il a toujours eu confiance car il était, dit-il, dans son droit.
«C’est pour cela que j’ai eu le soutien de l’ensemble de mes confrères et consoeurs de la profession.» Il martèle, en montrant le jugement rendu en sa faveur, qu’ils «n’avaient pas le droit de m’interpeller comme ça, de m’emmener et de confisquer mes affaires. Le Directeur des poursuites publiques lui-même a dit que c’est anticonstitutionnel !»
Quand il a accepté de représenter Airway Coffee, il savait que c’était un dossier brûlant car plusieurs avoués qui avaient été contactés avant lui avaient tout bonnement refusé. «Et puis, Mme Soornack est la personne la plus vilipendée à Maurice». Mais il ne s’attendait pas à se retrouver ainsi sous les feux des projecteurs et dans les locaux du Central Criminal Investigation Department.
«Je suis avoué. Je ne fais que mon travail.»
«Il y a des gens maintenant qui croient que je fais partie de la mafia, dit-il en riant. D’autres croient que je suis proche de Ramgoolam parce que je travaille pour Airway Coffee.» Mais il affirme que s’il a accepté de représenter la compagnie de Nandanee Soornack, c’est à la demande de Me Raj Boodhoo, homme de loi installé en Grande-Bretagne avec lequel il a déjà travaillé. «Et puis, je suis avoué. Je ne fais que mon travail.»
Aujourd’hui, il ne ressent pas d’amertume «car cela ne sert à rien d’être amer». Il est surtout déçu par le gouvernement car «(ses) droits fondamentaux n’ont pas été respectés». Déçu car il attendait mieux de l’alliance Lepep, qu’il a soutenue lors de la dernière campagne – «Et je n’ai pas honte de le dire.» Il avoue avoir voté pour sir Anerood Jugnauth, en bon «zanfan Rivière-du-Rempart», comme il se qualifie lui-même. Un village qu’il n’a pas quitté depuis sa naissance en 1970, troisième d’une fratrie de cinq enfants.
Il fréquente le collège John Kennedy, sans briller plus que cela – «Je n’étais pas très bosseur, même un peu dezorder», confie-t-il en riant dans sa barbiche grisonnante. Quelques jours après avoir achevé ses années collège, comme il n’avait pas d’argent pour aller à l’université, il commence à travailler dans une usine, comme helper, croit-il se souvenir. Et quelques mois plus tard, il entre au Registrar of Companies. Il y restera pendant dix-sept années.
Premier aux examens d’avoués en 2007
Et puis, il lui prend comme une envie de changer d’air, de faire autre chose. Il rencontre Pravin Harrah, qui est maintenant au Parquet. «On a travaillé ensemble un jour ou deux et c’est lui qui m’a orienté vers la loi.» Alors, en même temps qu’il travaille, Pazany Thandarayan entame des études de droit par correspondance auprès de l’université de Londres.
Même s’il était loin d’être un élève modèle dans sa jeunesse, il est premier aux examens d’avoués en 2007 car «kan mo fer enn zafer, mo fer li bien», déclare-t-il fièrement, lui qui est parti de rien.
Depuis, toujours dans l’ombre, il a représenté des clients d’horizons très différents, dans des cas souvent très médiatisés. Tous les mois, il se rend à Rodrigues pour offrir une assistance juridique à ceux qui n’en ont pas les moyens. Plus près de nous, outre Airway Coffee, qui lui a valu une notoriété soudaine dont il se serait bien passé, il a aussi représenté CT Power, Harish Boodhoo, Reeaz Chuttoo…
Aujourd’hui, l’avoué n’a pas beaucoup de temps libre. Ses journées de travail commencent à 4 h 30 tous les matins et se terminent toujours très tard. Le week-end, c’est surtout l’occasion pour l’avoué de s’occuper de ses trois enfants, âgés de 15, 11 et 8 ans. Et ainsi, d’offrir un peu de temps libre à sa femme Nazianah, qu’il a épousée en 1997. «Je suis souvent absent et elle est toujours derrière moi. Je lui dois énormément », confie-t-il.
Aujourd’hui, malgré les péripéties des derniers jours, Pazany Thandarayan reste optimiste. Il cite Édith Piaf en s’esclaffant : «Non, je ne regrette rien. There are very good days ahead.»
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