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Biographie: Sir Anerood Jugnauth, ce «tombeur de géants»
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Biographie: Sir Anerood Jugnauth, ce «tombeur de géants»

«Giant killer», c’est le fil rouge de la biographie de Sir Anerood Jugnauth, Leading Mauritius Forward. Une biographie autorisée, signée Anand Mulloo, lancée, qui plus est, par le personnage central lui-même, la veille de son anniversaire, alors qu’il occupe les augustes fonctions de Premier ministre. L’auteur, qui n’est pas historien, ne se prive ni de commentaires, ni de signaler des événements auxquels il a lui-même participé. Justement, qui prendra le pari d’une biographie non autorisée? Faudra-t-il attendre la prochaine génération d’historiens?
Pour l’heure, cette nouvelle biographie est construite à partir d’extraits de discours, de comptes rendus de presse, d’une série d’interviews d’une large palette de personnalités. Et bien sûr, de rencontres avec le personnage central.
Biographie chronologique qui démarre, non pas directement avec le personnage central, mais par une référence à Ramgoolam père. Ainsi, les premières lignes sont: «Like his predecessor, sir Seewoosagur Ramgoolam (...) who was the son of Immigrant Mohit Ramgoolam, sir Anerood Jugnauth (...) is of East Uttar Pradesh origins, from the village of Rusrah, in the district of Ghazipur.» Comme une filiation entre les deux hommes, qui n’est pas uniquement identitaire, mais qui sera aussi idéologique.
Que montre Mulloo ? Que Jugnauth, qui, élève, a pris des leçons gratuites d'avec Sookdeo Bissoondoyal, est un bissoondoyaliste avec des affinités travaillistes. Mais surtout qu’il a une opposition viscérale face à Paul Bérenger. Au point où le lecteur se demande parfois s’il est dans une biographie de SAJ ou dans un exercice de règlement de comptes avec Bérenger. Le récit vire au jugement pour raconter l’épisode de 1982, quand Jugnauth refuse d’être un Premier ministre «vase à fleurs», qui passe par «le comité central avant d’aller au Conseil des ministres». Souvent revient cette idée : «I never allowed myself to be swayed by Berenger’s propaganda», en dépit de toutes les alliances.
Avec au passage, d’autres coups de griffes. Par exemple pour Satcam Boolell, son collègue du gouvernement de 1965. «What angered me most was the way I was being treated by veteran ministers like Boolell. He kept sending me list of names with notes of recommendations. He would ask me to issue them letters of introduction and thus to by-pass deserving candidates who had registered for years so that only people from his constituency of Montagne Blanche could get employed.» Ce qui le poussera à la démission en 1967.
Personnage controversé
En un demi-siècle de politique, SAJ a aussi été un homme très controversé. Comme pour l’épisode «démon». Nous sommes en 1995, le débat sur les langues orientales comme matière optionnelle au primaire fait rage. Le cas est porté devant le Privy Council qui donne gain de cause à l’État. De retour à Maurice, à l’aéroport, Jugnauth fera une déclaration qui est restée dans les annales, «that those who took the case to the court were inspired par ene l’espri diabolik. At that time, GaëtanDuval was campaigning against me. He propagated a falsehood that I had treated all Creoles as demons. Thiswas absolutely false. The sad thing is thatthe wrong perception that I was anti-Creole triumphed over the reality which was otherwise (...) I am aware that it has cast a slur on my reputation». C’est la version du personnage principal.
Plus intéressant encore, le commentaire de Prem Koonjoo (NdlR, qui était déjà ministre de Jugnauth en 1982 et qui l’est encore aujourd’hui): «Anil Bachoo and Raj Dayal, the Commissioner of Police, applied the term ‘saitan’ to those who had referred the case to the Supreme Court. SAJ felt that the court's verdict was a gross injustice. That’s why, in the heat of the moment, on his fresh landing at the airport, SAJ was so emotionally overwhelmed with the issue that he made an unfortunate slip of the tongue in repeating the term ‘saitan’, first used by Dayal.»
Dayal serait-il toujours l’homme par qui le scandale arrive ?
Si l’épisode de 1982 souffre de plusieurs redites, par contre, le lecteur a un goût de «pas assez» à propos de la conférence constitutionnelle de Lancaster House. Elle est traitée très rapidement, alors que SAJ est l’un des derniers participants encore en vie de cette conférence. Et surtout, pas une ligne sur la question de Diego, pourtant fondamentale lors de cette conférence.
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