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Aurèle André: «C’est un concert de cultures»
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Aurèle André: «C’est un concert de cultures»

La huitième édition du Trail de Rodrigues sera le temps fort du calendrier trail en cette fin d’année 2016. La RodTrail Association ambitionne de réunir 1 200 participants cette année dont 400 coureurs étrangers. Elle est confiante d’y parvenir malgré la décision du ministère des Finances de réduire les subsides sur le billet d’avion Maurice – Réunion.
Le Trail de Rodrigues a-t-il trouvé sa véritable identité depuis l’allongement en 2015 de la course principale, qui est connue comme le Marathon de l’Eden (44 km), et du Trail du Solitaire (22 km), deuxième épreuve majeure au programme ?
Sans être prétentieux, j’estime que le Trail de Rodrigues a connu un développement soutenu et qu’il est devenu aujourd’hui incontournable dans le calendrier de la pratique du trail dans la région. Il y aura toujours «room for improvement». Je dois rendre hommage ici à nos conseillers, entre autres Eric Lacroix, Yan de Maroussen et Philippe la Hausse qui, comme initiateurs du Trail de Rodrigues en 2008-2010, continuent de nous soutenir pour assurer sa pérennité dans le contexte bien précis du développement durable et intégré de Rodrigues.
Bref, l’identité du Trail de Rodrigues se forge année après année avec la participation tous azimuts de la population locale. La population rodriguaise l’a maintenant adopté. Le Trail de Rodrigues est naturellement spécial avec son parfum d’Eden. Cette année-ci, l’Assemblée Régionale de Rodrigues montre un grand intérêt pour le trail, sous l’égide du bureau du Chef Commissaire et de la Commission Jeunesse et Sports. C’est très encourageant.
Le niveau d’exigence correspond-il désormais aux différentes forces en présence : coureurs venant d’Europe, de La Réunion, de Maurice et ceux qui connaissent mieux que tout le monde les arcanes des sentiers de Rodrigues, les natifs de l’île ?
Le Trail de Rodrigues, c’est un concert de cultures. C’est une rencontre respectueuse des cultures d’Europe, de La Réunion, de Maurice, d’Afrique, voire même d’Asie, d’Océanie et d’Amérique. Dans un monde globalisé, avec tous ses démons, le Trail de Rodrigues permet cet échange, voire ce métissage de passion pour Mère Nature et les vraies relations humaines au cœur même de l’Eden. Les coureurs de Rodrigues, tant au niveau féminin que masculin, n’ont plus de complexe quand il s’agit de se mesurer au niveau planétaire. D’ailleurs, d’année en année, les Rodriguais progressent au contact des étrangers tout en multipliant les échanges. Oui, le niveau d’exigence correspond parfaitement à l’esprit de la pratique du trail. Dans les sentiers, au coeur de la nature, tous sont égaux.
Ce qui me fait penser à la chanson de feue la star Michael Jackson : «We are the World». Sans rivalité aucune, les Rodriguais s’affirment comme des citoyens à part entière du monde et souhaitent apporter, aussi minime qu’elle soit, leur contribution à l’édifice mondial.
Les quatre courses et les différents niveaux de difficulté proposés répondent-ils à toutes les attentes ?
Le principe adopté par le comité organisateur du Trail de Rodrigues est d’être à l’écoute des participants et surtout de la population locale car ce sont eux qui en sont les acteurs. Donc, diversifier les courses est une réponse aux attentes des participants et de la population locale.
Comment s’annonce cette huitième édition prévue cette année pour le 5 novembre ?
A ce jour, tout se passe bien. Il y a de nombreuses sollicitations, ce qui est bon signe. C’est très encourageant de constater que des groupes de trailers ont débarqué à Rodrigues déjà pour une reconnaissance des parcours. C’est bon pour le Trail de Rodrigues et c’est bon pour Rodrigues. Ceci dit, le 5 novembre ce sera le trail au paradis, l’expérience édénique.
Qui seront les coureurs phares à surveiller et qui devraient tenir les rôles principaux ?
