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Steven Gerrard: «Mon ambition est d’être manager de Liverpool»

9 octobre 2017, 11:00

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Steven Gerrard: «Mon ambition est d’être manager de Liverpool»

Chaque automne, dans un grand hôtel londonien situé entre Marble Arch et Hyde Park Corner, le grand monde du football se réunit pour un gala de charité organisé au profit d’une association de musico-thérapie, Nordoff-Robbins, qui fait un travail extraordinaire en ce domaine au Royaume-Uni. Chaque automne, une grande figure du football y est honorée. 

Cette fois, c’était au tour de Steven Gerrard, qui avait pris place à une table où s’étaient déjà assis quelques autres anciens d’Anfield, et pas des moindres: Sami Hyppia, Robbie Fowler, Jamie Carragher et Xabi Alonso. Non loin de là, on retrouvait à une autre table deux ex-managers des Reds, Roy Hodgson – avec lequel Gerrard a toujours entretenu d’excellentes relations, quoi que vous ayiez pu entendre ailleurs – et Gérard Houllier, l’homme qui donna sa chance au gamin de dix-huit ans, le 29 novembre 1998, dans un match de Premier League contre Blackburn. 

Votre serviteur était lui aussi présent, les oreilles à l’affût et le carnet de notes à portée de la main, et bien lui en prit, quand Stevie G, peu connu pour sa loquacité, accepta le jeu des questions-réponses des plus révélateurs sur sa personnalité d’éternel insatisfait… et ses ambitions.

Steven, on vient de présenter un montage d’images des plus grands moments et des plus beaux buts de votre carrière. Vous rendez-vous compte de ce que vous avez accompli, et comment jugez-vous le parcours de l’adolescent trop maigre pour son maillot devenu capitaine de son club et de sa sélection ?
C’était un rêve. J’ai grandi avec le rêve de devenir un footballeur professionnel, et je voulais le faire avec Liverpool. Et quand j’ai vu les clips qu’on a montrés, bien sûr, ça m’a donné beaucoup de satisfaction, et j’ai ressenti de la fierté, mais… aussi des regrets. Vous avez les cheveux qui se dressent sur la nuque quand vous voyez ça, c’est vrai. Je pense à tout ce qu’il a fallu pour accomplir ça. Or accomplir ça, c’est impossible sans le soutien des autres, des amis avec lesquels vous avez grandi, de votre famille, des coaches avec lesquels j’ai eu la chance de travailler, des coéquipiers que j’ai côtoyés au jour le jour sur le terrain d’entraînement, mais aussi de vos adversaires – de tout ce qui constitue un défi qui doit être relevé. Tout ça, tout cet environnement doit être en place pour que vous alliez au sommet. Moi, j’ai eu la chance d’être dans cet environnement dès l’âge de huit ans, quand j’ai pris ma première licence à Liverpool, et d’en bénéficier tout au long de ma carrière… Il y a bien une sorte de chant du cygne à LA Galaxy, parce que je voulais continuer à jouer, et que je savais que ce ne serait plus possible à Liverpool. Alors, oui, quand je regarde en arrière, je ressens beaucoup de satisfaction, mais aussi de la frustration, parce qu’il y a un titre qui m’a toujours échappé, celui de la Premier League. Ça m’a fait mal. Et je continue d’y penser.

Vous pensez aussi souvent à Istanbul ?
Je serai honnête avec vous : pas aussi souvent que vous le croyez. J’y pense quand les gens le mentionnent, quand on montre les images à la télévision, ou lors de soirées comme celle-ci, où les gens veulent que je parle de moi, ce que je n’aime pas trop faire. Je ne sais pas si c’est parce que je suis fait comme ça, ou si je suis une exception, mais ce à quoi je pense, ce sont aux choses que j’ai ratées, aux matchs que j’ai perdus. Ce qui me fait réfléchir, c’est ce qui aurait pu être, davantage que ce qui a été. Peut-être que je ne devrais pas faire ça, mais peut-être aussi que ça m’a aidé quand j’étais footballeur : je suis plus marqué par les échecs que par quoi que ce soit d’autre. Leur souvenir ne me quitte pas. C’est ce qui me motivait quand j’allais m’entraîner après, ne pas revivre ça, ce sentiment horrible d’être passé à côté de quelque chose.

Mais Istanbul reste quand même le plus grand moment de votre carrière, non ?
Oui, sans l’ombre d’un doute. A cause du scénario du match. A cause du groupe de gars avec qui on a accompli ça. A cause des fans. Parce que moi aussi, j’étais un fan, j’avais été un fan avant de devenir un footballeur, et que je comprenais par quoi ils étaient passés pour qu’on en arrive là. Je me souviens du match, je me souviens du vent qui soufflait en rafale, mais je vous dirai que je n’ai pas pris plaisir à une minute de ce match, pas jusqu’à la fin de la séance de tirs au but. Mais après, oui, la joie, la satisfaction d’avoir donné un titre de plus à mon club et, puis, surtout, de l’avoir fait avec des joueurs que j’appréciais, avec qui je me sentais bien.

C’est un sentiment que vous avez souvent ressenti, cette absence de plaisir dans le jeu lui-même ?
Presque tout le temps. Ce que j’ai apprécié, ce qui m’a donné du plaisir, c’est l’émotion qu’on ressent quand on a gagné un match. Le reste, non. On souffre. On doit se faire violence, aller là où votre corps vous dit qu’il ne veut pas aller. C’est très difficile, de prendre du plaisir à un parcours en coupe, ou à une saison de championnat, quand ce qui vous motive, ce qui vous donne du bonheur, c’est la victoire et rien d’autre. C’est peut-être différent pour d’autres. Pour moi, c’est ainsi.

Cette soirée est censée être une célébration de votre carrière. Elle ne vous procure donc pas de joie ?
Si ! C’est pour ça que Carra dit que je fais tout le temps la g*****! Mais je ne vous dis pas que ces grands moments, comme Istanbul, ne sont pas parmi les meilleurs moments de ma vie. J’essaie juste d’être honnête. J’ai vécu mon rêve. Je rêvais d’être le capitaine de Liverpool, je rêvais de jouer pour l’Angleterre, et je l’ai fait. Mais j’en veux toujours plus. Je suis un goinfre. Je suis ambitieux. Quand je regarde en arrière, je vois ce qui m’a échappé.

Etes-vous toujours aussi ambitieux, maintenant que vous-vous occupez des moins-de-18 ans à Liverpool ? Le but n’est-il pas de devenir manager de Liverpool ?
On a un formidable manager au club aujourd’hui, qui a mis le club sur les bons rails. Mais je vous mentirais si je vous disais que ce n’était pas un autre de mes rêves. Car ça l’est. Pour le moment, je suis à l’arrière du décor, pour apprendre ce qui fera de moi un meilleur coach, et il n’y a pas de meilleur endroit pour le faire qu’à Liverpool, pour comprendre si j’ai les qualités requises pour le devenir un jour. Mais ce serait complètement stupide de dire, ‘je vais être ci, je vais faire ça’, alors que je commence tout juste. Ce que je sais, c’est que l’ambition est là.

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