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Aéromodélisme: Un concentré de passion et d’adrénaline

13 octobre 2016, 14:50

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Aéromodélisme: Un concentré de passion et d’adrénaline

Aéromodélisme. Ce mot renferme un concentré de technologies et de passion qui se vit à Maurice, presque dans l’anonymat, depuis 1973. A Grand-Baie d’abord, puis à Saint-Martin à partir de 1975, des passionnés font voler avions, hélicoptères et drones. Ils sont aux manettes, connectés à leurs engins par une montée d’adrénaline indescriptible.

Saint-Martin, dimanche après-midi. Une manche à air indique la direction du vent à côté d’une piste longue de 70 mètres. En toile de fond une colline au-dessus de laquelle s’élèveront tour à tour des bolides bourdonnants, le temps pour leurs propriétaires d’effectuer les derniers réglages et de faire le plein de carburant. Ils sont les héritiers d’une passion qu’Eric Piat, Cyril Belcourt, Philippe Gourdin, Pierre Manuel, Marc de Coriolis et Jean Mamet vécurent en pionniers au début des années 70.

«Nous faisons partie du Club Modèles Réduits (CMR). Il y a une quarantaine de membres. Nous nous offrons un moment de détente après une semaine de travail. Avec l’évolution qu’a connue ce secteur, l’aéromodélisme devient plus professionnel grâce à des équipements de plus en plus sophistiqués», souligne Fawzy Delior, vice-président du CMR. Dans les airs, au-dessus de ce terrain de cinq arpents loué à bail à la propriété sucrière de Médine, se côtoient hélicos, avions, avions à réacteur, drones et drones de course. Le CMR a su suivre le rythme de l’évolution.

Ces différents types d’engins occupent chacun un espace bien défini. «Les avions à réacteur évoluent dans un secteur, les hélicos dans un autre secteur et les drones dans un autre secteur encore. Il y a des normes de sécurité à respecter. Nous avons une équipe de trois personnes qui assurent la sécurité de nos équipements, de nos pilotes et du public qui assiste aux manœuvres», ajoute Fawzy Delior. Le danger est pré- sent, comme dans tout autre sport. Il y a un minimum de précautions à prendre. Il ne faut pas voler dans et vers la zone de parking, éviter la route qui passe à côté en cas de problème, tout faire pour ne pas endommager les autres avions. Il y a eu des crashes jusqu’ici mais jamais d’accident mettant en danger la vie humaine.

Jean-François Mussard, président du Club Modèles Réduits et Fawzy Delior, vice-président du Club Modèles Réduits.

Est-ce onéreux de faire de l’aéromodélisme ? «Il n’y a pas de limite», remarque le vice-président du CMR. «L’investissement minimal se chiffre à Rs 10 000. Nous achetons la carcasse et nous procédons au montage. L’entretien, c’est comme pour un moteur. Après un vol, il faut bien graisser, nettoyer. Il ne faut pas grand-chose. Nous sommes tous un peu mécanos, un peu bricoleurs. Nous comptons parmi nos membres des pilotes d’avion, des ingénieurs, des médecins, des avocats, des personnes qui sont à leur compte. Toutes les couches sociales, toutes les composantes de la société mauricienne sont présentes ici», précise-t-il.

Ceux qui pilotent forment aussi ceux qui souhaitent faire leurs premiers pas dans l’univers des modèles réduits. «Si quelqu’un est intéressé, il vient nous voir. Nous le guidons tout d’abord quant au type d’appareil adapté à un débutant. Nous l’accompagnons lors des premiers vols, nous le soutenons. En moins de deux mois, il est p r ê t à voler seul», assure Fawzy Delior.

Rencontre Maurice-Réunion

Plutôt que de parler d’entraînements en tant que tels, le vice-président du CMR préfère évoquer «la mise en place de plans de vol pour évaluer le niveau des pilotes». Ce plan de vol, de par les figures qu’il propose, aide à créer une hiérarchie en fonction du degré de difficulté. Les figures élémentaires sont multiples : garder le cap, atterrissage, vol à plat, circuit rectangulaire, cercle à plat, huit à plat et décollage. Les figures d’initiation comprennent, quant à elles, le renversement, le tonneau, l’Immelman, le retournement, le vol dos, le tonneau du débutant, la montée à 45°, la descente à 45°, la montée et la descente verticales.

