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Covid-19: Maurice est-elle préparée à faire face à la pandémie ?

16 mars 2020, 17:32

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Covid-19: Maurice est-elle préparée à faire face à la pandémie ?

Des rayons de supermarchés qui sont pris d’assaut. La peur, les craintes, les questions, les interrogations fusent. Le coronavirus est sur toutes les lèvres en ce moment. Et, alors que des cas ont été découverts à l’île sœur, à Maurice, sommes nous prêts à faire face à l’arrivée du Covid-19.

Peur, panique et psychose sont palpables, depuis quelques jours chez nous. Ce, alors que des cas de coronavirus – neuf dans la matinée de ce lundi 16 mars pour être plus précis – ont été détectés à La Réunion. Question dès lors: Maurice est-elle préparée à accueillir son premier cas ? Le directeur de la Clinique du Nord, le Dr Mukesh Sooknundun, explique pour sa part qu’il est déjà «on alert». Le ministère a déjà établi un protocole, qu’il compte respecter à la lettre. «Face à la psychose dans le pays, nous restons vigilants et quand des cas de fièvre se présentent à nous, nous nous penchons au préalable sur l’historique du patient. Pour savoir, par exemple, où il a voyagé récemment, entre autres.»

Le hic, c’est que selon lui, les cliniques du pays ne sont pas en mesure de diagnostiquer le Covid-19. «Nous ne sommes pas formés, nous n’avons pas les équipements pour pouvoir prendre en charge un patient. Ni même pour certifier qu’il est positif au Covid-19.» En fait, il faut des examens poussés. «Avec une expérience clinique, nous pouvons différencier les symptômes entre le coronavirus et d’autres maladies mais nous devrons nous baser sur de fortes suspicions. Le patient devra être référé à l’hôpital pour effectuer des tests précis. Qu’on le veuille ou non, l’État est le seul à disposer de tout le personnel et des équipements adéquats dans ce cas…»

Le Dr Mukesh Sooknundun indique qu’il y a quelque temps, des ‘diagnostic kits’ pour détecter le Covid-19, ont fait leur entrée sur le marché. «Ils coûtent Rs 800… On essaye de nous vendre des tests qui peuvent supposément détecter le coronavirus. Je demande au public en général de ne pas entrer dans ce jeu. Ceci n’est nullement fiable. Il faut se plier aux exigences de l’Organisation mondiale de la santé (OMS).»

Il tient aussi à préciser que la psychose fait flamber les prix des masques et des hand sanitizers. «Fort heureusement, à la clinique, nous avons déjà notre stock. Plusieurs revendeurs abusent de la situation. Certains vendent des masques à Rs 500 l’unité.» Il est d’avis qu’il ne faut pas céder à la panique mais plutôt se concentrer sur les efforts à faire afin de minimiser les risques afin d’éviter que le coronavirus ne débarque chez nous.

«Il faut mettre un frein à cette frayeur généralisée. Il fallait avoir plus peur il y trois mois de cela, quand il y a eu l’apparition de cette maladie et que tous les vols vers les pays touchés fonctionnaient normalement. Pas maintenant, le gouvernement a déjà fermé les frontières aux pays à risque.»

Qui plus est, il faut continuer sur cette lancée. «Si le gouvernement, dès l’arrivée des passagers, applique le protocole et confine ceux qui sont peut-être porteurs du virus, il n’y a pas lieu de paniquer ou d’envisager le pire…»

Du côté du ministère de la Santé, un officiel soutient que quelque 10 000 masques supplémentaires sont attendus au pays prochainement. Maurice est parée à toute éventualité au cas où une personne serait testée positive à ce virus, assure-t-on. Car depuis janvier, le personnel soignant et non-soignant – suit une formation dispensée par l’OMS. «De plus, par apport à l’Operational Plan du ministère de la Santé, il y a une formation continue pour la prise en charge d’un malade éventuel…» Ceux qui attrapent le Covid-19 – il n’y a aucun cas avéré à Maurice rappelons-le, pour l’instant – seront admis exclusivement à l’hôpital de Souillac dans un premier temps. Et puis, suivant l’évolution et l’ampleur, d’autres hôpitaux seront aménagés, dépendant des circonstances. «Le protocole détaille les étapes à suivre s’il y a un cas avéré. Il y a d’abord la prise en charge du malade, on retracera ensuite les personnes qui ont été en contact avec le patient, puis il y a le confinement, l’isolation et le traitement, pour limiter les risques de contagion.» L’ «operation plan» mis en place par le ministère est applicable à tout moment dans tous les cas de figure et reste inchangé pour l’heure. «Nous avons pris toutes les dispositions nécessaires en cas de contamination à Maurice», martèlet-on du côté du ministère.

En chiffres

i) Selon le dernier rapport de la Santé disponible sur le site du bureau national des statistiques, et qui date de 2018, le ministère de la Santé emploie 1 525 médecins dont 341 spécialistes alors que 1 685 médecins pratiquent à titre privé. ii) Toujours à fin 2018, les hôpitaux disposaient de 3 691 lits (en sus de 173 lits à Rodrigues) contre une capacité de 724 lits dans les cliniques.

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