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Vtt : Yannick Lincoln garde l’espoir d’un retour en compétition
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Vtt : Yannick Lincoln garde l’espoir d’un retour en compétition


jusqu’à son rétablissement complet d’ici quelques mois.
Yannick Lincoln traverse actuellement la plus grande épreuve de sa carrière de sportif. Des blessures, il en a connu plusieurs depuis ses débuts dans le cyclisme sur route il y a de cela une vingtaine d’années, mais celle qu’il a subie lors des Jeux olympiques de Rio au Brésil en août dernier est certainement la plus grave. Mais au-delà de la fracture du col du fémur dont il a été victime, il y a le fait qu’il n’a pu prendre le départ de la course de vélo tout terrain (VTT) cross-country, le dimanche 21 août. C’était son rêve et il n’a pu le toucher que du bout des doigts. Ce qui, à n’en point douter, amplifie sa souffrance !
Plus d’un mois après cette chute sur le circuit de VTT de Rio 2016, Yannick Lincoln ne sait toujours pas ce qui l’a provoquée. «Quand Bertrand (Carabin, son entraîneur qui l’avait accompagné) et moi avions effectué une reconnaissance du parcours à pied, j’avais identifié ce saut comme étant la plus grosse difficulté. C’était celle qui me faisait le plus peur car elle impliquait un décollage et un atterrissage mais lors de la Coupe du monde à laquelle j’avais pris part auparavant à Lenzerheide en Suisse, il y en avait une qui était plus impressionnante que j’avais passée sans problème», précise-t-il.
«Sans peur aucune»
Lorsqu’il s’est essayé au fameux saut à Rio la première fois, il l’a réussi malgré un peu d’appréhension. «J’ai essayé encore trois ou quatre fois et tout s’est bien déroulé.» Le lendemain, le vététiste se présente à nouveau sur le circuit avec son entraîneur et se lance pour repasser cette fameuse difficulté. «Et là, j’y suis allé sans peur aucune et sans comprendre pourquoi, je me retrouve au sol, couché sur le côté droit. Le pire, c’est que je n’arrive pas à voir quelle erreur j’ai pu commettre pour tomber ainsi, comme une masse.» Sur le moment, Yannick Lincoln ne ressent pas de douleur à la jambe mais une faiblesse. «C’est plutôt au bras et à l’épaule droits que j’avais mal et je me suis dit que ça allait me gêner pendant 24 heures, tout au plus, et vu que la course allait avoir lieu trois jours plus tard, ce n’était pas grave.»
Le vététiste et son entraîneur remontent sur leurs vélos et vont à la rencontre des membres du service médical qui étaient en fonction sur le site de compétition. «Au moment de descendre du vélo, je n’arrive pas à enlever mon pied droit du cale-pied. J’ai une sensation de paralysie. Et donc, Bertrand doit m’aider», se remémore Yannick.
Sentiment indescriptible
Le vététiste relate son accident aux préposés qui l’examinent et qui lui affirment que son bassin n’est pas fracturé. Ils lui conseillent, toutefois, de se rendre à la clinique pour des examens plus approfondis. Après un moment de réflexion, il décide de suivre le conseil. «Une fois arrivé à la clinique, un premier scan ne montre rien. Cela me soulage mais en même temps, je ressens une douleur de plus en plus forte. Le médecin me fait alors subir une IRM (Imagerie à résonance magnétique) qui révèle que j’ai subi une fracture du col du fémur droit. Il ajoute que je dois me faire opérer très vite. Et là, je ressens un sentiment indescriptible aux antipodes de la joie que j’avais eue quand je m’étais qualifié pour les JO. Une immense déception, de la frustration, de la colère.»
Yannick Lincoln se fait donc opérer quelques heures plus tard sous anesthésie générale. «L’opération se passe bien et quatre heures après, je me réveille avec une cicatrice sur la jambe droite.»