Les pilotes confirmés peuvent, eux, tenter des figures de perfectionnement : vol dos, renversement central avec quart de tonneau, demi-huit cubain inverse, tonneau lent, Humpty Bump optionnel avec demi-tonneau, trois tours de vrille, boucle car- rée avec tonneau, tonneau contre tonneau, chapeau haut de forme avec quart de tonneau, Immelman combiné, demi-boucle carrée avec demi-tonneau et descente à 45° avec un tonneau. Les figures d’expert s’expriment dans le free style de type cercle en tranche, glissade dos, vrilles en tous genres, entre autres.

Jean-François Mussard assemblant son avion.

Les sensations finissent par envahir ceux qui sont aux commandes ! «C’est une grosse montée d’adrénaline», répond Jean-François Mussard, président du CMR. «Des sensations fortes», ajoute-t-il. Indescriptibles. «On ressent même des palpitations par- fois. Ce sont de gros engins qui nécessitent de gros investissements», souligne-t-il. «Il suffit d’une bêtise et l’appareil s’écrase au sol», affirme Fawzy Delior.

Le CMR organise des journées portes ouvertes plus que des compétitions. C’est toujours l’occasion d’avoir des échanges entre passionnés et surtout de voler ensemble. Comme la rencontre amicale Maurice-Réunion qui se tiendra dimanche prochain à Saint-Martin de 10 heures à 18 heures. Elle sera précédée samedi d’une découverte des lieux pour les visiteurs.

«Il est toujours intéressant d’avoir contact avec les Réunionnais. Cela nous per- met d’évoluer sur le plan des figures. Le torque-roll, par exemple, est une figure où l’avion ne vole plus grâce à ses ailes m a i s grâce à son hélice. L’avion se suspend sous cette dernière et essaie tant bien que mal de rester en l’air», déclare Jean-François Mussard. Il faut des modèles spécialement conçus pour cela, avec un centre de gravité réglé différemment. C’est une figure rare dans l’aviation réelle car peu d’avions possèdent un moteur assez puissant pour supporter leur propre poids.

«Les Réunionnais ont plus de facilités que nous de par les liens qu’ils entretiennent avec l’Europe. Ils voyagent plus que nous. Nous sommes écrasés par la taxe, il est compliqué de faire venir de gros modèles. Nous devons, nous, importer des pièces à gauche, à droite, avec les moyens dont nous disposons. C’est un travail de fourmi», soutient-il.

Un travail qui porte cependant ses fruits et captive les regards, au sol aussi bien que dans les airs. L’Extra 330 L, le Sbach 300, avions conçus pour la voltige, le Cap 232, avion français, le Cessna 182, réplique identique du célèbre avion américain, avec son moteur de 110 cc et une envergure de 2m50 ou plus, les hélicos, qui font entre 1 mètre et 1m50 de long, les drones de course de 250 mm, capables d’atteindre les 150 km/h, sont autant de raisons de découvrir et d’aimer rapidement les modèles réduits et le pilotage.

D’autant que les champions sont là pour flirter avec la colline, faire des arabesques dans les airs tout en partageant leurs connaissances avec ceux qui vibrent de la même passion. De grands enfants ? «Sans doute!» rétorque Jean-François Mussard. «Nos épouses ne nous comprennent pas toujours. Nous les emmenons avec nous de temps en temps. Il n’y a pas une femme sur le terrain. Il n’y a pas de femme pilote jusqu’ici», regrette-t-il. Fawzy Delior garde, toutefois, espoir de réussir ce tour de force très bientôt.

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Il est vrai que ces passionnés en plein pilotage, en immersion avec leurs lunettes et casques vidéo adaptés, donnent l’impression qu’ils vivent dans un monde à part et n’ont besoin de personne. «C’est l’hélico qui procure le plus d’adrénaline. On oublie tout, on a les jambes qui tremblent, le cœur qui bat», affirme Michaël Walter, secrétaire du CMR. Le challenge est présent tout le temps et plus encore à l’atterrissage, explique-t-il. Surtout pour les gros avions. «Piloter ensemble, comme ils le font en ce moment à trois, cela représente cinq ans de camaraderie», précise-t-il. Et de nombreuses heures de pratique aéromodéliste qui ont permis de peaufiner le pilotage…

Michaël Walter, secrétaire du Club Modèles Réduits et passionné d’hélicoptère.

 

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