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Questions à… Yannick Lincoln

«Je mettrais un terme à ma carrière quand je jugerais que c’est le moment»

21 avril 2018, 11:00

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«Je mettrais un terme à ma carrière quand je jugerais que c’est le moment»

Yannick Lincoln reprend déjà du service. Victime d’une fracture de la clavicule à l’issue d’une chute lors de la première étape du Tour of Good Hope en Afrique du Sud, le 5 mars 2018, il sera en lice aux championnats d’Afrique de VTT dimanche 22 avril au Caire en Egypte. Son mental solide l’a encore aidé à se relever d’une dure épreuve après sa terrible fracture du col du fémur à la veille de sa course des Jeux Olympiques de Rio en aout 2016. Même si sa victoire lors de la Rentacolor & Terra MTB Challenge Cup, dimanche 15 avril, ne l’a pas vraiment rassuré, il fera de son mieux tout en partageant son expérience aux deux autres sélectionnés que sont Ryan Lenferna (U23) et Niels Hartmann (junior).

Vous êtes revenu très vite à la compétition après votre fracture de la clavicule début mars 2018. Comment expliquez-vous que votre guérison ait été aussi rapide ?

Une fracture de la clavicule impose un arrêt d’une durée qui n’est pas précisée. C’est une blessure très fréquente chez les cyclistes et certains qui en ont été victimes m’ont dit que dès l’effet de l’anesthésie parti, ils se sont remis à s’entrainer sur le home trainer. Le médecin m’avait dit que si on me plaçait une plaque et des vis, les morceaux recolleraient plus vite et je serais plus vite de retour sur le vélo d’autant que je n’avais pas de traumatisme psychologique. C’est ainsi que dix jours après mon opération, j’étais sur les rouleaux. Trois semaines après, je voyais que je progressais vite. J’ai aussi fait du renforcement musculaire en salle et j’étais agréablement surpris de voir que mon épaule droite tenait tous les mouvements. J’avais aussi une douleur à la hanche droite qui a guéri très vite. Physiquement, je vais bien mais moralement, je suis toujours meurtri en raison du fait de ne pas avoir pu participer aux Jeux du Commonwealth en Australie. Des Jeux que je préparais depuis un an et demi…

En moins de deux ans, vous avez été victime de deux chutes avec pour conséquences des blessures graves (ndlr : une fracture du col du fémur à la veille de la course de VTT des Jeux Olympiques de Rio en aout 2016 l’avait contraint au forfait). D’autres à votre place auraient abandonné la pratique du vélo. Mais qu’est-ce qui vous motive autant à poursuivre votre carrière ?

Je n’avais pas prévu d’arrêter ma carrière suite à un événement extérieur ou une blessure malheureuse. Je me suis toujours dit que j’allais être maitre de ma décision et que je mettrais un terme à ma carrière quand je jugerais que c’est le moment. Je ne veux pas avoir de regrets et j’ai encore envie de m’amuser. J’ai encore à donner.

Vous mettez le cap sur l’Egypte pour prendre part aux Championnats d’Afrique de VTT (ndlr : ce samedi). Vous n’avez aucune appréhension ?

Je vais à ces championnats avec beaucoup d’appréhensions. Dimanche (ndlr : 15 avril 2018, pour le compte de la Rentacolor & Terra MTB Challenge Cup qu’il a remportée) était un test pour moi autant physiquement que psychologiquement. Mais j’ai été déçu dans les deux cas. Physiquement, je pensais que j’allais être plus fort que cela et j’étais très crispé. J’étais loin de rouler en toute confiance. Je loupais tous les virages à droite. Donc, je ne suis pas rassuré à 100%.

Quel objectif vous êtes-vous fixé pour cette compétition ?

