Il y a le regard du journaliste, celui du spectateur, celui de l’entraîneur, celui de l’administrateur ou encore celui du politique. Tous ont quelque chose à dire sur l’exploit sportif. Mais tous ces regards mis ensemble ne remplaceront pas le regard de l’athlète, celui de l’acteur principal de l’événement. «Si mes Jeux des îles... étaient contés» invite les sportifs mauriciens à parler de ce moment qui fut leur moment et qui restera à jamais gravé dans leur mémoire malgré le passage des ans et le renouvellement du rendez-vous des îles de l’océan Indien. Les sportifs aussi savent se raconter.

«Les JIOI de 1985 ont été un tournant dans ma carrière. Alors que j’avais terminé mes tout derniers Jeux intercollèges en tant que champion du 800m et du 1500m, j’obtenais, dans la foulée, ma toute première sélection en équipe nationale. J’avais été choisi pour courir le 1500m aux côtés de mon idole Maxwell Carver !

Les deux athlètes malgaches étaient annoncés comme intouchables, d’autant plus qu’ils venaient de réaliser le doublé au 800m ! Comme les deux athlètes malgaches ainsi que Maxwell m’étaient largement supérieurs, je ne me faisais pas d’illusion quant à mes chances de podium. Je voulais juste savourer l’honneur de représenter Maurice aux côtés de mon idole Maxwell dans un stade de Réduit flambant neuf et plein à craquer !

Si les Malgaches faisaient figure d’épouvantail, c’était mal connaître la hargne de Maxwell qui était resté collé au duo de la Grande île depuis le départ. A 200 mètres de l’arrivée, Maxwell était toujours là. Je suivais en quatrième position. La dernière ligne droite donna lieu à une empoignade époustouflante avec au bout la victoire de Maxwell dans la toute dernière foulée*. Tout le stade était en extase. Je terminais quatrième, content d’avoir battu les Seychellois et les Réunionnais.

Je me souviens toujours des commentateurs de la MBC qui me présentaient comme «un jeune qui promet». Alors que je venais de représenter Maurice pour la toute première fois, paradoxalement, c’était la toute dernière course de Maxwell Carver qui tira sa révérence en apothéose. Les commentateurs de la MBC avaient vu juste car je repris le flambeau juste après pour m’imposer comme champion de Maurice du demi-fond de 1986 à 1988. Une progression qui me permit en 1988 de faire partie du tout premier groupe d’athlètes mauriciens à se rendre aux USA en bourse sports-études, en même temps que Sandra Govinden, Christine Duvergé, Judex Lefou et Christian Boda !»

<p style="text-align: justify;">1. Maxwell Carver (MRI) 4&rsquo;01&rsquo;&rsquo;25 ; 2. Tisbite Rakotoarisoa (MAD) 4&rsquo;01&rsquo;&rsquo;42 ; 3. M. Razampiandra (MAD) 4&rsquo;03&rsquo;&rsquo;93 ; 4. Ricky Wai Choon (MRI) 4&rsquo;05&rsquo;&rsquo;4</p>