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Opéra-Bouffe: Un Bollywood cancan d’enfer

27 juillet 2015, 07:14

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Opéra-Bouffe: Un Bollywood cancan d’enfer

 

C’est le moment que l’on attend ardemment. Le French cancan est le temps fort que la postérité a retenu d’Orphée aux enfers. Au point où le nom de Jacques Offenbach est associé à cette danse effrénée qui découvre les jambes et fait voler les volants. Qu’en a fait la production de l’Indian Ocean Performing Arts, dans une mise en scène de Ludivine Petit ? C’était le soir de première, vendredi, au théâtre Serge Constantin, à Vacoas.

 

Au moment où l’orchestre s’emballe sous la baguette de Martin Wettges, le choeur recule. Laissant le devant de la scène à quatre danseurs de style Bollywood. Tant pis pour l’oeil qui s’attendait au numéro de cancan traditionnel. Le «East meets West» fonctionne tout aussi bien. Surtout dans une production qui fait son fort du mélange des styles.

 

Un goût pour la fusion qui fait souffler un vent de fraîcheur sur cette oeuvre du XIXe siècle. On y entend des mots en créole, un «petit dusuk», des «palabres », un «ayo». Des dieux, rivaux en amour, s’affrontent lors d’une partie de badminton.

 

Pluton, dieu des enfers, a le maquillage trash du hard rocker. En plus de son organe, le ténor Jean Michel Ringadoo joue de sa longue chevelure et fait sonner les nombreuses chaînes qu’il porte au cou. Son rival Jupiter (Michael Gann), lui, empoigne une guitare électrique, pour le duo de la mouche. Un numéro de séduction où la satire n’est jamais loin.

 

Véronique Zuël passe de la robe longue et des bigoudis au short en jean et baskets, sans laisser sa puissance de soprano au placard. Du duo d’agacement au duo d’amour, la soprano, égale à elle-même, déploie son envergure vocale avec brio. Dans le rôle d’Eurydice, Véronique Zuël a aussi montré son talent pour la comédie, minaudant avec Jupiter, ou grinçante avec Orphée (Andrew Glover), le mari violoniste qui l’insupporte.

 

Mais le personnage – si l’on peut dire – qu’il faut retenir, c’est bien le choeur. Pratiquement omniprésent, il a donné corps à la partition, vendredi soir. Tout en laissant respirer quelques individualités.

 

Même l’orchestre s’est mêlé de comédie. Au premier acte, il est sur scène, dans un tableau très dense. Le chef devient le partenaire de comédie de la soprano. Quand le dieu des enfers paraît, tout l’orchestre symphonique de la jeunesse Winterthur enfile un masque. Le chef enfile le sien à l’arrière de sa tête. Le spectateur le distingue en traversant du regard un champ de blé, figuré sur scène par des rangées de ballons, avec dessus le dessin d’un épi. Au second acte, l’orchestre descend au pied de la scène, faute de fosse au théâtre Serge Constantin. Mais l’énergie reste la même.

 

Véronique Zuël en Eurydice qui s’ennuie roucoule avec Jupiter déguisé en mouche pour la séduire.

 

Le choeur, derrière sa bavette et son maquillage prononcé, est quasiment omniprésent sur scène.

 

 

*Représentations le 28, 30 et 31 juillet à 19h 30 au théâtre Serge Constantin. Première Rs 1 200, Seconde Rs 800, Troisième Rs 400. Places disponibles à travers le Rézo Ôtayo.

 

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