«Ce n’était pas évident de supporter cette épreuve loin de ma famille mais en même temps, j’avais besoin de solitude. Mais j’ai eu beaucoup de soutien de la part de Bertrand et Norbert (Froget) qui étaient présents avec moi à Rio. Les mots et les gestes d’affection n’ont pas manqué et m’ont fait plaisir mais c’était dur à encaisser ce rude coup du sort.»
Yannick s’était tout même dit qu’il allait suivre la course de VTT pour laquelle il s’était qualifié et s’était préparé mais ne l’a finalement pas fait. «Pour suivre la course, il m’aurait fallu bouger parce que les chaînes disponibles dans ma chambre ne la retransmettaient pas. Mais je pense que c’était une bonne chose que de ne pas la voir finalement. J’ai vu quelques extraits par la suite sur des vidéos. Mais ce que je peux dire que c’était un long dimanche», dit-il avec tristesse.
Après avoir dû dans un premier temps utiliser un fauteuil roulant pour se déplacer, Yannick Lincoln commence à s’habituer aux béquilles. C’est d’ailleurs aidé de ces béquilles qu’il devra se déplacer jusqu’à son rétablissement complet d’ici quelques mois.
De retour à Maurice, le vététiste retrouve avec joie la chaleur familiale et peut passer du temps avec sa fille, Lana. Son quotidien est chamboulé, bien évidemment, par le fait de ne pas pouvoir marcher normalement. Mais très vite, il décide de reprendre le travail au Synergy Sport & Wellness Institute à Helvetia. Comme il le dit lui-même, il se trouve à l’endroit idéal dans la mesure où il peut y poursuivre sa réhabilitation tout en exerçant comme préparateur physique. «Dès que j’ai repris le boulot, mes collègues Dev Deerpaul (physiothérapeute) et Armand Boullé (ostéopathe) m’ont proposé leur aide pour ma rééducation. Je suis bien loti. Je fais mes exercices et je sens que j’accomplis des progrès.»
Yannick Lincoln pense déjà à l’avenir. Il est loin d’avoir fait une croix sur la compétition de haut niveau. «C’est vrai que je me pose mille questions quant à ma vitesse de récupération mais je n’ai pas l’impression d’être arrivé en fin de carrière. J’adore mon sport même si je suis conscient qu’il comprend une part de risques. Et je n’ai pas envie de me retirer sur une mauvaise note. Ce qui me passionne, c’est le haut niveau, celui que l’on côtoie en Afrique et internationalement. Je me sens encore capable de faire de belles choses.»
Phase d’acceptation
Le champion veut se concentrer davantage sur le VTT de type marathon que sur le cross-country (XCO). «Le VTT marathon convient mieux à ma physiologie. Le crosscountry, je l’ai débuté assez tard et c’est un handicap dans la mesure où il faut être très habile techniquement. » Yannick Lincoln réalise que cela implique beaucoup de choses. «Pour pouvoir établir des objectifs et les réaliser, beaucoup de paramètres entrent en jeu. Il faut s’assurer d’abord du soutien de la fédération, du ministère de la Jeunesse et des Sports et des sponsors.»
Yannick Lincoln se trouve, pour le moment, dans une phase d’acceptation mais pense que cette épreuve aura une influence sur sa personnalité plus tard. «Il est encore trop tôt pour mesurer cette influence mais on sort toujours changé d’une épreuve. Cela me rendra meilleur je l’espère.»
Ce qu’il endure l’aidera aussi dans son travail, du fait qu’il est appelé à s’occuper de personnesqui sont lourdement handicapées. «Avec ce qui m’est arrivé, je vais davantage comprendre mes patients qui ont perdu l’usage moteur de leurs jambes. Cela remet beaucoupde choses en perspective. J’aurais une meilleure compréhension de leur handicap. Moi, je recommencerais à marcher dans trois mois, alors que certains prendront davantage de temps à retrouver l’usage de leurs jambes», indique-t-il comme pour faire comprendre qu’il est inutile de s’apitoyer sur son sort et que demeurer positif ne peut qu’être bénéfique.
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