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Résidence artistique: l’été vu par Thomas Henriot

26 octobre 2015, 05:08

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Résidence artistique: l’été vu par Thomas Henriot

Que voit un regard neuf posé sur la Tourelle de Tamarin ? Celui de Thomas Henriot, trempé dans l’encre de la sensibilité, voit de l’humain dans la pierre basaltique. «C’est comme un sein. C’est comme si cette montagne était la mère des gens. Elle est sans doute importante pour eux et en la voyant, ils imaginent plein de choses». Une montagne où les sous-bois ne cachent rien d’une chair rose, «quelque chose de charnel», indique le peintre.

 

Lui, guidé par «une énergie incroyable», a laissé parler l’encre de Chine sur le papier. Le produit de la résidence artistique d’un mois du plasticien français, chez nous, sera visible à l’Institut français de Maurice, du mercredi 28 au 31 octobre.

 

C’est après avoir parcouru New York, le Japon, Athènes et Bombay, en un an seulement, que le plasticien français est venu creuser davantage sa série intitulée La couleur de l’été. Titre paradoxal, quand on sait que nombre de ses oeuvres sont en noir et blanc. Ce qui n’enlève rien à leur force.

 

«C’est Abhisek Basu, mon galeriste, qui m’a invité à venir travailler à Maurice. Je n’étais jamais venu. C’est un pays qui fait rêver et je n’ai plus envie de repartir», explique Thomas Henriot. Abhishek Basu, directeur de la Basu Foundation of Arts, a des liens familiaux avec Maurice.

 

Déclic cubain

 

La couleur de l’été est un projet que Thomas Henriot a démarré il y a cinq ans à Cuba. «Il y a quelque chose dans la lumière, l’atmosphère de Maurice, qui me fait penser à Cuba», affirmet-il. Tout part de la fascination de Thomas Henriot pour Reinaldo Arenas. Ce Cubain, poète, auteur de nouvelles et de pièces de théâtre, a été emprisonné par le régime castriste qui l’a accusé d’être un contre-révolutionnaire. Il a été envoyé dans un camp de travail pour couper de la canne à sucre. En 1980, il a fui Cuba pour s’installer à New York. C’est là, atteint du sida, qu’il a choisi de se suicider en 1990. Il était âgé de 47 ans. «Pour moi, Reinaldo Arenas symbolise la force de la liberté de création. Cela fait partie des choses qui peuvent changer le monde», soutient Thomas Henriot.

 

«Lutte politique»

 

Le Français choisit alors pour référence, La couleur de l’été, titre de l’un des romans d’Arenas. Un hommage oui, mais à travers des oeuvres qui restent très personnelles. «J’ai utilisé une lutte politique pour dire que l’art est aussi une question politique. C’est une question de liberté et la liberté pose sans cesse problème», affirme Thomas Henriot.

 

Sa liberté à lui, c’est en travaillant, «dix heures par jour» qu’il la trouve. La concentration avec laquelle le plasticien s’imprègne d’un lieu - ici la plage de Tamarin - est telle, que Thomas Henriot dit entrer dans un état méditatif. Ce qui fait de lui, «l’outil d’une énergie». Une force qui s’exprime sur des mètres de papier, dans des ciels tourmentés, une rivière calme, des montagnes qui «ressemblent à des dents». Et pour ne rien perdre  de l’éclat de ses couleurs de l’été, Thomas Henriot exposera aussi des pièces créées dans les autres pays où il est passé.

 

 

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