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Natation - Darren Chan : «Quand je suis dans la dernière ligne droite, je n’abandonne jamais.»

21 juillet 2015, 04:54

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Natation - Darren Chan : «Quand je suis dans la dernière ligne droite, je n’abandonne jamais.»
Rentré à Maurice depuis peu pour rejoindre les autres nageurs sélectionnés pour les Jeux des îles de l’océan Indien (JIOI) et qui suivent un stage d’entraînement, Darren Chan Chin Wah nous raconte son expérience sportive aux Etats-Unis. Pays où, selon lui, les Mauriciens gagneraient à s’entraîner. Avant de se rendre aux Mondiaux de Kazan, le brassiste de DACA – pétri de culture américaine – nous donne aussi une indication sur sa forme du moment ainsi que sur ses objectifs sportifs qui, en sus des Mondiaux russes, des JIOI et des JO de Rio en 2016, comprennent également les olympiades de Tokyo en 2020…
 
Cela fait combien de temps que vous avez quitté Maurice pour l’Amérique ?
 
– Cela fait plus de deux ans et demi que j’ai quitté le pays pour le club de DACA (De Anza Cupertino Aquatics). J’étais parti le 6 mars 2013. En juillet, cette année, cela fait donc un peu plus de deux ans.
 
Vous parlez avec un léger accent…
 
– (Sourire) A mon arrivée, c’était un peu dur dès les trois premiers mois. L’accent américain était très dur à 
comprendre pour moi. C’est différent du British accent. Mais après trois mois, je m’y suis fait.
 
Seriez-vous devenu Américain dans l’âme ?
 
– (Large sourire). Oui, on peut dire ça. Je m’exprime davantage en anglais même sur Skype avec ma mère. Il y a aussi la culture. Par exemple, à Maurice, on embrasse les filles sur la joue quand on les salue. Aux Etats-Unis, on se donne seulement la main. Et donc, maintenant, je prends l’habitude de donner la main à tout le monde. Sauf en famille.
 
Gardez-vous toujours contact avec vos proches ici ?
 
– Je garde contact avec ma famille seulement. Et je me concentre plus sur mes études et la natation. Je me tiens aussi au courant de ce qui se passe en natation ici. Il y a des jeunes qui font vraiment bien ici, comme Brandon Lam ou Varen Lutchmanen.
 
Quel est l’état d’esprit des nageurs dans votre club à DACA, lequel – sur son site web – vous a félicité pour votre sélection pour les Mondiaux de Kazan et les JIOI ?
 
– Quand on nage hors compétition ou qu’on s’arrête avant les séries, on est des amis. Mais lors des compétitions, on est vraiment des ennemis. C’est ainsi parce qu’on veut progresser. Chacun doit donner le meilleur de lui-même. Si, par exemple, mon meilleur ami fait le 100m brasse comme moi, il va tout faire pour me battre. Là je serai son Top One enemy. Mais quand c’est fini, que je l’aie battu ou qu’il m’ait battu, ce n’est plus important. Ce qui compte c’est qu’on ait donné le meilleur de nous-mêmes ; c’est ce qui nous permet de progresser.
 
Le brassiste nage à DACA, aux Etats Unis, depuis plus de 2 ans maintenant.
 
 
Est-ce que vous avez hérité du mental des nageurs américains ?
 
– Quand on nage et qu’on est dans la dernière ligne droite, on n’abandonne jamais. Le coach fait tout, dans son programme d’entraînement, pour qu’on ait envie d’abandonner. Il nous tue dans l’eau. Mais nous, pour progresser, on n’abandonne jamais. On abandonne des fois à l’entraînement. Peut-être parce que c’est trop dur. Mais en compétition, on n’abandonne jamais. Des fois, à l’entraînement, on nage jusqu’à n’en plus pouvoir… Nous repoussons les limites. C’est ce que nous faisons à l’entraînement.
 
Avant les JIOI, vous irez aux Mondiaux de Kazan. Qu’est-ce que cela vous a apporté de vous entraîner aux Etats-Unis ?
 
– C’est surtout la concurrence. L’Amérique compte 50 Etats et il y a beaucoup de nageurs. Des fois cela fait du bien mais parfois les compétitions sont un peu trop dures. Ce qui est bon c’est qu’on gagne de l’expérience en côtoyant les grands. Pour les JIOI, cela devrait m’aider quand j’affronterai les Réunionnais.
 
La concurrence sera féroce aux JIOI. Arrivez-vous à gérer la pression ?
 
– J’ai l’habitude de la pression maintenant. Avant d’aller aux Etats-Unis, je la ressentais plus. On disait que les Réunionnais étaient les maîtres de la natation et que les Mauriciens étaient soit seconds soit troisièmes. En Amérique, j’ai souvent nagé contre des athlètes de même niveau que moi. Cinq mètres avant l’arrivée, nous étions encore ensemble. Aux JIOI, je pense que ce sera la même chose. Ce ne sera pas quelque chose de nouveau pour moi. Ce seront des courses très serrées.
 
Darren Chan Chin Wah a été double médaillé d'or aux 100m brasse et 200m brasse aux JIOI 2011 aux Seychelles.
 
 
Peut-on vous reprocher d’être «over-confident» ?
 
