Publicité
Mauritius Drama League : un songe shakespearien typiquement rodriguais
Par
Partager cet article
Mauritius Drama League : un songe shakespearien typiquement rodriguais
Tellement classique, si contemporain. A Midsummer Night’s Dream nous a transportée à Rodrigues, le temps d’un soir d’hiver. C’était samedi. L’équipe de comédiens rodriguais réunie autour du metteur en scène de la Mauritius Drama League (MDL), Anon Panyandee, était sur la scène du théâtre Serge Constantin avec Enn swar an ete. Il s’agit d’une adaptation, à la saveur d’ourite séchée, de la pièce de Shakespeare.
Pas de bande-son, mais des musiciens en live. Un accordéoniste enthousiaste, un «tambourier» énergique, un triangle pour marquer le rythme. La couleur locale était dans tous les plis de cette adaptation. De la voix de Marie-Claude Jolicoeur, l’une des chanteuses du groupe Sizonin. Jamais en reste pour «piquer» un séga tambour. Au décor relativement minimaliste, fait de casiers et filets de pêche. En passant par ce parler typique qui fleure bon l’île autonome de la République. La pièce prend son temps. Soit pratiquement deux heures de répliques un peu chantantes.
Signalons la prestation de Doyal Edouard, chanteur réputé, très à l’aise dans son rôle de «lerwa». La mise en scène pousse le clin d’oeil jusqu’à lui faire interpréter quelques mesures de l’un de ses tubes, «Korbo». À ses côtés, Alexandre Clair, en Puck, doué d’un vrai sens comique. Ainsi que Brandon Richenelle, parfait dans son rôle de «Bottom », l’homme à la tête de bourrique. Celui dont la reine des fées, envoutée par «lerwa», tombe follement amoureuse. L’adaptation a su faire place au talent de Brandon Richenelle pour le slam, ainsi qu’à son déhanché qui ne manque pas de susciter l’hilarité.
«Les Rodriguais sont polyvalents»
L’essentiel de cette aventure rodriguaise de la MDL, fruit de neuf mois de travail, c’est d’avoir ouvert les portes du théâtre Serge Constantin à ces jeunes talents. Rodrigues n’a pas de salle de théâtre, mais ce n’est pas le potentiel qui manque là-bas. En plus, comme le souligne Anon Panyandee, les Rodriguais ont l’avantage d’être polyvalents. «À Maurice, ceux qui sont bons en chant flanchent quand il faut jouer la comédie et ceux qui peuvent jouer ne savent pas chanter.»
Si la MDL existe depuis 1979, c’est aussi une manière de se renouveler. Tout en restant fi dèle à ses convictions. Car le final – une scène de mariage où hommes et femmes se répondent dans un séga tambour – est directement inspiré de l’inscription du séga sur la liste du patrimoine mondial.
Publicité
Publicité
Les plus récents