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JIOI 2019 - Melissa Vincent: «Les djembés résonnent encore dans ma mémoire, les bruits, les hurlements, les cris»
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JIOI 2019 - Melissa Vincent: «Les djembés résonnent encore dans ma mémoire, les bruits, les hurlements, les cris»

Il y a le regard du journaliste, celui du spectateur, celui de l’entraîneur, celui de l’administrateur ou encore celui du politique. Tous ont quelque chose à dire sur l’exploit sportif. Mais tous ces regards mis ensemble ne remplaceront pas le regard de l’athlète, celui de l’acteur principal de l’événement. «Si mes Jeux des îles… étaient contés» invite les sportifs mauriciens à parler de ce moment qui fut leur moment et qui restera à jamais gravé dans leur mémoire malgré le passage des ans et le renouvellement du rendez-vous des îles de l’océan Indien. Les sportifs aussi savent se raconter.

«Les Jeux de 2003 ont été assez incroyables. Il y avait un ressenti patriotique assez fort chez les Mauriciens. Quand j’ai disputé le 50 m papillon, je sortais la tête hors de l’eau plusieurs fois, les oreilles aussi, et j’entendais les bruits et les sons en provenance du stade. Les djembés résonnent encore dans ma mémoire, les bruits, les hurlements, les cris.
Quand j’ai touché le but, j’ai levé la tête et regardé vers le haut : j’ai vu mon couloir, le numéro 3, affiché en premier. Il m’a fallu un moment pour réaliser. Je me suis retournée, j’ai vu Prisca Rose. Elle m’a crié alors : « Melissa ! » J’ai réalisé alors que j’avais gagné.
Je suis sortie de l’eau. J’étais plongée dans une telle euphorie que les images se mélangent. Entre ma sortie de l’eau et le bord de la piscine où je me suis mise débout, j’étais envahie par toute sorte d’émotions. Sultan Beeharry était au bord de la piscine et m’attendait avec le drapeau mauricien. Tous les gradins étaient en fête ! C’était le premier jour de compétition. L’ambiance était incroyable ! Je me souviens avoir été portée sur des épaules. On m’a fait faire un tour de la piscine.
Il y a eu beaucoup d’émotions encore durant les autres courses, le relais, la remise des médailles. Michael Glover est venu personnellement me remettre ma médaille d’or. C’est lui m’avait convaincue de nager pour Maurice. Il était un peu mon parrain à ces Jeux. Il s’était occupé de moi durant la transition. Je vivais chez ma grand-mère car j’étais en dernière année du cycle secondaire. Je faisais le va-et-vient pour les examens entre les Seychelles, où vivaient mes parents, et Maurice. Je suivais les cours au collège Lorette de Quatre-Bornes. Mais j’ai pris part aux examens de A Levels aux Seychelles.

Quand Michael Glover est venue me voir pour me remettre ma médaille, j’étais parcourue par un flot d’émotions. J’avais les larmes aux yeux. En rentrant au Village des Jeux, tout le monde m’arrêtait pour me féliciter. Toute l’équipe mauricienne nous félicitait.
Je me souviens de Colin Mayer qui était venu me voir aussi pour me féliciter. Je crois que lui aussi avait remporté une médaille ce jour-là. Je l’avais félicité à mon tour.
Il fallait ensuite se reconcentrer sur la suite de la compétition. Il fallait se remettre dans le bain et continuer à nager. J’ai réalisé de bons temps, j’étais très près des Réunionnaises qui étaient quand même meilleures sur les autres courses. J’ai terminé la compétition avec une médaille d’or et sept d’argent. Nous avions une belle équipe de natation, une équipe soudée.
Après notre compétition, nous sommes allés soutenir les sportifs mauriciens engagés dans les autres disciplines. A chaque fois que je repense à ma sortie de la piscine, j’ai les larmes aux yeux. Les Mauriciens étaient fiers de leur pays. Pendant la cérémonie de clôture aussi, les gens nous arrêtaient en chemin, demandaient des autographes. La fierté des Mauriciens était visible sur leur visage. C’était le moment le plus incroyable : ce peuple fier de ses sportifs.
J’avais travaillé dur tout l’année, fait beaucoup de sacrifices, pour trente secondes de ma vie, dans une course. Ensuite, voir tous ces gens derrière, qui communient avec moi dans cet effort. Ils ont rendu cet effort méritoire.
J’ai fait aussi les Jeux de 2007 à Madagascar. C’était différent. Ils se déroulaient dans un pays étranger. Les conditions non plus n’étaient pas les mêmes. Il y a eu un moment, pendant le 50 m papillon, où le chronométrage électronique a arrêté de fonctionner. Nous étions trois nageuses à terminer dans le même temps. Lors de la remise des médailles toutefois, l’or a été attribué à la Malgache. J’ai reçu la médaille d’argent et le bronze est revenu à la Réunionnaise. C’était un moment triste. Je ne sais pas pourquoi les juges n’ont pas opté pour trois premières places ex aequo.
Je ressentais une grande déception. J’avais vécu des moments forts mais la déception s’invitait au programme, les larmes aussi, et pas pour les mêmes raisons qu’en 2003. A nouveau, il m’a fallu me redonner à fond lors de la course suivante, ne pas me laisser abattre. C’est une valeur que tout sportif doit posséder : être capable de se relever.
Ce sont deux moments très forts, diamétralement opposés, qui m’ont appris à me concentrer sur mon objectif, à poursuivre ma mission, peu importe les résultats.
Nous allons revivre cette ambiance en juillet avec Bradley, en famille. Nous serons là pour le soutenir. Il a débuté la natation tard, il a connu des hauts et des bas. Mais il a maintenu le cap. Il se relève aussi à chaque fois. Il a cette force mentale et cette envie de bien faire les choses. Je suis fière de cela, je suis fière de mon frère.
Je suis enthousiaste à l’idée de revivre les Jeux. J’ai des papillons dans l’estomac. Ce sera un moment très intense émotionnellement. Ce seront les derniers Jeux de Bradley. Il aura fait deux Jeux des îles aussi. Ce n’est pas tous les jours que trois membres d’une même famille prennent part aux JIOI, ma mère Diane (Régnard), moi, et puis mon frère. Bradley a mieux réussi que moi, j’en suis bien fière. Il travaille dur et mérite ce succès.»
Palmarès
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<figure class="image" style="display:inline-block"><img alt="" height="330" src="/sites/lexpress/files/images/article/1233931-un-supermarche-ouvert-le-dimanche-matin-a-riaille-le-28-janvier-2015.jpg" width="620" />
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<p style="text-align: justify;">Ancienne détentrice de 5 records nationaux (50 m pap, 100 m pap, 50 m NL, 100 m NL et 200 m NL)<br />
JIOI de 2003 :<br />
Médaille d’or au 50 m papillon. Sept médailles d’argent<br />
JIOI de 2007 :<br />
Participation aux championnats du monde, aux Jeux du Commonwealth, aux championnats d’Afrique</p>
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