Publicité
Coronavirus - MFA: Quand Maurice montre l’exemple
Par
Partager cet article
Coronavirus - MFA: Quand Maurice montre l’exemple

Il arrive qu’on fasse le mauvais choix alors qu’on est animé de meilleures intentions. Il arrive aussi qu’on prenne la bonne décision pour des raisons qui ne sont pas forcément avouables.
Aussi, lorsque la MFA trancha dans le vif et décréta que la saison 2019-20 serait purement et simplement annulée, et qu’hormis Pamplemousses, qui avait déjà le titre en poche, il n’y aurait ni vainqueurs ni vaincus, ni promus ni relégués en cette année de confinement, sa décision provoqua des réactions pour le moins contrastées dans l’île, si j’en crois ce que Benoît Thomas écrivait au fil des jours et dont on n’a pas forcément conscience au-delà des frontières de Maurice. Et là, dans ce décalage de perception, se trouve peut-être un noyau de vérité.
La Pro League belge n’ayant pas encore ratifié sa décision initiale d’annuler sa saison de championnat (ce sera le 24 avril au plus tôt, si tant est que les Belges ne changent pas d’avis sous la pression de l’UEFA), Maurice est donc le seul pays au monde dont la saison de football en cours ait été rayée des tablettes à ce jour, à tous ses niveaux, amateur, semi-pro et pro. Ce qui est tout de même extraordinaire, et appelle bien à se poser des questions qui ne concernent pas toutes le football mauricien, d’ailleurs. La première qui me soit venue à l’esprit en entendant la nouvelle lui était étrangère, d’ailleurs. «Comment se fait-il qu’on ne prenne pas exemple sur Maurice ?», me suis-je demandé.
Vu de l’extérieur, en effet, de plus loin, mais aussi de plus haut, il est certain que l’on perd de vue bien des détails cruciaux au niveau local. Tel club échappe à la relégation qui lui était promise. Tel autre, qui avait investi temps, argent et talent et allait en être récompensé par un titre ou promotion, se retrouve lésé de son dû. Cette application du principe de vases communicants peut laisser un goût amer dans la bouche, faire soupçonner de petits arrangements douteux entre amis. A qui cela profite... mais, attention, il ne s’agit pas d’un crime, quelque rancoeur qu’on puisse concevoir.
Comparez la situation à Maurice aujourd’hui avec ce qu’elle est ailleurs, par exemple dans les grands pays de football de l’Europe, qui nous offrent tous un spectacle qui n’a vraiment rien d’édifiant.
En France, quatre présidents de clubs, ceux du PSG et de l’OM en tête, évidemment, court-circuitent leur propre Ligue pour négocier avec le diffuseur numéro 1 de leur championnat, histoire de ne pas perdre un sou - et cela, alors que le conflit d’intérêts de Nasser al-Khelaifi, représentant d’un diffuseur associé à Canal + autant que boss du PSG devrait le voir rester dans l’antichambre.
En Italie et en Espagne, il ne se passe pas une semaine sans qu’un dirigeant de club ou d’instance ne suggère une nouvelle date pour la reprise des contraînements alors que l’on meurt par centaines autour d’eux chaque jour.
En Suède, on continue de faire jouer des matches ‘amicaux’ entre équipes amateurs qui sont du pain bénit pour les entreprises de paris en ligne chinoises - et les criminels qui se servent d’elles pour blanchir leur argent sale. Imaginezvous que chacun de ces matches attire de 5 à 10 millions d’euros de paris... vous avez bien lu.
En Angleterre... en Angleterre, on ne sait même plus où commencer, entre José Mourinho qui bafoue les règles les plus élémentaires du confinement pour faire s’entraîner ses joueurs, dont, ce qui est quand même passablement ironique, Tanguy Ndombélé, et une Premier League dont on attend toujours qu’elle se décide d’une manière ou d’une autre pour ce qui est de la poursuite de sa saison. Il reste neuf matches à jouer. Les joueurs sont en congés forcés et devront passer par une autre pré-saison - trois, quatre semaines minimum - avant de reprendre la compétition... et quel genre de compétition, maintenant que le Royaume-Uni a dépassé l’Espagne, l’Italie et la France pour ce qui est du nombre quotidien de décès ?
Et comment justifier - autrement que par l’appât du gain - le fait que la PL et la Football League songent toujours poursuivre leurs saisons, alors que la EFL a estimé qu’il lui faudrait 56 jours au moins pour les achever ‘normalement’, et que la FA a déjà mis un terme à la saison pour toutes les divisions du football amateur et semi-professionnel anglais en dessous de la National League ? Deux poids, deux mesures... et quel genre de mesures? Si on annule la saison amateur en cours pour des raisons de santé et de sécurité, est-ce qu’organiser des rencontres entre professionnels ne présente pas un danger encore plus conséquent ?
On parle de jouer à huis clos. Mais si on le faisait, ne serait-ce pas comme jouer dans un cimetière dans lequel on ne cesse de creuser de nouvelles tombes?
Aussi comprendrez-vous que l’on puisse considérer d’un autre oeil la décision de la MFA, quelles que soient les réserves compréhensibles que certains acteurs du football mauricien puissent avoir vis-à-vis d’elle. Elle a le mérite de la clarté. Elle tranche une situation pour laquelle on ne voit pas de porte de sortie, juste une salle d’attente... et attente de quoi ? De la fin du confinement ? L’exemple de plusieurs pays extrême-orientaux montre combien le moindre relâchement peut se payer très cher. La Nouvelle-Zélande, dont la réponse à la pandémie doit avoir valeur de modèle, a décidé de poursuivre sa politique de confinement strict, quand bien même le virus n’aie fait que quatre victimes dans l’archipel océanien.
Oui, la saison 2020-21 ne commencera qu’en novembre à Maurice. On dira qu’il y avait le temps. Mais le temps de quoi ? De tergiverser, pour finalement se résoudre à l’inéluctable ?
Il se peut, et c’est notre voeu le plus cher à tous, que l’étau du COVID-19 se relâche dans les mois à venir, et qu’un semblant de normalité revienne dans nos vies. Alors, et seulement alors, on pourra rêver de notre retour au stade. Quand, nous ne le savons pas. Et voilà pourquoi, quand on considère le choix de la MFA au-delà de ses incidences immédiates sur le sort de certains clubs, on peut espérer que d’autres s’en inspirent, et que Maurice serve d’exemple au reste du monde du football, quand bien même ce choix ait pu être fait pour des ‘mauvaises’ raisons.
Publicité
Publicité
Les plus récents




