Le monde sportif mauricien est endeuillé. En effet, Roberto Juhel, qui a fait les beaux jours de l’équipe de volley-ball du Racing Club de Maurice et de la sélection nationale, s’en est allé hier à l’âge de 64 ans après quelques mois de maladie. Ceux qui l’ont connu n’hésitent pas à dire que c’est l’un des meilleurs volleyeurs que l’île Maurice a enfantés, sinon le meilleur. De plus, il était réputé pour ses qualités de meneur d’hommes.

Le Racing Club a régné sans partage sur le volley-ball mauricien pendant plus d’une décennie à la fin des années 70 et au début des années 80. Sous la férule de l’entraîneur Jean-René Moutia, le club de Trianon a remporté 11 titres nationaux de suite. Les piliers de l’équipe étaient Roberto Juhel à l’attaque et Berty Appadoo à la passe. Celui-ci perd un ami avec qui il a cheminé pendant 45 ans. «Roberto et moi avons cheminé ensemble pendant 45 ans. Nous avons été coéquipiers au Racing et nous nous entendions vraiment bien. Nous avions l’amour du volley et du maillot. Roberto avait une grande force de frappe. Même en dehors du volley, nous étions très proches», confie-t-il.

Roberto Juhel a occupé la présidence du Racing Club de 1997 à 1999 et c’est Berty Appadoo qui lui avait succédé. «Roberto a aussi été président du centre national de formation de volley-ball qui avait été institué par Michael Glover suite à sa nomination comme ministre de la Jeunesse et des Sports en 1983», rappelle Berty Appadoo.

Sous les couleurs de la sélection de Maurice, Roberto Juhel a été médaillé d’or lors de la première édition des Jeux des îles de l’océan Indien (JIOI) en 1979 à la Réunion et médaillé d’argent en 1985 à Maurice. «Roberto et moi avons pris notre retraite le même jour, soit le 31 août 1985 au terme de la finale des JIOI perdue 3 sets à 1 contre Madagascar. Nous avons, avant cela, défendu les couleurs de la sélection nationale en de nombreuses occasions, que ce soit au niveau régional ou continental.»

L’ancien passeur du Racing Club et de la sélection mauricienne ajoute que Roberto Juhel avait une âme de leader. «Je garde le souvenir d’un leader, de quelqu’un qui avait une forte personnalité.»

«ON N’OUBLIERA PAS CE QUE ROBERTO A REPRÉSENTÉ»

Reza Itoola a aussi eu la chance d’évoluer aux côtés de Roberto Juhel au sein du Racing Club. Il ne passe pas par quatre chemins. «Roberto était le meilleur volleyeur que l’île Maurice a produit. Le Racing a perdu récemment son meilleur footballeur en la personne de Dany Imbert et voilà qu’il perd son meilleur volleyeur. C’était un joueur complet, il maîtrisait tous les aspects du jeu. En 1983, il avait été victime d’une grave blessure au genou et avait dû subir une opération. Il devait mettre un terme à sa carrière mais avait repris la compétition fin 1984. Au moment d’aborder la ligue nationale de 1985, une ligue simple avec 8 équipes, il m’avait dit : “On doit gagner tous nos matches en trois sets.” Et nous y sommes parvenus. C’est lui qui a été l’initiateur des attaques rapides dans le volley à Maurice avec Berty Appadoo. Mais moi, j’ai d’abord connu Roberto comme adversaire en 1978 alors que j’évoluais au sein du Club de Port-Louis. Je me souviens particulièrement d’une anecdote. Lors d’un match, Roberto Juhel avait été contré par Anwar Joomun qui était très petit de taille suite à une passe que je lui avais faite. Cela avait soulevé les vivats du public parce que cela avait surpris tout le monde. Roberto m’a alors regardé avec détermination en me disant de lui faire une passe semblable lors de l’action suivante. C’est ce que j’ai fait et cette fois, il a réussi à faire passer le ballon derrière Anwar Joomun. La preuve que la première fois, c’était par chance qu’Anwar Joomun avait contré son attaque», relate celui qui a succédé à Berty Appadoo comme passeur titulaire au sein du Racing Club.

L’actuel président de l’Association mauricienne de volley-ball (AMVB), Fayzal Bundhun, était capitaine de la sélection mauricienne qui a décroché la médaille d’or aux JIOI de 1979. Lui aussi ne tarit pas d’éloges au sujet de Roberto Juhel. «Roberto est assurément l’un des plus grands volleyeurs que Maurice a produits. C’était quelqu’un de très discipliné et de très exigeant. Nous avons passé de bons moments au sein de l’équipe nationale en 1979 à la Réunion. Il apportait beaucoup d’assurance au sein du groupe, c’était un meneur d’hommes. Il a fait honneur à la sélection et à son club, le Racing. Je me souviens l’avoir sollicité pour venir parler aux sélectionnés des JIOI de 2003 alors que moi j’occupais le poste d’entraî- neur. Il avait bienveillamment accepté de venir partager son expérience. Et j’avais demandé à mes joueurs de le prendre comme modèle. On n’oubliera pas ce que Roberto a représenté», confie Fayzal Bundhun.

Roberto Juhel n’a pas pratiqué que le volley-ball. C’était un féru de sport ayant touché à plusieurs autres disciplines dont le badminton, le squash et le golf. C’était aussi un passionné de courses hippiques et il possédait quelques chevaux au sein de l’écurie Perdrau.

À sa famille endeuillée, la rédaction sportive de l’express présente ses plus vives condoléances.