Publicité

JIOI 2019 - Dan Mootien: «Nous vivions tous à l’heure des Jeux avec une effervescence et une émotion palpables» 

19 juillet 2019, 06:52

Par

Partager cet article

Facebook X WhatsApp

JIOI 2019 - Dan Mootien: «Nous vivions tous à l’heure des Jeux avec une effervescence et une émotion palpables» 

Si je devais conter mon moment le plus fort aux Jeux des îles, je m’appesantirais sur les Jeux de 1985 à Maurice. Ces Jeux qui se déroulaient «à la maison» ont été très spéciaux et intenses. Je suis issue d’une famille nombreuse – une fratrie de neuf enfants -, qui comptait quatre de ses membres dans l’équipe de Maurice. Mon frère Berty et moi étions présents en volley-ball et mes deux sœurs, Linda et Lysebie, en basket-ball. Nous vivions tous à l’heure des Jeux avec une effervescence et une émotion palpables. Nous avons tous assisté à la cérémonie d’ouverture au stade Georges V. «We are the World» a été repris par tous avec ferveur et là, j’ai senti cette appartenance à notre mère patrie. Tous les athlètes avaient un même objectif : faire honneur à notre île. Qu’est-ce que c’était beau!

Mes parents devaient choisir les rencontres auxquelles ils voulaient assister car les joutes se déroulaient les après-midis à Curepipe (au Dodo) et à Vacoas (au gymnase). Concernant l’équipe, malgré le minimum de confort au Village des Jeux à l’école Notre Dame de Lourdes à Rose-Hill – nous étions vingt filles dans une salle de classe avec des douches improvisées dehors - nous étions très soudées et avions le moral haut. Match après match, notre force de frappe est allée crescendo et nous avons joué la finale contre Madagascar. Le gymnase du Dodo était plein à craquer. Nous avons livré un très bon match même si nous avons perdu car les Malgaches, en ce temps-là, nous étaient supérieures. Par contre, les garçons de Maurice ont gagné et c’était la liesse dans le public.

Les repas étaient servis au collège Saint Andrew. C’était le lieu de rencontre de toutes les délégations. C’était très sympa de partager nos différentes cultures. Après le dîner, place à la détente ! Les Malgaches chantaient, avec des tonalités différentes, ils étaient des maîtres en improvisation, un vrai régal pour les oreilles. Bien sûr, le séga et le maloya n’étaient pas en reste. Bref, nous avons passé un super moment.

En 1979, lors des premiers Jeux à La Réunion, j’avais 19 ans et c’était ma première grande compétition. Je n’ai pas réalisé la portée de cette participation et mon rôle d’ambassadrice de Maurice. Nous avons disputé la finale contre La Réunion qui a obtenu la victoire. Nous nous sommes contenté de la médaille d’argent.

En 1990, à Madagascar, l’équipe était mieux préparée pour affronter nos adversaires, une équipe de guerrières. Nous avons gagné tous nos matchs et nous sommes arrivées en finale contre Madagascar qui avait ce grand gymnase acquis à sa cause. Le public mauricien était noyé au milieu de cette foule de Malgaches qui criaient dans les haut-parleurs. Sur le terrain, il fallait hurler. C’était très difficile de communiquer. Fayzal, notre entraîneur, était obligé de hurler pour donner des consignes, même durant les temps morts. Le match en lui-même a tenu toutes ses promesses. Madagascar l’emportera, 3-2. 

Après le coup de sifflet final, c’était le trou noir. Nous étions encerclées par les militaires malgaches, venus pour nous protéger, car une foule incroyable envahissait tout le terrain. C’était impressionnant ! Il nous a fallu du temps pour réaliser que nous avions perdu. Nous étions tenaillées par un petit regret : celui de n’avoir pu obtenir cette médaille d’or si convoitée. Nous assistions, impuissantes, à cette spectaculaire scène de liesse du public malgache, à l’unisson avec son équipe. Sportivement, nous avons accepté la défaite et nous sommes contenté de la médaille d’argent. 

Aujourd’hui, 40 ans après, je vais assister aux Jeux avec un autre œil. Ils sont annoncés comme des Jeux des îles 5-étoiles. Le gouvernement a beaucoup investi et je souhaite le meilleur pour Maurice.

Chez moi, à la maison, mon mari, mes enfants et ma famille sont très sensibles à la chose sportive. C’est avec impatience que nous attendons le coup d’envoi des Jeux. J’espère assister aux différentes rencontres de volley, basket, football, badminton et tennis de table. Allez Maurice ! Ti lé lé lé ! Alé ! Alé !

Palmarès

1980-1991 : Plusieurs fois championne de Maurice au niveau club avec les Jaimies. (Durant ces années, Jaimies et Idéfix se partageaient les honneurs).
1984 : 5e  place pour Jaimies à la Coupe d’Afrique des Clubs Champions en Algérie.
1987 : 3e place aux Jeux d’Afrique, à Nairobi, au Kenya.
1989 : 2e place à la Coupe d’Afrique des Nations derrière l’Egypte.

Jeux des Iles

1979 : Médaille d’argent
1985 : Médaille d’argent
1992 : Médaille d’argent

Publicité