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Salon de mai 2015 : l’actualité montre les crocs
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Salon de mai 2015 : l’actualité montre les crocs

Comment rester imperméable au monde lorsqu’il brasse autant de scandales ? Zoom sur l’actualité pour la 34e édition du Salon de Mai. L’exposition durera jusqu’au samedi 6 juin à la galerie des Beaux-arts, au Mahatma Gandhi Institute, à Moka.
Première surprise : l’entrée de l’école a été repeinte en noir. À l’intérieur, ce même look sombre où se détachent les oeuvres de 55 plasticiens, majoritairement des peintures, plusieurs installations, une vidéo et quelques sculptures. C’est dans cette foule d’oeuvres que le regard fouille, à la recherche des créations directement inspirées de l’actualité.
Est-ce peut-être un critère à prendre en compte pour les prochaines éditions ? Regrouper l’art contemporain fortement marqué par l’époque n’est pas très compliqué. Étant donné que les plasticiens qui s’aventurent sur ce terrain-là, sans noyer leur message dans une obscure allégorie, constituent une minorité. D’ailleurs, cela éviterait, entre autres, à certains plasticiens de se sentir frustrés et d’être «cachés à l’étage».
Un espace dédié dont la promotion pourrait attirer un plus large public et servir à faire l’éducation de l’oeil des collégiens et de tous ceux avides d’art. Cela, dans le but de leur montrer le chemin parcouru entre l’actualité, le concept choisi par le plasticien et le «produit» final, tout en ouvrant davantage les portes de l’institution qui fête cette année ses 45 ans d’existence.
C’est sur un fond quadricolore qu’Arvin Authelsing nous propose So snoeck, so coffre, so savat. Autant de clés rouges et le poisson séché qui pointent clairement vers les affaires Ramgoolam que de savates dodo qui laissent perplexes. Le plasticien s’explique : «J’ai lu plusieurs commentaires sur l’affaire BAI où les gens disaient : ‘Rawat bizin gagn kout savat’.» Comme la savate dodo reste un produit typiquement mauricien (même si l’usine a fermé), Arvin Authelsing a choisi de faire allusion à l’affaire BAI sur un fond vert.
Parmi les oeuvres qui ont les crocs : deux ont pour sujet des chiens. Neermala Luckeenarain illustre Le remous en gravure. Ses chiens enragés ressemblent sous certains angles à des taureaux en train de charger. «C’est tout ce qui se passe dans notre société qui est malade», déclare la plasticienne avec un sourire énigmatique.
À l’étage, AvillaDamar-Shewale montre des chiens en train de copuler sur un fond rougebleu-
jaune-vert. C’est le titre qui donne tout son sens au traitement cru du sujet : Organisational Politics - A Mauritian Perspective. On comprend mieux les petits moutons noirs gambadant entre les pattes des chiens géants. Toujours dans le registre politique, la pellicule orange-mauve que Mala Chummun Ramyead déroule du plafond au sol. «Film : Mariage de couleur. Pas moins de 18 ans». Le reflet de ce mauvais cinéma dans des morceaux de verre est peu flatteur.
Nirmal Hurry, le responsable de l’école des Beauxarts, n’est pas en reste. «Son» mur est barré par des «sak lekol», prisonniers d’un réseau inextricable de fils. OEuvre titrée : CPE Génocide Culturel Mauricien. Si c’estl’un des responsables del’enseignement des arts plastiques à Maurice, lui-même, qui le dit…
«So snoeck, so coffre, so savat» d’Arvin Authelsing.


Firoz Ghanty, l’adieu de l’artiste «bien emmerdé»
C’est fini. Firoz Ghanty n’exposera plus au Salon de Mai. «C’était ma dernière participation parce que je ne suis plus du tout d’accord avec la façon dont le salon est organisé. Il n’y a pas de distinction entre des gamins qui sortent de l’école et des gens qui ont de l’expérience. Il n’y a pas de démarcation entre les genres. Tous les ans, je crée une oeuvre pour le salon et il n’y a pas de reconnaissance du MGI. Et vu le climat de connivences qui règne en ce moment, je me retire.»
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