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Salem Saumtally, directeur du MSIRI : la passion de la canne

18 juin 2015, 02:54

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Salem Saumtally, directeur du MSIRI : la passion de la canne
La semaine dernière, Salem Saumtally a présenté quatre nouvelles variétés de canne plus riches en sucre, plus résistantes aux pathologies et adaptées aux différentes zones de l’île. Le directeur du Mauritius Sugarcane Industry Research Institute (MSIRI) est non seulement un passionné de microbiologie et de pathologie mais aussi un pédagogue qui s’ignore : on pourrait passer des heures à l’écouter parler de la canne.
 
Pour ce Curepipien natif de l’Escalier, travailler au MSIRI est un rêve devenu réalité. Car lorsqu’il étudiait les sciences, se passionnant surtout pour la biologie au John Kennedy College, il ne ratait aucune émission télévisée sur cet institut. À la fin de ses études secondaires, il part pour l’Écosse, plus précisément à l’université de Dundee où il obtient une licence en microbiologie.
 
Un an après son retour au pays, il est embauché comme Technical Officer au MSIRI où il assiste dans les recherches. Étant pathologiste, il travaille sur les maladies affectant la canne et d’autres cultures sous le mandat de l’organisme telles que la pomme de terre, le maïs, l’arachide, le haricot et la tomate. Son mentor est l’ancien directeur de l’institut Jean Claude Autrey.
 
Les efforts de Salem Saumtally portent leurs fruits. En 1987, il est nommé Scientific Officer. Désireux d’obtenir une maîtrise, il obtient une bourse de la Rotary Foundation. Admis à l’université de Cambridge, il obtient son MPhil en 1988. Il regagne Maurice et en 1992, il prend la tête du département de pathologie. Il entreprend une thèse de doctorat sur la gommose, maladie bactérienne qui affectait la canne et qui a été presque éliminée des plantations industrielles aujourd’hui. Il est nommé directeur principal de recherches en 2010. Et lorsque l’ancien directeur René Ng Kee Kwong se retire en 2012, Salem Saumtally est la personne idéale pour prendre les rênes de l’institut.
 
Il explique qu’à Maurice, les semences issues des croisements traditionnels sont soumises à une multitude de paramètres. Elles sont notamment cultivées dans trois différentes zones : super-humides, humides et sous-humides, pour évaluer leur performance. Pour obtenir les quatre nouvelles variétés lancées la semaine dernière, il a fallu semer 250 000 semences et les évaluer sur une période de 15 à 17 ans.
 
Ces quatre nouvelles variétés s’ajoutent aux 65 autres que l’institut a homologuées depuis sa création en 1953. «Ces variétés sont des références en termes de rendement de canne. Elles sont plus riches en sucre produit par unité de surface» et certaines sont exportées en Côte d’Ivoire, en Tanzanie, au Pakistan, en Chine et même au Brésil, pays pourtant producteur de sucre.
 
Toutefois, depuis l’abolition des préférences, le «King Sugar» n’a plus la cote. Son prix a chuté et les planteurs baissent les bras en raison de coûts de production élevés. D’ailleurs, les terres sous culture de canne sont passées de 87 000 hectares à 53 000 hectares en 2014, seuil qui doit nécessairement être maintenu.
 
Mais tout n’est pas perdu, selon Salem Saumtally. Et s’il admet que «la canne sera une industrie de plus en plus dérégularisée et compétitive», il est d’avis que «la fabrication de bioénergie et de bioéthanol est l’avenir». Et en évoquant la bioénergie, le directeur de l’institut ne parle pas seulement de variétés plus riches en fibres et en biomasse. Il fait référence à d’autres coproduits comme le bioplastique, un polymère biodégradable obtenu en laboratoire par conversion de la paille de canne par des micro-organismes, mais qu’il faudrait fabriquer à échelle industrielle. Ce produit pourrait servir d’emballage à l’alimentation, aux médicaments et aux cosmétiques. Salem Saumtally pense aussi aux micro-organismes qui pourraient s’attaquer aux insectes qui ravagent la canne, micro-organismes que le MSIRI a testés mais qu’il faudrait formuler en biopesticides.
 
La réduction de la taxe de sortie sur l’exportation du sucre a réduit le budget du MSIRI, qui a dû dégraisser tant au niveau de ses cadres que de son personnel de soutien. Pour pouvoir poursuivre ses recherches, l’institut a obtenu un financement de l’Union européenne pour neuf de ses projets portant notamment sur les coproduits de la canne. «L’avenir de la canne passe par la valeur ajoutée à ses coproduits. Afin de pérenniser la recherche, il faut aussi planifier la relève du MSIRI pour que l’expérience et la connaissance acquises depuis sa création soient transmises aux plus jeunes et que nous puissions disposer de nouvelles technologies pour nos recherches. Je m’efforcerai de relever ce défi .»

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