Les coureurs rodriguais sont à surveiller car sur leur terre, ils veulent tous se surpasser. Certainement, c’est dans leurs gènes. Depuis quelques années déjà, la RodTrail Association a élaboré une Ligue de Trail. Celle-ci a permis aux trailers locaux de s’aguerrir à la pratique du trail et donc d’identifier les forces en présence. Chez les hommes, il y a Ivan Cliff Rose, qui fait un come-back fulgurant, Patrice Chan Seem, Liraud Flore, Silain Flore, sans oublier André Emilien, l’eau qui dort, et chez les dames, Claudia Fong Kye et l’incontournable Antoinette Milazar. Il y aura d’autres surprises certainement mais il ne faut pas révéler toutes nos batteries.
Qui sera le parrain du Trail de Rodrigues cette année ?
Le Trail de Rodrigues en sera à sa huitième édition, que de chemin parcouru ! Nous avons sollicité le parrainage du Chef Commissaire, Louis Serge Clair. L’Assemblée Régionale de Rodrigues, dont la politique de développement tourne autour de Rodrigues, île écologique, est un partenaire incontournable du Trail de Rodrigues qui prône un développement durable à la dimension des îliens.
Prévoyez-vous à nouveau des duels palpitants sur les pentes herbeuses, les sentiers terreux et les zones rocheuses du relief montagnard et les côtes rocheuses tourmentées du littoral ?
Rodrigues est une terre d’accueil et nous allons tout mettre en oeuvre pour que les participants puissent avoir une authentique expérience des sentiers rodriguais et qu’au final, ils disent : «Nous l’avons fait et nous sommes heureux.» Les duels, il y en aura mais dans l’esprit du fair-play associé à la pratique du trail.
Ces sentiers de Rodrigues ont-ils fait l’objet d’une cartographie déjà comme annoncé il y a un an ?
Je dois avouer que ce dossier n’a pas progressé pour des raisons logistiques. Cependant le projet est toujours d’actualité et il faut laisser le temps au temps. D’ailleurs, nous sommes en train en ce moment d’établir des contacts avec des organisations internationales, entre autres l’ONF, pour nous aider dans cette démarche.
Combien de kilomètres couvrent ces sentiers de Rodrigues ? Sont-ils tous balisés ?
Les sentiers sont déjà balisés mais j’avoue qu’il faut un travail herculéen pour comptabiliser le kilométrage. D’abord il nous faut réaliser un travail de fond avec tous les acteurs en présence : les autorités, l’association des guides randonneurs qui, enfin, commence à se restructurer avec, à sa tête, une battante en la personne de Marie-Paule Pierre-Louis comme présidente. Je dirais que l’idée lancée l’année dernière fait petit à petit son petit bonhomme de chemin.
Pour une île à vocation touristique, ces sentiers font partie d’un patrimoine à protéger autant que les lieux historiques…
Certainement. Rodrigues, de par son histoire géologique, a énormément à protéger et à préserver surtout que Rodrigues est unique dans cette partie du monde avec une superficie calcaire très spéciale. Le Trail de Rodrigues constitue donc un élément important dans la découverte et la protection de l’ile et son patrimoine.
Au chapitre du tourisme toujours, le Trail de Rodrigues attire de nombreux Mauriciens et Réunionnais pour lesquels ce rendez-vous est devenu incontournable. La promotion de cet événement s’accroît-elle année après année ?
Avec les moyens dont nous disposons, nous essayons de faire de notre mieux à travers nos contacts et nos partenaires de toujours, entre autres Air Mauritius Ltd, du haut de ses 50 ans, l’Assemblée régionale de Rodrigues, l’office du Tourisme de Rodrigues, L’express, endurance Magazine, les conventions avec l’Université de La Réunion, le comité d’athlétisme de la Plaine des cafres, le Racing club de Saint-Denis, les Associations Run Handi Move, Réunion Aventure Joelette, Rando Trail & Nature, City Sport, les titres de presse européens spécialisés en trail, Phoenix Bev, Roag, l’Association du Tourisme Réuni (Rodrigues), les établissements touristiques, Cotton Bay Hotel, Tekoma Hotel, 2000 Tours, Auberge du Lagon, Les Filaos, Les Frangipanes, Le Refuge, Koki Boner et j’en passe. La promotion du Trail de Rodrigues est avant tout un outil de promotion touristique.
La décision du ministère des Finances de réduire les subsides sur le billet d’avion Maurice – Réunion, décision qui est entrée en vigueur au mois de septembre, aura-t-elle un impact sur le tourisme ?
