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Racheed Daureeawoo, Président de la Mauritius Duty-Free Paradise : Le nouveau visage des boutiques hors taxes

15 mai 2015, 20:40

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Racheed Daureeawoo, Président de la Mauritius Duty-Free Paradise : Le nouveau visage des boutiques hors taxes

Racheed Daureeawoo est un des rares politiciens à considérer ses semblables comme adversaires et non comme ennemis et à s’élever au-dessus de la mêlée partisane. C’est donc sans surprise que le président de la Mauritius Duty-Free Paradise ne distribue pas de blâmes.

 

À part de révéler que des «contrats ont été alloués à la légère», que tout l’organigramme de la Mauritius Duty-Free Paradise (MDFP) doit être revu, surtout au niveau du management, d’annoncer que d’ici la fin de la semaine prochaine cette société retrouvera son lustre d’antan avec le déblocage en douane des 11 conteneurs de produits, Racheed Daureeawoo, 56 ans, évite de jeter la pierre.

 

«La MDFP doit fonctionner avec en tête ce qui est profitable pour elle et non pour ses fournisseurs. Nous avons une certaine indépendance par rapport au choix de nos produits. Je ne souhaite pas que des pays étrangers nous dictent ce que nous devons être. Pour moi, la MDFP doit être  compétitive, offrir de la variété et des prix attrayants et être à la hauteur de notre développement économique

 

Nous n’en saurons pas davantage. Non pas parce qu’il retient l’information mais parce qu’il fait de la politique autrement. «Je fais de la politique à un autre niveau. Pour moi, c’est l’intérêt d’une ville, des mandants et d’un pays qui prime avant l'ego des uns et des autres», concède-t-il. Racheed Daureeawoo est l’aîné de Suyid, premier fils du sol à étudier la médecine à l’université de Bordeaux, en France. Il naît d’ailleurs à Bordeaux et suit son père à Maurice vers l’âge de quatre-cinq ans. La famille Daureeawoo, dont le grand-père  est un planteur à The Vale, vit à Plaine-Verte.

 

Comme à l’époque, Maurice compte peu de médecins, lui et les siens vivent au gré des différentes affectations de son père. C’est ainsi qu’il fréquente sept écoles primaires. «Dun côté, ces transferts d’écoles m’ont bousculé dans mes études mais de l’autre, cela m’a donné une grande adaptabilité et m’a permis d’avoir des amis, tant dans les régions rurales qu’urbaines.»

 

Après une scolarité au New Eton de Rose-Hill, où il fait partie du premier groupe d’élèves à étudier le droit et se faire examiner en la matière en Form V, Racheed Daureeawoo hésite. Le droit l’intéresse car il a sous les yeux les exemples de ses oncles Rashad et Dawjee, tous deux avocats, mais d’un autre, il se verrait bien se lancer dans les affaires. Il opte donc pour des études en commerce auprès de l’université de New Delhi, en Inde. Son Bachelor of Commerce empoché, il regagne Maurice et avec des proches met sur pied une compagnie importatrice de films, SR Films.

 

Cette société ayant du mal à décoller car la situation économique au début des années 80 n’est pas propice à la cinématographie, il se tourne donc vers le droit français. C’est à La Réunion puis à l’université Paris XIII qu’il étudie et fréquente La Sorbonne. Il obtient sa maîtrise en droit privé. De retour au pays en 1991, il fait un an de stage chez l’avocat Ravin Bunwaree et l’avoué Georges Ng Wong Hin et prête serment comme avocat en 1992. Marié à Fazila Jeewah, avouée, qui lui donne deux enfants, qui étudient tous deux le droit, il pratique comme avocat pendant quatre ans avant d’être nommé magistrat.

 

«Contribution à apporter»

 

En tant que magistrat, il fait le tour de tous les District Courts. À un moment, il a la surprise de se retrouver dans l’une des maisons où il vivait lorsqu’il était à l’école primaire de Mahébourg et qui a été convertie en cour de justice. «Je siégeais dans mon ancien salon alors que mon secrétaire était assis dans ce qui était autrefois la chambre», raconte-t-il en riant. Il s’intéresse à la politique – son grand-père avait aidé sir Seewoosagur Ramgoolam dans la lutte pour l’indépendance et son oncle Rachaad militait au sein du Parti travailliste. Comme les va-et-vient de Navin Ramgoolam entre Maurice et Londres ne l’inspirent pas confiance, il va donc grossir les rangs du Mouvement socialiste militant (MSM) qui était en alliance avec le Mouvement militant mauricien (MMM).

 

Il démissionne de la magistrature en 2000 pour être candidat aux élections générales. S’il ne regrette pas ce geste, il note les différences au sein de ces deux univers. «C’était from your Honour to Honorable mais les considérations étaient différentes. En tant que magistrat, j’étais respecté de tous alors que dans le milieu politique, le tutoiement est chose courante.» Élu, il est nommé Deputy-Chairman of Committees et le premier président du comité parlementaire sur l’Independent Commission against Corruption (ICAC). «J’ai été heureux d’avoir contribué à mettre l’ICAC sur pied

 

Lorsque le pays est à nouveau appelé aux urnes en 2010, il n’obtient pas d’investiture. Il décide de se présenter aux élections municipales à Beau-Bassin–Rose-Hill. «J’ai toujours senti que j’avais une contribution à apporter.» L’alliance PT-Parti mauricien social-démocrate se taille la part du lion mais il est parmi les quatre élus de l’opposition. Etre mis en minorité ne l’empêche pas de jouer son rôle de chien de garde. Il remet ça aux municipales de 2012 et est élu car c’est la razzia pour l’alliance MMM-MSM. Désigné maire, il applique un projet qui lui tient à coeur, soit l’aménagement d’un funérarium pour les habitants de la NHDC de Camp-Levieux et la pose d’une première pierre pour une bibliothèque à Trèfles.

 

Lorsque le MMM commence à «koz-koze» sérieusement avec le PTr, soit sept mois après son élection, il démissionne comme maire, tout en restant conseiller du MSM. Quand on lui propose le poste de président de la MDFP, il finit par démissionner en tant que conseiller du MSM en raison d’une loi en vigueur depuis 2011, interdisant à un candidat d’être employé dans un corps parapublic.

 

Or, les derniers amendements à cette loi, en avril, dernier l’y autorisent. ais c’est trop tard pour Racheed Daureeawoo, qui prend  la chose philosophiquement. «C’est la vie», rigole-t-il. Maintenant qu’il préside le conseil d’administration de la MDFP, va-t-il abandonner la politique active ? «Absolument pas ! Si sir Anerood Jugnauth a pu revenir à son âge, cela me donne du courage d’attendre mon tour… »

 

Racheed Daureeawoo au préscolaire à Bordeaux et…

 

…à son arrivée à Maurice.

 

La famille Daureeawoo compte bon nombre d’avocats et d’avoués : Rashad, Dawjee, Racheed, Rubna, Roshan, Razi, Salim, Fazila.
 

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