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Les raies nos voisines

23 mai 2017, 20:56

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Les raies nos voisines

Elles semblaient planer dans le lagon. Une dizaine de raies ont donné  un beau spectacle, il y a une dizaine de jours. Qui sont-elles ?

Une dizaine de raies ont offert un joli ballet dans le lagon de Trou-d’Eau-Douce récemment. Une danse rare pour les Mauriciens en général. Si leur apparition a surpris certains, elles font pourtant bel et bien partie du milieu environnemental des lagons mauriciens. Les raies qui dansaient dans le lagon ont été identifiées comme des raies aigles (Aetobatus narinari). Elles sont des habituées des eaux mauriciennes. 

Hugues Vitry, président du comité technique de la Mauritius Scuba Diving Association, affirme que «souvent ces raies sont appelées raies chauvesouris en raison de la façon dont elles nagent». Elles sont connues pour être des poissons d’eau profonde. On les retrouve le plus souvent à l’extérieur des récifs. Mais leur présence à l’intérieur du lagon n’est pas une première. 

Yann Von Arnim, responsable de la conservation du patrimoine sousmarin au sein de la Mauritius Marine Conservation Society (MMCS), avance que «ce qui est différent cette fois, c’est que ce sont des images tournées avec un drone. Ce qui offre une autre perspective». 

L’hypothèse de Yann Von Arnim sur la raison de ce ballet est la reproduction. «Beaucoup d’animaux se reproduisent au moment où les saisons changent. C’est sans doute une femelle suivie par plusieurs mâles cherchant à se reproduire, qui se sont retrouvés à l’intérieur du lagon à ce moment-là.» 

Ce comportement a aussi été remarqué à la passe Saint-Jacques, dans le sud du pays. Les raies aigles ne sont pas non plus les seules à vivre dans les lagons autour de l’île. L’autre espèce la plus commune est la raie pastenague, qui est davantage un poisson de fond que d’eau profonde. Elle est nettement plus petite et de couleur brune, contrairement au noir tacheté de la raie aigle. Par rapport à la raie manta, qui est la raie la plus populaire, ce n’est pas un poisson de lagon. Pour en voir une, il faut s’éloigner des côtes. 

«Les raies manta sont des poissons plus larges, pouvant atteindre jusqu’à six mètres d’envergure», explique Yann Von Arnim. «Ce sont des poissons qui se nourrissent de plancton qui se trouve en haute mer.» 

Pour ce qui est de leurs habitudes alimentaires, les raies aigles et pastenagues sont des prédatrices actives, se nourrissant majoritairement de crustacés et de plus petits poissons. Cependant les raies ne font pas vraiment partie des habitudes alimentaires des humains. En général, c’est par mégarde que ces poissons atterrissent dans les filets des pêcheurs. 

Certaines espèces sont directement menacées par la surpêche, à l’exemple de la raie manta. Tout comme les ailerons de requin, les raies sont prisées surtout dans les pays d’Asie. La pollution représente une autre menace. Et pas uniquement pour les raies du grand bleu...  Les raies, comme n’importe quel poisson, jouent un rôle dans l’équilibre précaire du lagon. Si elles venaient à disparaître, les effets se feraient sentir sur l’homme.

Les plus vieux  poisons

<p>Les raies sont des poissons cartilagineux, une spécificité qu&rsquo;elles partagent avec les requins, par exemple. Cette catégorie de poissons est l&rsquo;une des plus anciennes au monde. Les fossiles les plus vieux de poissons cartilagineux remontent à plus de 360 millions d&rsquo;années, soit bien avant les dinosaures. &nbsp;Si, désormais, cette catégorie de poissons cartilagineux est restreinte à une poignée d&rsquo;espèces, il fut un temps où ils ont dominé les mers. Si nous n&rsquo;en trouvons pas à Maurice, plusieurs espèces de raies sont des poissons d&rsquo;eau douce et sont toutes autant menacées par la pollution des fleuves et la pêche dans leurs habitats.&nbsp;</p>

<p><em>&laquo;Il existe plusieurs poissons qui semblent être à mi-chemin entre les raies et les requins comme le poissonguitare&raquo;</em>, explique Yann Von Arnim. Les poissons cartilagineux ont survécu à plusieurs extinctions de masse des espèces sur terre. Reste à voir s&rsquo;ils survivront à l&rsquo;Homme.&nbsp;</p>

Pas dangereux mais à ne pas provoquer

«Elles vont s’enfuir aussi vite que possible quand elles voient un plongeur», explique Hugues Vitry. «Au mieux, un plongeur expérimenté s’approchera à deux ou trois mètres d’elles.» Par nature, les raies aigles ne sont pas agressives. Le premier réflexe de la raie aigle en présence de l’homme sera de prendre la fuite. Cela ne veut pas dire qu’elles sont incapables de se défendre. Les raies aigles, comme la plupart des membres de leurs espèces, possèdent un dard au bout de la queue dont elles peuvent faire usage pour se défendre. «Les piqûres de raie sont causées par les épines de la queue. Les raies n’attaquent généralement pas de manière agressive ni même ne se défendent activement», explique Vassen Kauppaymuthoo, océanographe. «La raie demeure un poisson dangereux qui, même s’il n’est pas agressif, peut se sentir menacé et piquer un humain.» Ces dards peuvent, dans certains cas, être venimeux. Le plus souvent, les blessures sont limitées aux bras du plongeur trop curieux ou aux jambes de ceux moins chanceux ayant par inadvertance posé le pied sur une raie, comme la pastenague, souvent tapie sur les fonds marins. Certaines des blessures causées par elles peuvent s’avérer mortelles, surtout si le dard frappe une artère par exemple. Une des morts les plus médiatiques dues à une raie est celle de Steve Irwin, un présentateur australien d’émissions animalières, en 2005. Lors d’un tournage sur la Grande Barrière de corail, il avait été frappé à la poitrine par une raie. «Les blessures immédiates pour l’Homme incluent, mais ne s’y limitent pas, l’empoisonnement, les perforations, les ruptures d’artères et des veines», poursuit Vassen Kauppaymuthoo. «Il n’est donc pas conseillé de nager avec les raies, mais plutôt de les observer et de respecter leur environnement.»

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