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Vijay Naraidoo va aux nouvelles

5 octobre 2015, 09:34

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Vijay Naraidoo va aux nouvelles

La nouvelle est un genre exigeant. Il faut que l’action soit rapide et surprenante. Vijay Naraidoo s’y colle avec son nouveau recueil qui vient de paraître, A formidable mother and other short stories, chez Yusi Edition.

 

Sur la vingtaine de nouvelles, l’une des plus réussies du recueil - elles sont de niveau inégal - est Baby blues. Élément perturbateur : un appel d’une femme longtemps perdue de vue, à un ancien amant. Avec seulement deux personnages, Vijay Naraidoo parvient à nous dire tant de vérités sur la société mauricienne, ses préjugés concernant les touristes et ce regard condescendant que peuvent avoir certains Mauriciens établis à l’étranger.

 

Ce qui compte le plus dans la nouvelle, c’est la chute. Fatale, diraient certains. Dans Baby blues, rien ne se passe comme l’avait prévu le personnage principal, Baby. Déjà, l’auteur nous met sur une fausse piste avec son titre, Baby blues. Non, cette histoire n’a strictement rien à voir avec une femme qui ferait une dépression postnatale. Le projet qu’a enfanté Baby, c’est de jouer les bienfaitrices avec un ancien amant, Yaya, un «ex petit fonctionnaire» du ministère des Travaux.

 

L’action, en temps réel, dans cette nouvelle dure à peine plus que le temps de prendre un café. Et de poser une question qui réduira Baby, la «cougar» aux doigts chargées de bagues, à sa vie de misère et de travail. Elle qui ressemble à ces nombreuses Mauriciennes, à qui un vieux monsieur européen a promis le mariage, qui s’est fait duper, et qui a vécu toute sa vie, en faisant le ménage, pour de vieux messieurs, en Belgique. «To embarrass him Baby attempted,mais comment tu fais la lessive dans un appartement», she asked confirming to Yaya that, out of the mouth of a mechanic come such preoccupations as brakes and oil and the maid has always washing facilities amongst her worries’.»

 

PATCHWORK LINGUISTIQUE

 

La transformation psychologique des personnages arrive sans tarder. Alors que Baby voulait impressionner Yaya, c’est l’inverse qui se produit. «Paradoxically she expected a poor ex petit fonctionnaire of the ministry of Works. She was disappointed. She felt she had committed a treachery to herself. She was harming herself

 

Pour ce qui est des ressources de la langue, Vijay Naraidoo insère dans la trame de Baby blues, un patchwork d’anglais, de français et de créole, pour restituer cette façon de parler qu’adoptent tant de Mauriciens qui vivent à l’étranger. On l’entend particulièrement à la phrase : «C’est malaaang. Tu habites dans flat si sale ?»

 

Autant de bons points pour dépasser notre blocage initial sur la nouvelle qui donne son titre au recueil, A formidable mother. En anglais, «formidable» n’a pas le même sens qu’en français. Bien au contraire. En anglais, il est synonyme de quelque chose ou de quelqu’un qui cause la peur ou des appréhensions, d’un élément intimidant ou encore, d’une grande force. La nouvelle, elle, nous montre une Nani Baboo formidable, avec son fils adoptif, au point de pratiquement le suivre jusqu’à la tombe. «Was it fate again that my grandmother survived my father by six months ? As if she had to look after him to the last».

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