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École: fini le rotin, bonjour le bazar

20 août 2017, 17:30

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École: fini le rotin, bonjour le bazar

C’était autrefois, avec la règle en bois, leur «arme secrète». Ce rotin qu’ils osaient dégainer pour «faire peur» ou «donner une correction» aux élèves récalcitrants et turbulents. Mais ça, c’était avant. Aujourd’hui, les profs ont les mains liées. Pour la plus grande joie des collégiens et des écoliers, qui n’hésiteront pas à appeler parents, Child Protection Unit, police, si jamais quelqu’un ose «lev lamé lor zot». 

Alors que les écoliers ont repris, lundi 14 août, le chemin des classes, les enseignants sont, eux, moins enthousiastes. Ils savent que cela va encore être le bazar…

Certains élèves auraient vraiment besoin d’un petit coup de rotin pour les remettre dans le droit chemin, soutient Thérèse, surtout par les temps qui courent. «Il fut un temps où les élèves n’osaient même pas dire à leurs parents qu’ils avaient reçu des coups de rotin. Zot ti pou gagn ankor plis sinon!» lâche, nostalgique, celle qui a enseigné dans des écoles primaires 36 ans durant. 

«Éna paran pa mem pran kont séki zanfan-la pé fer lékol. Par kont, kouma ou donn enn ti kalot, zot débarké kouma siklonn!»

Thérèse a raccroché le rotin il y a trois ans. Au fil des ans, elle a vu les choses, les mœurs évoluer, se dégrader. «Sa bann zanfan zordi zour-la ! Ce n’est plus la même chose, vraiment plus la même chose.» 

Même son de cloche du côté de Jaganarden Sunassee. Selon lui, la situation se détériore de jour en jour. L’ancien instituteur a quitté l’école il y a quelques années déjà. Mais les souvenirs sont vivaces, les bons comme les mauvais. «Souvent, nous enseignions avec la peur au ventre. Nous ne voulions pas de problème. Les parents sont devenus de plus en plus ‘sensibles’ au fil des ans.» 

Il se rappelle ainsi de plusieurs «cas» où il n’entendait jamais parler des parents. Jusqu’à ce qu’il punisse leur enfant… «Ce sont des gosses. C’est normal qu’ils fassent des bêtises. Ils joueraient pendant toute la journée si on leur en donnait l’occasion. À l’école comme à la maison, bizin enn ti présion, enn ti pinisyon.» Mais les parents ne l’entendent pas de cette oreille. «Éna paran pa mem pran kont séki zanfan-la pé fer lékol. Par kont, kouma ou donn enn ti kalot, zot débarké kouma siklonn», ironise Monsieur l’ancien professeur. 

Les parents peuvent même se soucier des enfants qui ne sont pas les leurs, renchérit Ramprakash Ramkissen. Cet ancien instituteur et maître d’école a pris sa retraite en 2005. Il avait été «réprimandé» parce qu’il avait donné un «petit coup de rotin» à un élève de sa classe. Et ce, par les parents d’un autre écolier… 

Mais il n’y a pas que les coups qui font mal aux profs. Il faut également s’attendre à un retour de bâton en cas de remontrance verbale. «Une fois, j’ai sévèrement grondé un élève qui balançait des jurons dans le car scolaire. Les autres élèves avaient rapporté le cas. Mais là encore, les parents n’ont pas apprécié», dit une institutrice qui est toujours en poste. Le lendemain, la maman et le papa du petit diable à la langue bien pendue se sont présentés dans le bureau du maître d’école. Et ce, en présence de l’enfant. 

«C’est grave parce que celui-ci se dit qu’il peut se permettre de ne pas obéir aux profs…» Décidément, sans le rotin, c’est vraiment le bazar.

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