Il est logique que toute décision vers la baisse des dépenses des visiteurs/traileurs nationaux aura une incidence sur la participation surtout quand il s’agit du billet d’avion. C’est vraiment dommage car cette décision aura un impact négatif sur le Trail de Rodrigues et surtout sur l’économie rodriguaise. L’Association du Tourisme Réuni, dont je suis le président, a fait une représentation ferme auprès du ministère des finances pour qu’il y ait une consultation avec tous les acteurs concernés avant l’entrée en vigueur de cette mesure prévue pour le 1er septembre 2017. Le ministère des finances est resté muet depuis !
Au-delà du Trail de Rodrigues et du tourisme sportif, le nombre de touristes mauriciens est passé de 22 229 en 2008 à 50 226 en 2016. Cette progression risque-t-elle d’être freinée par cette majoration de Rs 250 en basse saison et de Rs 750 en haute saison ?
Certainement, c’est une simple logique mathématique car le marché touristique Rodriguais est composé à plus de 68% des résidents de Maurice. Il ne faut donc pas être apprenti sorcier pour deviner les résultats néfastes. Le ministère des finances en est conscient car il a proposé de mettre en place des facilités pour faire le suivi de l’impact de cette mesure et aussi l’assistance technique et financière pour la promotion de la destination.
Cette majoration a-t-elle eu un impact sur le nombre d’inscrits ? Vos prévisions sont-elles respectées cette année ?
Je pense qu’elle aura une incidence majeure sur le nombre d’inscrits de Maurice. Cependant, j’espère avoir tort.
Etes-vous confiants d’accueillir 1 200 participants cette année dont 400 trailers étrangers ?
C’est notre objectif et nous ferons de notre mieux pour l’atteindre. Cependant avec les forces en présence, il faut lutter de toutes ses forces. Nous sommes déterminés et c’est l’essentiel. Nous faisons un appel à la générosité de tous pour qu’ensemble nous puissions réaliser ce rêve de l’Eden du Trail en toute sérénité. Bref, je suis hyper confiant d’atteindre notre objectif de 1 200 participants, incluant 400 étrangers, malgré les difficultés.
Un lien de sang avec le sport
<p>Aurèle André, 58 ans, a roulé sa bosse, comme il se plaît à le dire. Après ses études universitaires, entre 1983 et 2003, il exerce déférentes professions à Rodrigues, Madagascar et Maurice. Il rentre au bercail comme directeur de projet lors de la mise en place de la François Leguat Giant Tortoise & Cave Reserve en 2004. Il en est le directeur depuis son inauguration en 2007.</p>
<p>La cheville ouvrière de l’organisation du Trail de Rodrigues a <em>«un lien de sang avec le sport». </em>Il fait partie d’une fratrie de sept enfants, composée de deux soeurs et de cinq frères. <em>«Mon père nous a toujours encouragés à nous dépasser physiquement. Je me souviens, petits, il nous emmenait à pied de Citronnelle voir les grands matchs de foot au stade de Port Mathurin.»</em></p>
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<figure class="image" style="display:inline-block"><img alt="" height="330" src="/sites/lexpress/files/images/andre.jpg" width="620" />
<figcaption>Aurèle André, responsable de l’organisation du Trail de Rodrigues.</figcaption>
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<p>C’est ainsi que l’amour du sport naît en Aurèle André. Il sera footballeur très jeune et membre de la sélection de Rodrigues dans la deuxième moitié des années 1970. Puis, sous l’influence du recteur du Rodrigues College, où il est élève, le Révérend Père Donald Westwood Smith, le fondateur du judo à Rodrigues, il s’initie à cet art martial.</p>
<p>Il brillera au niveau national et aux Jeux des îles de l’océan Indien en 1985 où il décroche une médaille de bronze. Il participe aux Jeux d’Afrique de 1987 avec son frère, le benjamin de la famille, Eddy André. <em>«Mes frères et soeurs ont suivi l’exemple : Daniel André a été le premier Rodriguais à participer deux fois aux Jeux olympiques, comme athlète à Los Angeles en 1984 et comme entraîneur à Beijing en 2008. Chantale, Eddy et Sténio ont tous été champions de Maurice en judo et ont participé aux Jeux des îles de l’océan Indien en 1990 à Madagascar.»</em></p>
<p>Aurèle André est marié et père de deux fils, Xavier, 32 ans et Luke 28 ans, qui vivent et travaillent en Angleterre.</p>
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