Il est difficile pour moi de me fixer un objectif. J’ai un ami qui participe au camp d’entrainement organisé en amont des championnats et qui m’a confié que le circuit est plutôt facile et pas très technique. Donc, quand Jean-Philippe Henry (ndlr : président de la commission VTT) m’a demandé dans quelle forme j’étais, je lui ai répondu que je me sentais bien. Mais je dois aussi faire ressortir une chose. Le souci est qu’il n’y a pas de plan pour l’équipe nationale de VTT. C’est dommage. Nous avons des vététistes qui peuvent atteindre le haut niveau mais il n’y a pas de projets pour eux pour les préparer adéquatement en vue d’un événement. Rien n’est défini quant aux participations à de grandes compétitions comme le Cape Pioneer, les Championnats du Monde entre autres. Je suis un peu perdu à ce niveau.

Vous porterez aussi la casquette de chef de délégation. Comment voyez-vous votre rôle en tant que tel ?

Pour moi, c’est un rôle presque naturel. J’ai été leader au sein de la sélection nationale et capitaine de route depuis longtemps. J’ai déjà assisté à des réunions de responsables d’équipes. Je connais bien les deux coureurs qui font le déplacement. J’ai entrainé Ryan (Lenferna) jusqu’à son départ pour l’Afrique du Sud fin 2015 alors que j’entraine Niels (Hartmann) depuis deux ans. Ce n’est pas le rôle le plus effrayant pour moi. Je vais surtout leur partager mon expérience autant que je peux. On mettra en place les tactiques de course aussi.

Yannick Lincoln avant le départ de la course de cross-country des Championnats d’Afrique de 2017 à Bel Ombre en 2017.

Ryan Lenferna et Niels Hartmann seront aussi en action. Comment évaluez-vous leurs chances ?

Je ne sais pas trop à quel plateau nous aurons droit vu que c’est la première fois que les championnats ont lieu au Maghreb. Le Maroc a montré le bout du nez aux championnats de 2017 à Maurice et ses vététistes ont surement du encore progresser. La discipline a aussi été lancée en Algérie. Chez les juniors, l’Afrique du Sud possède des coureurs faisant partie des meilleurs mondiaux. Je pense que Niels (Hartmann) n’a pas encore sa place dans le top 5. Mais il est vaillant. Il est junior première année donc ce sera une bonne expérience pour lui en vue de l’année prochaine. Ryan (Lenferna) est entièrement dédié au VTT. Il s’est donné beaucoup de mal pour progresser sur le cross-country olympique (XCO). Je pense qu’il a progressé physiquement. Il a fait quelques résultats encourageants dans les SA Cups (ndlr : coupes nationales en Afrique du Sud). Je pense qu’il représente la meilleure chance de médaille mauricienne.

Après ces championnats, quels sont les autres objectifs que vous vous êtes fixés ?

Je me suis posé la question : après les Jeux du Commonwealth, quel objectif est-ce que j’allais me fixer ? Je me nourris toujours d’objectifs un peu plus ambitieux à chaque fois. Quand je suis revenu de ma blessure aux Jeux Olympiques de Rio, je me suis fixé comme objectif les Jeux du Commonwealth. Après ma 15e place aux Jeux de Glasgow en 2014, je m’étais lancé comme défi de terminer dans le top 10 à Gold Coast. Mais je suis bénéficiaire d’une bourse olympique pour les Jeux de Tokyo en 2020. Je serais donc aidé financièrement. Il s’agira de trouver des échéances intéressantes jusque-là. Parce que sur la route, à part d’apporter mon aide aux jeunes sur le Tour de la Réunion, le Tour de Maurice et autres, je n’ai pas d’ambitions de résultats.

Le programme des 10es Championnats d’Afrique de VTT

Lieu : Wadi Degla Protectorate, Le Caire, Egypte

Dimanche : (heures mauriciennes)

10h30 : Départ course juniors hommes

10h35 : Départ course juniors dames

12h30 : Départ course élites hommes

12h35 : Départ course U23 hommes

 

 

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