– Des fois, oui, peut-être…
 
Vous voyez-vous «over-confident» ?
 
– Je dirais plutôt que des fois c’est bien de l’être et des fois non. D’être over-confident peut me rassurer. Des fois, je peux aussi me poser trop de questions. Il faut trouver un équilibre. Etre confiant tout en demeurant raisonnable.
 
Selon vous, les Mauriciens, pour progresser, doivent-ils vraiment quitter le pays ?
 
– Je dirais que c’est un must. Les nageurs devraient partir pour concourir contre de meilleurs athlètes qu’eux. En pratique, aux Etats-Unis, je fais du ''swim buddy'' : on a un ami contre lequel on nage toujours. Mais lorsqu’il devient trop fort pour nous, on change de partenaire. Celui qui est trop fort cherche un nageur plus fort que lui. Et celui qui est faible, va trouver quelqu’un de plus fort.
 
Est-ce que vous trouvez que la destination américaine soit la meilleure pour nos nageurs ?
 
– A mon avis, oui, définitivement. C’est le meilleur endroit pour étudier et s’entraîner en même temps. Surtout pour ceux qui ne souhaitent pas terminer leurs études. En 2016, j’essaierai d’aller à UC (University of California) San Diego qui prévoit de bons scholarships. Il fait aussi plus chaud là-bas.
 
Pensez-vous que les Etats-Unis restent, pour vous, le meilleur choix pour s’entraîner ?
 
– Selon moi, les Etats-Unis sont le meilleur choix. D’une part en raison du fait que ce pays, pour les études, est anglophone. Puis en raison de la concurrence dans la natation, comme j’avais pu l’observer. Je savais qu’il y avait des nageurs de mon âge qui étaient plus rapides. Je me disais qu’affronter de meilleurs nageurs que moi m’amènerait à progresser.
 
Comment cela se passe-t-il pour vos études aux Etats-Unis ?
 
– Le système est différent mais cela reste des études. Pour l’instant, je ne fais que mes GE (NdlR : General Education, équivalant à un HSC + 1 année d’université) que l’on trouve dans toutes les universités. Il faut le 
faire. Je pense que ma matière principale sera la kinésiologie ou la psychologie.
 
En dehors de vos entraînements, comment gérez-vous votre vie sociale aux Etats Unis ?
 
– Socialement, avec mes amis, nous sommes très proches. On fait du Team-Bonding durant le week-end. On va manger dans des restaurants et ensuite on voit des films. Des fois on passe toute la journée ensemble. Moi, je fais le chauffeur. Je conduis jusqu’à San-Francisco et passe la journée là-bas, avant de rentrer le soir.
 
Actuellement, l’Amérique ne vous manque-t-elle pas un peu ?
 
– Ici, je ne me sens pas «complet». En Amérique, j’ai mon permis de conduire. A Maurice, je dois demander à mes parents de me véhiculer (sourire). Mes amis me manquent aussi.
 
Aux Etats-Unis, est-ce que vous consommez des ‘fast-foods’ ?
 
– Pas de fast-food, mais des aliments qui m’aideront pour la pratique de mon sport. Quelque chose qui sera sain pour mon corps. Je ne suis pas contre les fast foods ou junk foods. A la limite on peut en consommer une fois par semaine. Mais il faut en limiter la consommation.
 
En allant aux USA, vous aviez l’objectif de vous qualifier pour les Olympiades de Rio. Qu’en est-il ?
 
– Je pense y aller en faisant les minima B. Mais le but ultime est d’aller en finale aux Olympiades de Tokyo en 2020. 2016, à Rio, sera une expérience ; je veux y aller en faisant les minima B (1:02.69) d’ici à la fin de 
l’année. Même si les minima B sont assortis d’une invitation, je veux aller au Brésil avec une performance de niveau.
 
Selon le nageur de DACA, les courses, en brasse, seront serrées à l'île de la Réunion.
 
 
L’an dernier vous étiez blessé ?
 
– Oui, j’ai été blessé au dos entre juillet 2014 et janvier 2015. Cela m’a empêché de nager en compétition ou de faire du travail de musculation. Je nageais pendant un quart d’heure quotidiennement pour garder contact avec l’eau. Après six mois de rééducation avec mon chiropracteur, j’ai pu reprendre petit à petit.
 
Et vous vous sentez comment actuellement ?
 
– Je vais bien. Je fais des exercices tous les jours pour prévenir les blessures. Je vois régulièrement mon chiropracteur.
 
Avez-vous une pensée pour certaines personnes en ce moment ?
 
– Aux Etats-Unis, j’aimerais remercier Pete Raykovich, mon coach, qui s’occupe de moi pour la natation et la technique. Ainsi que Chris Michelmore qui m’aide pour ma forme physique à son gymnase. Pete Raykovich est dans le Team USA. Parfois il remplace le coach pour les USA. Il a aussi entraîné des nageurs qui sont allés aux Jeux olympiques, aux Championnats du monde. Il a une très belle carrière et beaucoup d’expérience. Il sait s’y prendre avec les nageurs. Je voudrais aussi rendre hommage à Ricky Wai Choon. Il m’aide beaucoup. C’est lui qui cherche les collèges pour moi et les meilleurs coaches. Il est comme un autre parent pour moi, aux Etats-Unis.
 

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