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Aux Comores, bataille serrée en perspective entre les trois candidats à la présidentielle

10 avril 2016, 04:33

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Aux Comores, bataille serrée en perspective entre les trois candidats à la présidentielle

Les Comoriens sont appelés dimanche à élire leur président dans un second tour à l'issue bien incertaine, où le candidat du pouvoir Mohamed Ali Soilihi, arrivé en tête au premier tour, affronte l'ex-putschiste Azali Assoumani et le gouverneur de Grande-Comore Mouigni Baraka.

Les trois candidats qualifiés étaient arrivés dans un mouchoir de poche lors du premier tour, le 21 février, dans ce petit archipel pauvre de l'océan Indien qui a connu des décennies d'instabilité politique.

L'actuel vice-président Mohamed Ali Soilihi, dit Mamadou, avait décroché la première place avec 17,88% des voix, devançant le gouverneur de l'île de la Grande-Comore, Mouigni Baraka (15,62%), et l'ancien chef de l'Etat, le colonel Azali Assoumani (15,10%) qui a gouverné de 1999 à 2006.

Ce dernier a enregistré la semaine dernière le soutien personnel mais précieux du très populaire Ahmed Abadallah Sambi, chef d'Etat des Comores entre 2006 et 2011, devenu président d'honneur du principal parti d'opposition Juwa dont le candidat avait été éliminé au premier tour.

Le soutien du Juwa est essentiel car il dispose d'un important réservoir de voix sur l'île comorienne d'Anjouan, dont est originaire M. Sambi.

"Au niveau d?Anjouan, Sambi peut encore apporter des voix, mais il a perdu beaucoup de terrain", tempère auprès de l'AFP Soidroudine Soulaimane, un observateur issu de la société civile comorienne.

Les électeurs d'Anjouan n'avaient pas participé au premier tour de la présidentielle le 21 février, conformément à la Constitution atypique de l'Union des Comores, pays composé de trois îles (Anjouan, Grande-Comore et Mohéli).

Seuls les électeurs de la Grande-Comore, à qui revient cette année la présidence tournante de l'archipel, avaient pu voter au premier tour. En revanche dimanche, l'ensemble des 300.000 électeurs du pays est appelé aux urnes.

Malgré le soutien crucial de M. Sambi, le colonel Assoumani n'est pas certain de l'emporter. Car une quinzaine de cadres du parti d'opposition Juwa n'ont pas suivi les consignes de leur président d'honneur et ont démissionné pour rallier Mamadou.

- Soutenu par les oulémas -

"On ne s?attendait pas à une telle mobilisation", s?est exclamé un proche de l?équipe de Mamadou, visiblement satisfait de l'accueil réservé à son candidat qui a achevé sa campagne sur l'île d'Anjouan.

Cette semaine, le candidat a également enregistré le soutien du Conseil des oulémas, la plus haute instance de l'islam, dans un pays qui compte 99% de musulmans, principalement des sunnites.

Derrière ces deux favoris, le gouverneur de la Grande-Comore, Mouigni Baraka, moins connu sur les deux autres îles du pays, veut cependant croire en ses chances.

Son dernier meeting, vendredi, au stade Ajao dans la capitale Moroni a attiré plusieurs milliers de ses partisans, faisant jeu égal avec le meeting de Mamadou qui s'est tenu la veille dans la même enceinte.

"Cette marée humaine nous met en confiance, je suis satisfait. Malgré les ralliements en faveur de Mamadou et du colonel Azali Assoumani, la surprise est permise", a répondu Me Ali Ibrahim Mzimba, le bras droit du candidat, joint par l?AFP.

La campagne du second tour a été terne et désordonnée, se résumant à un déballage d?attaques personnelles et de soupçons de corruption.

Les partisans de Mamadou ont rappelé qu'Azali Assoumani avait abandonné en 1995 ses hommes en plein affrontement avec une dizaine de mercenaires conduits par le Français Bob Denard pour se réfugier dans l'enceinte de l'ambassade de France à Moroni.

Des proches de l'opposition ont, eux, accusé Mamadou d'avoir signé des contrats douteux dans le pétrole et les travaux publics.

 

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